Après la révolte des "pigeons", les familles volent dans les plumes du pouvoir socialiste
Opposé à la destruction de la politique de la famille, ce collectif a appelé à des rassemblements, dimanche 23
Laurence Rossignol (PS) s'est faite voler dans les plumes |
Dans une cinquantaine de villes, les "Familles plumées" avait organisé leurs premières manifestations contre la réforme du congé parental et la "modulation" des allocations en fonction des revenus. Ces deux mesures font partie du projet de budget de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2015, qui sera examiné en deuxième lecture à l'Assemblée nationale à partir de lundi. A Versailles (Yvelines), la mobilisation a été particulièrement réussie.
C'est devant le Palais Bourbon que 250 personnes (selon la police...), se sont réunies, scandant "Matraquage fiscal, malaise familial" ou encore "Congé parental, libre choix familial", avant d'asperger de plumes le bâtiment. "A partir du moment où on touche à l'universalité des allocations familiales, on met en danger les finances des familles", a dénoncé Julie Graziani, porte-parole du collectif des "Familles plumées".
Selon un sondage IFOP de samedi, 81% des Français jugent que la politique fiscale du gouvernement pénalise "fortement" les familles.
Dans la foule, de nombreux manifestants ont brandi des drapeaux de la Manif pour tous, compétent en matière de mobilisation pacifique. Près de Paris, la police a également dénombré 200 personnes, rien qu'à La Défense. "Les sondages montrent que les Français rejettent en bloc la politique fiscale du gouvernement à l'égard des familles," a fait valoir la porte-parole Julie Graziani.
La modulation des allocations familiales dénoncée, même à gauche
Sur les réseaux sociaux, c'est le troisième sujet de discussion. Preuve que les Français sont tous attachés depuis 1945 aux allocations familiales et leurs conséquences sur la natalité. Les restrictions au versement des allocations aux familles en fonction de leur nombre d'enfants ont été voulues par la majorité présidentielle et votées par l'Assemblée nationale, mais leur esprit déplaît sur le fond, mais aussi dans la forme, avec l'hypocrisie du terme "modulation".
"La polémique est inhérente à toute décision politique aujourd'hui", minimisait, jeudi soir, la secrétaire d'Etat à la Famille, Laurence Rossignol (PS), une féministe sans enfants.
Portée par les députés socialistes, ces dispositions ne font pas l'unanimité à gauche.
Sur BFMTV, l'ancien ministre de l'Education nationale Benoît Hamon a regretté qu'on touche à l'universalité des droits. "Si demain on ne réserve les droits et les prestations qu'aux familles les plus modestes et que l'on réclame l'impôt à tous, on affaiblit le consentement à l'impôt et à la solidarité", a souligné le député PS des Yvelines. Mais il ajoute : cette économie "évite en tout cas que l'on remette en cause la prime à la naissance".
La maire de Paris désapprouve pas "les modalités de mise en oeuvre" de la réforme, pourtant "pas choquante". "Aujourd'hui, il y a un problème de pouvoir d'achat. Vous avez des familles qui ont 40, 45% de leurs revenus qui partent en impôts. A Paris, vous avez des familles dont 30 à 40% du revenu partent en logement. Compte tenu de ces problèmes, je souhaiterais beaucoup plus de progressivité" dans l'application de la mesure, a affirmé Anne Hidalgo (PS)" sur France 2.
Sur Sud Radio, la députée PS des Deux-Sèvres Delphine Batho a dit son opposition. "Il y a un problème d'écart de richesse pour élever les enfants au niveau des familles. Mais c'est au niveau de la fiscalité, avec le quotient familial qu'il faut agir, pas en remettant en cause l'universalité des allocations familiales", a défendu la ministre limogée du gouvernement en 2013 pour avoir critiqué le budget de son ministère (Ecologie).
Les radicaux de gauche, qui doivent décider dans la soirée s'ils restent dans la majorité, et les écologistes ont fait savoir de leur côté qu'ils étaient partagés.
Les syndicats rejettent l'ensemble de la réforme
Les syndicats ont rejeté ce vendredi une modulation des allocations familiales en fonction des revenus car, à leurs yeux, elle remet en cause le principe d'"universalité" de la sécurité sociale et amplifie "l'injustice" envers les familles.
Sans surprise, pour la CFDT, "il est important que le gouvernement puisse affirmer le sens de la politique familiale et ce n'est pas par des ajustements incessants qu'il va arriver à le faire".
Selon FO, "le gouvernement confond la politique familiale qui a pour objectif de maintenir un taux élevé de natalité avec une politique fiscale qui est de nature redistributive", or il "a renoncé à une réforme fiscale".
La CFTC "ne peut l'accepter alors que de plus en plus de Français ne croient plus en notre système de protection sociale" et que "de plus en plus de ménages issus de la classe moyenne souhaitent se retirer de ce système qu'ils jugent injuste".
Enfin dès jeudi, la CGT avait également condamné cette mesure "contraire à l'esprit même de la sécurité sociale".
Les associations familiales vent debout
D'autres dénoncent une ouverture de "la boîte de Pandore". Sur BFM TV, Alexis Corbière, secrétaire national du Parti de gauche (PG), juge "dangereuse" la fin de l'universalité de l'allocation aux familles. "Demain, c'est le remboursement des médicaments qui ne sera pas le même suivant les revenus".
Pour le secrétaire national du PCF Pierre Laurent, l'exécutif "met le doigt dans un engrenage très dangereux".
Avec la droite, tout le monde est contre ces mesures, mais les élus socialistes les votent...
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