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vendredi 12 février 2016

Le changement selon Hollande, c'est un remaniement avec le retour des mêmes

Un remaniement gouvernemental "incestueux"

C’est une sorte de rappel de la vieille garde pour couler ensemble,
observe le journaliste et essayiste Ivan Rioufol, le 11 février, à propos du remaniement ministériel auquel ont procédé François Hollande et Manuel Valls.
RT, la chaîne de télévision d'information continue a interrogé Ivan Rioufol est journaliste et auteur d'un blog sur le site Internet du Figaro.

RT France : Est-ce que ce remaniement va changer la politique du gouvernement ?
Ivan Rioufol : Non, certainement pas. C’est un micro-événement pour les Français. Tout d’abord, car ce remaniement ne s’adresse pas à eux, il s’adresse simplement à la gauche, donc, les Français ne s’y intéressent pas. Et c’est le remaniement d’un parti gouvernemental qui est à l’agonie, qui est "en soins palliatifs", comme l’a dit Alain Juppé. Et donc, ce sont des mesures qui cherchent à boucher les trous, mais qui sont pleines de contradictions.
Il y a une sorte d’improvisation dans ce gouvernement

RT France : En quoi consistent ces contradictions ?
I.R. : Il y a des contradictions dans la mesure où depuis quelques temps, le gouvernement avait laissé comprendre qu’il s’ouvrait plutôt à une politique de droite, économiquement avec Emmanuel Macron et Manuel Valls qui se dit lui-même libéral, d’une manière plus sociétale, à travers la mise en œuvre de l’état d’urgence ou de ce débat sur la déchéance de la nationalité qui avait été une proposition reprise au Front national. Or, cette ouverture à droite est contredite aujourd’hui par une arrivée massive des écologistes, alors même que Cécile Duflot avait quitté le gouvernement. Donc, on voit très bien cette première incohérence. 
S’y ajoute une deuxième incohérence, de mon point de vue, avec la nomination comme ministre des Affaires étrangères de Jean-Marc Ayrault et celle, concomitante, d’Emmanuelle Cosse. Or, Emmanuelle Cosse est une écologiste qui a combattu le fameux projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, qui est contesté par une grande partie des écologistes et par elle-même, alors qu’il est défendu par Jean-Marc Ayrault. Donc, on a au gouvernement deux personnalités qui ne sont pas d’accord sur ce sujet-là, un sujet qui écorche beaucoup de gens à gauche, et qui n’est toujours pas réglé.

Ces deux contradictions-là me semblent déjà faire comprendre qu’
il y a une sorte d’improvisation dans ce gouvernement
Le guignolo de Matignon
Et ce que l’on voit plus généralement, c’est que personne ne s’est précipité pour participer à ce qui ressemble de plus en plus à un bateau qui coule. Car Jean-Marc Ayrault, dans le fond, ce n’est pas une personnalité aussi brillante qu’on pourrait le penser pour un poste tel que celui de ministre des Affaires étrangères. Ils ont pris ce qui restait, a priori. 
On ne voit pas beaucoup de figures nouvelles, on n’en voit même pas du tout. Et notamment, je suis déçu de ne pas voir que cette ouverture à la société civile qui s’impose maintenant un peu partout en politique, du moins singulièrement aux Etats-Unis, ne soit pas du tout répercutée ici. Il y a bien eu cette petite tentative avec Nicolas Hulot qui a décliné, mais on voit que le gouvernement n’a pas réussi à accrocher d’autres personnalités de la société civile. Donc, voilà, c’est un petit remaniement de l’entre-soi, un petit remaniement un peu incestueux, si je puis dire, et qui n’aura pas d’incidence, qui de toute façon n’intéressera pas les Français qui ont bien autre chose en tête naturellement et qui est simplement un petit jeu politique pour essayer d’assurer à la gauche une des alliances essentielles en vue de la prochaine présidentielle. Des alliances en tout cas avec les écologistes, sachant que Jean-Luc Melenchon lui-même qui est plus à gauche que cela présentera lui-même sa candidature.
S’il y a une seule cohérence ici, c’est une sorte de rappel de la vieille garde pour couler ensemble. Le gouvernement n’a plus beaucoup de personnes compétentes sous la main

RT : Il y avait beaucoup de rumeurs qui circulaient avant le remaniement… Que Manuel Valls allait quitter le poste de Premier ministre. Est-ce toujours possible ?
I.R. : Non, certainement pas. D’abord, ce n’était qu’une rumeur et elle s’est éteinte aujourd’hui-même par la force des choses car, à partir de maintenant, on ne va pas faire de remaniement [changement de gouvernement] pour un oui ou pour un non. Je pense que ce gouvernement-là est fait pour aller jusqu’à l’échéance présidentielle avec ces nouvelles alliances, avec les écologistes. Non, Valls restera bien sûr, Premier ministre, même si on aurait [avait] pu penser que Macron aurait éventuellement pu sortir du gouvernement, à force de s’être désolidarisé de sa politique sur la déchéance de la nationalité. Mais enfin, il est lui aussi très indispensable.

Le gouvernement n’a plus beaucoup de personnes compétentes sous la main. On ne se bouscule pas pour entrer au gouvernement. Donc, ceux qui [r]entrent au gouvernement ne sont pas ceux qui sont sur le haut du panier.

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