La BCE a-t-elle autorisé la France à faire tourner la planche à billets ?
La BCE aurait toléré un système permettant aux banques centrales nationales de faire tourner leurs planches à billets.
Un économiste allemand révèle cette facilité et reproche à la France et à l'Italie d'en auraient abusé.  En Allemagne, la Banque centrale européenne (BCE) a mauvaise presse. Sa politique d'assouplissement quantitatif consistant à inonder le marché de liquidités inquiète les épargnants allemands, qui s'estiment floués par la pression à la baisse sur l'euro. Située à Francfort, la BCE est régulièrement accusée d'être trop indulgente avec les économies les plus endettées de la zone euro, comme la Grèce, l'Italie, ou la France.
Fin 2015, l'institution dirigée par l'italien Mario Draghi a dû faire face à une nouvelle salve de reproches.
Daniel Hoffmann, un universitaire allemand, a accusé cet ancien vice-président (ci-dessus) pour l'Europe de Goldman Sachs de permettre en secret aux banques centrales nationales de faire tourner à volonté leurs planches à billets, dans le cadre d'un dispositif nommé ANFA ("Agreement on Net Financial Assets" ou "Accord sur les actifs financiers nets"). La France et l'Italie en auraient abusé, alors qu'aucune banque centrale n'est autorisée à financer des Etats.
Un trésor de guerre pour la France
Dans le journal Die Welt, Daniel Hoffmann cite des chiffres propres à attiser l'euroscepticisme ambiant: 510 milliards créés entre 2006 et 2012 par les banques centrales nationales, soit autant que le programme de quantitative easing (QE) lancé début 2015 par la BCE! De quoi constituer un trésor de guerre évalué, selon lui, à 600 milliards fin 2014.
Mais dans lequel, surtout, la France se taille la part du lion, avec 170 milliards dans les caisses, tandis que la Bundesbank n'en détient que 14 petits milliards.
L'accord ANFA datant de 2002 est de notoriété publique.
Mais comme ses termes étaient jusqu'alors tenus secrets, les accusations de Daniel Hoffmann ont rencontré un certain écho outre-Rhin. Vendredi soir, la Banque centrale européenne a donc réagi en publiant un document expliquant le fonctionnement de l'ANFA, qui disculperait aussi la France de tout abus en la matière. L'ANFA est théoriquement là pour éviter qu'un pays abuse de son droit à créer de la liquidité, a plaidé la BCE.
Une création de liquidité encadrée
"Cet accord fixe des règles et des limites applicables aux portefeuilles non liés à la mise en oeuvre de la politique monétaire qui sont constitués dans le cadre des missions accomplies au niveau national par les BCN", explique la BCE. Cet accord -établi avant la crise économique- devait fixer pour chaque banque centrale nationale (BCN) les limites à ne pas dépasser en créant des liquidités pour financer certains investissements. Le but étant que ces nouvelles liquidités n'influent pas sur la politique monétaire de la BCE, mais qu'au contraire elles la prennent en compte et la complètent.
Mais le trésor de guerre à la disposition des banques centrales nationales s'élevait à ...490 milliards d'euros fin 2015, a admis la BCE, qui ne peut plus maintenir son opacité.
Sous la pression et par obligation de transparence, elle a également annoncé que chaque banque centrale nationale sera d'ailleurs tenue désormais de déclarer dans son bilan annuel sa part d'"actifs financiers nets". Quant à l'interdiction de financer des Etats, elle semble respectée dans la mesure où les banques centrales n'achètent jamais de titres de dette fraîchement émis sur le marché dit "primaire"...
Toutefois, à chaque banque nationale sa stratégie
Pour la France, le chiffre des actifs financiers nets était de 75,9 milliards fin 2014, selon le rapport annuel de la Banque de France. Soit un sixième du total des actifs financiers nets des 19 états-membres la zone euro. Pour la Bundesbank, c'était 12,4 milliards à la même date. "Hors politique monétaire, chaque banque centrale a son propre pool d'activité", explique François Haas, directeur-adjoint des opérations de la Banque de France. "Ces investissements assurent un revenu qui permet de préserver leur indépendance", poursuit-il. La somme allouée à la France correspondrait simplement à sa part importante au capital de la BCE (14%) à en croire la Banque de France relayée par la presse aux ordres, dont L'Express, mais la part de l'Allemagne et de 18% et elle est justifiée à froncer le sourcil.
Si l'Allemagne, avec ses 18% au capital, n'utilise pas plus cette possibilité, c'est que la Bundesbank a "un périmètre d'activité plus restreint que toutes les autres banques centrales en matière non-monétaire", raconte François Haas, bien que l'Allemagne ne coupe pas dans ce bobard. Il y voit une spécificité historique de la Bundesbank, qui se consacre essentiellement à veiller sur sa devise. Une rigueur qu'elle attend de ses partenaires méditerranéens. En vain. Les assistés se flattent de recourir au système D et Berlin gronde.
Mais dans lequel, surtout, la France se taille la part du lion, avec 170 milliards dans les caisses, tandis que la Bundesbank n'en détient que 14 petits milliards.
L'accord ANFA datant de 2002 est de notoriété publique.
Mais comme ses termes étaient jusqu'alors tenus secrets, les accusations de Daniel Hoffmann ont rencontré un certain écho outre-Rhin. Vendredi soir, la Banque centrale européenne a donc réagi en publiant un document expliquant le fonctionnement de l'ANFA, qui disculperait aussi la France de tout abus en la matière. L'ANFA est théoriquement là pour éviter qu'un pays abuse de son droit à créer de la liquidité, a plaidé la BCE.
Une création de liquidité encadrée
"Cet accord fixe des règles et des limites applicables aux portefeuilles non liés à la mise en oeuvre de la politique monétaire qui sont constitués dans le cadre des missions accomplies au niveau national par les BCN", explique la BCE. Cet accord -établi avant la crise économique- devait fixer pour chaque banque centrale nationale (BCN) les limites à ne pas dépasser en créant des liquidités pour financer certains investissements. Le but étant que ces nouvelles liquidités n'influent pas sur la politique monétaire de la BCE, mais qu'au contraire elles la prennent en compte et la complètent.
Mais le trésor de guerre à la disposition des banques centrales nationales s'élevait à ...490 milliards d'euros fin 2015, a admis la BCE, qui ne peut plus maintenir son opacité.
Sous la pression et par obligation de transparence, elle a également annoncé que chaque banque centrale nationale sera d'ailleurs tenue désormais de déclarer dans son bilan annuel sa part d'"actifs financiers nets". Quant à l'interdiction de financer des Etats, elle semble respectée dans la mesure où les banques centrales n'achètent jamais de titres de dette fraîchement émis sur le marché dit "primaire"...
Toutefois, à chaque banque nationale sa stratégie
Pour la France, le chiffre des actifs financiers nets était de 75,9 milliards fin 2014, selon le rapport annuel de la Banque de France. Soit un sixième du total des actifs financiers nets des 19 états-membres la zone euro. Pour la Bundesbank, c'était 12,4 milliards à la même date. "Hors politique monétaire, chaque banque centrale a son propre pool d'activité", explique François Haas, directeur-adjoint des opérations de la Banque de France. "Ces investissements assurent un revenu qui permet de préserver leur indépendance", poursuit-il. La somme allouée à la France correspondrait simplement à sa part importante au capital de la BCE (14%) à en croire la Banque de France relayée par la presse aux ordres, dont L'Express, mais la part de l'Allemagne et de 18% et elle est justifiée à froncer le sourcil.
Si l'Allemagne, avec ses 18% au capital, n'utilise pas plus cette possibilité, c'est que la Bundesbank a "un périmètre d'activité plus restreint que toutes les autres banques centrales en matière non-monétaire", raconte François Haas, bien que l'Allemagne ne coupe pas dans ce bobard. Il y voit une spécificité historique de la Bundesbank, qui se consacre essentiellement à veiller sur sa devise. Une rigueur qu'elle attend de ses partenaires méditerranéens. En vain. Les assistés se flattent de recourir au système D et Berlin gronde.
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