Les syndicats enseignants se dressent contre les efforts de prévention du pouvoir
Des syndicats trouvent à redire à une circulaire tendant à former les enseignants à détecter les scolaires menacés de dérive djihadiste
Nouvelle république du 18/07/2014 |
Envoyée par mail aux chefs d'établissement de la Vienne, émane du rectorat de l'Académie de Poitiers, cette circulaire part d'un bon sentiment: aider les enseignants à détecter les élèves en phase de radicalisation religieuse en milieu scolaire.
La ministre de l'Education nationale se rétracte et se désolidarise.
Ce document de 14 pages, rendu public (mais réservé aux riches qui s'abonnent) par les trotskistes pro-palestiniens de Mediapart, est critiquée par des syndicats qui y voient au mieux une "maladresse", au pire du "racisme", seul l'islam étant visé. Pourtant, jusqu'à plus ample informé, l'islam est une religion et non pas une "race". Mais nous n'allons pas faire la leçon à des professeurs diplômés chargés de l'histoire des religions dans les collèges et les lycées...
"Habillement musulman, refus du tatouage, perte de poids"...
Si c'est faux, il faut le dire ! Dans ce document intitulé "Prévention de la radicalisation en milieu scolaire", l'attention des enseignants est attirée sur des changements convergents d'apparence, susceptibles d'éveiller les éducateurs responsables, comme le citoyen vigilant. Tous concernent l'extrémisme musulman, puisqu'il s'agit d'exposition de mineurs soumis à l'obligation scolaire, alors que le document ne précise à aucun moment de quelle radicalisation il s'agit. Les juifs "ultra-orthodoxes" et les chrétiens traditionalistes exercent-ils une menace sur les jeunes de France?
A la manière d'un "petit guide pratique du parfait djihadiste, le Powerpoint liste plusieurs signes, parmi lesquels figurent une "barbe longue non taillée (moustache rasée)", des "cheveux rasés", un "habillement musulman", le "refus du tatouage", une "perte de poids liée à des jeûnes fréquents". Autant d'indications qui peuvent éclairer des professeurs de base pour qui l'islam est une terre inconnue dans leur propre pays. "La difficulté, quand les familles ne sont pas de référence arabo-musulmane, c'est qu'elles ne réagissent pas toujours à temps, ne discernent pas toujours si c'est une simple conversion à l'islam ou un endoctrinement sectaire radical", explique Dounia Bouzar, auteur du livre 'Désamorcer l'islam radical - Ces dérives sectaires qui défigurent l’Islam', ancienne chargée d'étude à la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), une spécialiste qui sait de quoi elle parle et que n'importe quelle syndicaliste creuse se croit de taille à lui apporter la contradiction.
Cet experte explique aux idéologues obtus que "99% de l'endoctrinement passe par internet. Les jeunes ne se rencontrent que lorsque l'endoctrinement a commencé. On leur dit qu'ils ne sont pas bien dans leur corps, qu'ils ont des échecs et des conflits familiaux. On leur dit que ce mal-être est un signe, celui que Dieu l'a élu pour faire partie d'un groupe supérieur qui va sauver le monde. On inverse ce sentiment de malaise en l'interprétant comme le signe d'une mission, en faisant de ce jeune un héros pour sauver le monde du déclin. Il y a ensuite toutes les techniques de dérive sectaire : perte d'identité, perte de contour identitaire, prendre l'identité du groupe, mimétisme, hypnose".
La connaissance devient dangereuse dans les lycées et collèges
La honteuse présentation PowerPoint de l’Éducation Nationale sur les signes de “#radicalisation”! Via @mediapart pic.twitter.com/r00cj4pJso
— Goodoha (@badubai) 22 Novembre 2014
Depuis Doha, Goodoha prétend poser les bonnes questions, mais n'exprime en fait que des jugements, sans justifier quoi que ce soit.
Sont mentionnés également des comportements de type "repli identitaire", "exposition sélective aux médias", "rhétorique politique" concernant notamment la Palestine, la Tchétchénie, l'Irak. Et pas la Syrie ? La parole n'est donc pas libérée; les tabous ne sont pas tous tombés...
La circulaire invite aussi à ne pas fermer les yeux sur ceux qui manifestent un intérêt exclusif à l'histoire des débuts de l'islam. Toutefois, à aucun moment, le document ne précise comment doivent réagir les chefs d'établissement si de telles exclusives leur sont rapportées. La presse qui hurle avec les loups n'imagine pas qu'à la différence de l'enseignant lambda, le principal ou le proviseur dispose d'interlocuteurs spécialisés au rectorat de son académie. Aucune faille donc à ce niveau.
"C'est extrêmement dangereux".
A Poitiers, Magali Espinasse, secrétaire départementale du Syndicat national des enseignants du secondaire (SNES), syndicat dominant et dominé par le PCF (ou le PS, selon les académies) dénonce une circulaire qui stigmatise certains élèves. "Tout est choquant. C'est simpliste, schématique et faux [Quatre appréciations subjectives]. C'est extrêmement dangereux [Et encore une ! N'en jetez plus: cet amas ne tient nullement lieu de démonstration]. C'est n'importe quoi [navrant]. 'Habillement musulman', ça veut dire quoi ? 'Cheveux rasés', ça veut dire quoi ? 'Refus du tatouage', vous êtes pour ou contre le tatouage ? Et s'ils sont contre, on les dénonce comme des futurs djihadistes ?", s'emporte-t-elle au micro d'Europe 1.
Pour le secrétaire départemental du syndicat SE-UNSA, Jean-François Roland, "les termes employés sont maladroits", parce que transparents. "Ce n'est pas vraiment le vocabulaire qu'emploie habituellement l'Education nationale. Je pense qu'il a manqué une relecture avant diffusion", a-t-il ajouté, également auprès de France Bleu.
"Un document perfectible"
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De son côté, le rectorat de Poitiers a confirmé la diffusion de la circulaire, mais n'a pas souhaité faire d'autre commentaire.
Interrogée sur France 3, la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem, approuve la démarche, mais critique un document "sans doute perfectible, c'est incontestable" et "une démarche isolée (...) faite dans cette académie". "Peut-être que les mots ne sont pas parfaits, et nous allons en effet améliorer les choses", a-t-elle ajouté, tout en soulignant qu'"on ne peut pas s'en tenir à la description faite par le papier de Mediapart pour comprendre quel était l'intérêt de ce document".
Tandis que Najat Vallaud-Belkacem rétropédale...
N'en déplaise au SNES, Dounia Bouzar explique encore que "les professeurs doivent être formés. Arracher une affiche en disant que sa religion empêche de voir une silhouette humaine, ce n'est pas le produit d'une religion, mais ça révèle quelque chose : il faut parler au jeune, comme s'il était non-musulman, s'intéresser à lui et lui faire remarquer que, non, ce n'est pas un produit religieux, ne pas valider ce qu'il dit comme si c'était de l'islam. C'est ce qu'on a tendance à faire".
Savoir -et ne pas occulter- que nombre de jeunes djihadistes sont des convertis et n'appartiennent pas au milieu arabo-musulman. A noter que les critères d'évaluation des risque chez les jeunes filles ne sont pas communiqués.
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