Caritatif ou politique, il faut choisir…
Certains réseaux et associations font du tort à la cause humanitaire et risquent fort de démobiliser les Français. Le champ d’action de l’humanitaire s’étend toujours davantage, dans et hors de nos frontières, et ceux qui par chance produisent de la richesse, ont provisoirement assez de santé ou un toit décent sont désignés comme des privilégiés, autant dire des profiteurs : ils sont culpabilisés ! Ce qui n’implique d’ailleurs pas que les censeurs en soient eux-mêmes dépourvus, car ils sont parfois aussi bien dotés, voir mieux. Mais quelques-uns s’érigent en juges et accablent aussi bien les individus que les pouvoirs publics d’un sentiment injuste de culpabilité qui s’abat ainsi sans discernement sur le plus grand nombre. Avec les Occidentaux, ce sont plus spécialement les pays du nord et leurs habitants qui seraient devenus, maintenant et tous autant qu’ils sont, des profiteurs, voire des exploiteurs et, dans le meilleurs des cas, d’infâmes privilégiés. Les bonnes gens n’en avaient pas conscience, mais de bonnes âmes laïques se sont dressées. Désormais, avoir un jour hérité un bien modeste de ses parents, avoir un emploi, un logement et des petites satisfactions seraient autant de sujets de honte, sous le prétexte fallacieux que tout le monde n’est pas également pourvu.
N’est-ce pas pourtant une facilité de culpabiliser son voisin d’être moins malheureux, tout en laissant aux autres, les Français qui n’ont rien demandé la responsabilité de l’investissement personnel et la charge du financement collectif de ces actions? C’est irresponsable et trompeur. De quel droit une collectivité nationale subirait-elle en effet les desiderata personnels de quelques individus? Choisir arbitrairement un segment de population, brandir des banderoles ou ameuter la presse et s’exhiber quels instants devant micros et caméras, dédouanent-ils les censeurs ? Jeter le discrédit sur la masse anonyme des travailleurs rend-il les détracteurs plus blancs ? Qui connaît un pourfendeur du libéralisme qui aurait consacré sa vie au mieux-être des plus démunis sans salir ses congénères ? Les associations caritatives –laïques et religieuses-, qui au fil du temps ont mérité l’estime générale et gagné la reconnaissance de la population, n’ont pas œuvré sur le dos de ceux et celles qu’elles ont secourus, en s’impliquant personnellement sur le long termes et sans se faire valoir. L’association des Paralysés de France ou la Croix-Rouge, les Petites Sœurs -qu’elles soient des Pauvres ou de Saint Vincent- et Médecins sans Frontières ou Emmaüs accablent-ils les personnes et les pouvoirs publics ? Point de coups médiatiques ! Mais la mise en cause des médias ne tient même pas, car elle n’explique pas tout. Elle ignore l’activisme politique et idéologique d’un autre âge qui fait peau neuve mais gangrène tout aussi sûrement l’opinion. Peu importent les plus démunis ! C’est l’opinion qui est visée. A quelle fin ?
Les motivations profondes de quelques poignées d’activistes ici et là sont très discutables. Elles sont d’abord en soi contestables, puisque la compassion des militants n’est pas sincère, dans la mesure où elle n’est ni spontanée, ni inspirée par une quelconque empathie ou la moindre générosité : les activistes ne proposent aucune solution, revendiquent sans rien à donner, ni solution, ni guère de temps. Ils mobilisent mais ne s’investissent pas : l’action constructive appartient aux autres, tous désignés comme des nantis. Ils revendiquent mais ne réalisent rien de positif. Leur compassion n’est qu’un masque grimaçant, tordu par la haine : elle n’est qu’un moyen d’agitation politique.
C’est l’exploitation doublement abjecte, à la fois du malheur des uns et de la commisération authentique des autres. Elle consiste à tirer les ficelles, en se tenant à l’abri, indemne de tout, et à créer au moins –et au mieux– un malaise, mais une déstabilisation dans l’immédiat et avec le temps –mais au pire– une révolution, bien que celle de 1917 n’ait amené que le malheur et bien que les survivants de la révolution chinoise et les rescapés du génocide cambodgien en portent encore les séquelles, et bien que ses avatars cubain et proche orientaux cherchent à s’en libérer. C’est de l’aveuglement, de l’entêtement. A aucun instant leurs objectifs ne sont idéalistes et généreux : ils sont idéologiques et archaïques, mais restent destructeurs et inexcusables.
La compassion est-elle justifiée et respectable lorsqu’elle est utilisée à la déstabilisation d’un pays et de ses ressortissants naturels. Les ‘compatissants’ plaignent la misère des autres mais ne la partagent pas. S’ils supportaient eux-mêmes les conséquences de ce noble sentiment, celui-ci serait sans doute louable. Mais dire et faire sont deux réalités bien distinctes. Que les agités du réseau ESF dépannent ponctuellement et personnellement les clandestins, dans la mesure de leurs moyens, dans le respect de la loi et dans le temps nécessaire à son application serait humainement acceptable. Mais les exploiter à une cause qui leur est étrangère et leur échappe donc est proprement indigne. L’exploitation des êtres humains revêt ici une forme inattendue, sournoise et inadmissible.
Les Français doivent-ils être les dindons de la farce, les cocus de l’histoire que racontent aux petits enfants DAL et RESF ou la nébuleuse des collectifs et comités divers. Les meneurs de ces activistes ont un lourd passé politique. Ils ne se saisissent pas exactement de n’importe quelle cause ; ils ont une préférence pour celles qui sont susceptibles d’émouvoir la ménagère de plus de cinquante ans et l’étudiant idéaliste mais tout aussi innocent. Les personnes âgées en période de canicule ont fait l’objet d’une sollicitude aussi subite qu’étrange : que les activistes n’ont-ils dénoncé son délaissement avant que ce malheur ne s’abatte sur notre quatrième âge. Ont-ils mieux fait que les pouvoirs publics qu’ils ont cloués au pilori ? Ont-ils été meilleurs en faveur des sans-abri ? Que n’ont-ils rendu justice aux associations qui font tout ce qu’elles peuvent pour eux à longueur d’année et depuis si longtemps, hors du champ des caméras !
Il existe des associations et organismes bien moins troubles qui oeuvrent honnêtement dans l’intérêt des précaires, démunis et victimes de la vie. Leurs motivations sont avouables, admises et respectées. Qu’ils soient laïcs ou religieux, peu importe ! Mais il est nécessaire et indispensable qu’ils soient apolitiques.
Les autres sont plus nuisibles qu’utiles.
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