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mardi 25 novembre 2014

A Florange, Hollande joue au chat et à la souris avec les syndicats

FO dénonce le manque de respect du président socialiste pour les travailleurs 
A Florange, des manifestants de la CGT attendaient François Hollande de pied ferme
Hollande inaugure à Uckange (Moselle)
un centre de recherche en métallurgie
devant la porte principale des grands bureaux d'ArcelorMittal à Florange. Mais le président socialiste les avait contournés bravement...
A quelques centaines de mètres, des agriculteurs ont aussi organisé un comité d'accueil en mettant le feu à des pneus et déversé du fumier. Mais si lors de la précédente visite du président à Florange en septembre 2013, le convoi présidentiel était entré sur le site par l'entrée principale, sous les huées de manifestants, la communication présidentielle n'a pas commis la même erreur. 

Cette fois François Hollande est entré par une porte dérobée. 
En tant qu'élu de la région, le vice-président du FN, Florian Philippot, était présent pour la visite du président de la République, et a même participé à un déjeuner en préfecture, à l'issue duquel il a fustigé François Hollande "revenu sur les lieux du crime", selon lui. "Il avait fait une promesse pendant la campagne en 2012 que les hauts fourneaux ne ferment pas (et) ils ont fermé".

Une fois à l'intérieur du siège local d'ArcelorMittal, le président de la République a rencontré la direction de l'entreprise mais la CGT et FO avaient décliné l'invitation. "Pour les gens d'Arcelor tout s'est bien passé, pas de problème, mais on a des collègues, des sous-traitants, une vallée...", a glissé l'un des représentants du personnel CFDT et CFE-CGC. A l'intérieur du site, ils étaient les seuls a pouvoir l'approcher: ils sont les seuls en effet à avoir paraphé l'accord entre l'Etat et ArcelorMittal. Mais pour parvenir jusqu'à cette table ronde, il fallait emprunter des chemins détournés et des ruses de Sioux. "C'est vrai que pour les sous-traitants, ça a été extrêmement difficile", a concédé le président, avant de commenter : "c'est la faiblesse du plan" de novembre 2012, "celle que je reconnais".

Quand Aurélie Filippetti croise le chef de l'Etat avant son discours, Hollande l'appelle par son prénom et lui impose un serrement de mains et la bise. Depuis son départ du gouvernement, l'ancienne ministre de la Culture adopte pourtant une posture très critique envers la politique du gouvernement, mais le président tente de sauver les apparences. 
Dans une tribune parue sur le site trotskiste Médiapart, la ministre de la Culture démissionnaire venait tout juste de faire de la bataille Florange le tombeau de la crédibilité de l'exécutif. "L'histoire de Florange est l'histoire de la crise de la parole politique. De la confiance en la parole politique", analysait la députée. Elle dessinait le refus de la nationalisation du site comme la matrice de la crise politique qui traverse, selon elle, le pays: "Tous les Français ont lu dans cette ville, dans ce combat, un chapitre politique et économique clef. Un peu de leur espoir s'est refroidi, glacé, pétrifié avec les hauts fourneaux". "C'était pour cela, pour la camionnette juchée au-dessus des regards brandis comme des étendards, que l'on y avait cru, à cette campagne", ajouta encore Filippetti, compagne de l'ex-ministre du Redressement productif (Industrie), Arnaud Montebourg.

Dans LCI Soir, Gérard Longuet (sénateur UMP de la Meuse) estime que Florange est "une forme d'escroquerie morale" de Hollande

FO dénonce un manque de respect du président 

En passant par une porte de derrière,
François Hollande a fui la petite centaine de travailleurs et de ses électeurs à la présidence, dont une trentaine de syndicalistes CGT, qui l'attendaient face à l'entrée principale des Grands Bureaux.
"Passer par la petite porte, c'est un manque de respect. Ne pas faire face à une centaine de salariés et une trentaine de syndicalistes, ça résume bien l'état d'esprit." (Lionel Burriello, de la CGT Florange).


Les manifestants brandissaient quelques drapeaux CGT, ainsi que des pancartes proclamant: "La décomposition des promesses du parti socialiste, c'est le terreau du FN" et "Sarkozy hier, Hollande aujourd'hui se prosternent devant les patrons".
Pour le délégué CGT, "ça fait 3 ans que ce dossier est uniquement géré sur le plan de la communication. Ils essaient de trouver à tout prix une porte de sortie: un centre de recherche, 30 CDI... Ce n'est plus seulement une trahison mais un manque de respect vis-à-vis du monde ouvrier, des salariés de Florange". Seule la CGT avait appelé à manifester contre la venue de F. Hollande. 

FO avait appelé ses adhérents "à l'indifférence". Les autres syndicats d'ArcelorMittal n'avaient pas donné de consigne particulière. Pour beaucoup d’ouvriers d’ArcelorMittal cependant,  et pour Lionel Burriello, la fermeture des hauts-fourneaux "a entraîné un génocide social dans la vallée" de la Fensch. "Et au-delà de ça, de ces politiques dramatiques, la commune d’Hayange ou sont situés les hauts-fourneaux a viré Front national. En tant qu’enfants d’immigrés, c’est affligeant d’en arriver là".

E. Martin (CFDT) refuse le contact 
avec ses camarades sidérurgistes 
Or, l'ex-syndicaliste CFDT Edouard Martin (ci-contre) brillait courageusement par son absence. Le meneur en échec des luttes pour le maintien de l'activité des hauts-fourneaux de Florange avait préféré s'exprimer lundi matin dans les studios de France Bleu Lorraine Nord. Aujourd'hui recasé eurodéputé PS, il soutint qu' "il faut arrêter de faire la fine bouche"... "Même si la fermeture des hauts fourneaux reste une blessure et restera une blessure béante ici dans la vallée, la lutte des organisations syndicales a permis d'obtenir une somme plus conséquente" soutient aujourd'hui l'eurodéputé PS.

Le Parti communiste Français (PCF) a également estimé  que "l’inauguration d’un bâtiment ne peut faire office de politique industrielle. La sidérurgie a besoin d’une relance de la filière liquide [le pétrole liquide ?] qui est indispensable pour assurer l’avenir et d’une politique de recherche ambitieuse libérée des exigences à court terme du marché".
Selon le PCF, "la population n’oublie pas que François Hollande a renié sa parole de candidat, en participant à la fermeture du haut fourneau d’Hayange, se soumettant ainsi aux exigences de la multinationale Mittal". "Cette capitulation n’a fait que réduire la capacité productive du pays. Pourtant le besoin d’acier demeure une exigence moderne et à côté des outils existants, de nouveaux devraient permettre d’y faire face", est-il écrit.

L'UMP Nadine Morano, députée européenne et chef de file de l'opposition régionale ne marche pas dans les bobards de Hollande : "Il est venu promettre de l'argent public et d'amener de l'argent public. 
Il vient poser la première pierre d'une plateforme d'un centre de recherche public alors que nous avons à quelques km de là, la NASA de la recherche sur l'acier avec le centre d'Arcelor Mittal." 
Le nouveau maire UMP de Florange, Michel d'Esquerre, regrette que le président ne l'ait pas intégré dès le début au protocole de sa visite. Il y voit une entorse à la courtoisie républicaine. Et il n'y trouve pas son compte en terme d'emplois sauvés : "Le dossier prioritaire serait de nous réindustrialiser un peu plus pour compenser les pertes d'emplois que l'on a subis (2000 emplois environ)".

A quelque 500 mètres à vol d'oiseau des grands bureaux d'ArcelorMittal, des agriculteurs en colère ont répandu du fumier sur une dizaine de mètres sur une route, bloquée par une trentaine de CRS. Une épaisse fumée grise se dégageait d'un feu de pneus placé au milieu du fumier et se propageait dans le ciel de Florange.
"Nos fermes ne seront pas les hauts fourneaux de Moselle". François Hollande croit pouvoir refermer le dossier des hauts-fourneaux, mais les agriculteurs lorrains l'attendent avec un autre cahier de doléances. Ils ont répandu du fumier pour manifester leur colère et leur désarroi, à quelques centaines de mètres des grands bureaux du site d'ArcelorMittal, et dans le centre-ville de Metz, allumant aussi des feux de pneus et de paille qui ont fait planer une ambiance encore un peu plus lourde sur la visite présidentielle. Un cordon d'une trentaine de CRS coupant la route achevait le tableau.

Florange : les agriculteurs répandent du fumier pour interpeller François Hollande par leparisien
Mais le président était dans sa bulle et n'a rien vu, rien entendu, rien senti.

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