Un dossier absent de la rencontre Hollande-Poutine
A deux semaines de l'expiration de l'ultimatum, Hollande dit prendre le temps de la décision sur la livraison des navires de guerre français.
Paris menace toujours de refuser de livrer les deux navires Mistral commandés par Moscou avant le début de la crise en Ukraine, mais le sujet a été esquivé par les présidents russe et français en marge d'un G20 de Brisbane troublé par les pressions diplomatiques mises par l'Occident sur la Russie.
La construction du premier navire est achevée, mais Hollande montre les muscles, maintenant un suspens soumis à l'amélioration de la situation ukrainienne, selon lui, mais au risque d'une coûteuse rupture de contrat - avec pénalités !- dont Paris n'a pas les moyens. Dans le cadre glacé d'un grand hôtel de Brisbane ultra sécurisé, François Hollande et Vladimir Poutine se sont toutefois rencontrés samedi en marge du G20, en évitant soigneusement d'aborder le sujet qui fâche.
"Les deux parties considéraient que ce n'était pas le sujet du jour", avance un diplomate français. Celui de l'affaire Jouyet ne l'était pas non plus et Hollande est cerné par ces sujets tabous qu'il a lui-même dressés.
L'entourage de François Hollande s'est employé à déminer les menaces de Hollande à la veille du G20
Jeudi, l'agence russe Ria Novosti a fait connaître un rappel de la Russie que la France a jusqu'à fin novembre pour livrer le premier des deux navires militaires commandés par la Russie. À défaut, Paris s'exposerait à de sérieuses demandes de compensation. "Il s'agit d'une source non identifiée", balaye un conseiller élyséen. Rien qui soit de nature à engager la décision du président," prétendait-il.
"Le mot Mistral ne sera pas prononcé (entre Hollande et Poutine), sauf pour regretter qu'il n'y ait pas de vent ici", commentait un Monsieur P'tite Blague de la suite présidentielle, lequel pourrait être le ministre Rebsamen.
Cette semaine, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait clamé qu' "aucune date de livraison" ne pouvait "être fixée à ce stade", tandis que le premier ministre Manuel Valls assurait que personne ne pouvait "dicter sa conduite" à la France. "A ce stade, les conditions ne sont pas réunies pour la livraison du Mistral", avait martelé le chef du gouvernement.
Reste que Hollande s'est pris à son propre piège sur ce sujet qui empoisonne les relations bilatérales depuis que de la Crimée a choisi la Russie en mars dernier, tournant le dos à l'Europe.
Le bras cassé s'est fermé toutes les portes. S'il ne livre pas le "Vladivostok", Hollande condamne l'Etat français à rembourser le prix du bateau auxquelles s'ajouteraient des pénalités financières. On se demande comment Laurent Fabius a pu laisser la "gauche molle" s'embourber. Hollande engage aussi la réputation commerciale de la France et de son industrie d'armement. Mais si Hollande livre le navire, il s'expose à de vives critiques de la part de ses partenaires européens.
Cette histoire de corne-cul a ajouté à l'atmosphère polaire du G20. Le premier ministre australien Tony Abott a eu beau tenter de détendre l'atmosphère en encourageant les chefs d'Etat à s'appeler par leur prénom et à "parler avec le cœur", le réchauffement climatique ne s'est pas confirmé à Brisbane. Le président russe est rentré à Moscou avant l'heure, abandonnant les responsables politiques occidentaux à leurs petites affaires.
On ne fait pas pression sur la grande nation russe.
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