L’indépendance de la presse passe-t-elle par le manque de respect de la personne ?
Jean-Louis Borloo , le ministre du Développement durable, a admis dimanche, être "touché" par la caricature le présentant en poivrot mal fagoté et une bouteille à portée de main, faite de lui dans les émissions dites humoristiques.
"Oui ça me touche. J'essaie de ne pas y accorder trop d'attention, mais ça me revient, par des regards d'enfants, les miens notamment", a lâché le ministre, invité de l'émission "Vivement Dimanche" sur France 2 consacrée au prochain sommet de Copenhague sur le changement climatique.
La presse satirique n’est pas seule en cause
Alors qu’il n’est pas politiquement correct de railler les travers physiques de l’homme de la rue et que la loi protège les Français différents qui seraient attaqués pour leur taille, leur couleur de peau ou leur orientations sexuelles, les hommes politiques devraient subir toutes les insinuations et attaques frontales, qu’elles soient fondées ou non. C’est l’idée qu’on a en France de la liberté de la presse, ou d’expression en général.
Les personnages publics sont coupables d’une excessive tolérance.
Qu'il suffise d’entendre Jean-Louis Borloo qui concède à tort : "De la dérision oui, de la caricature, de l'humour, oui. A condition de ne pas laisser penser que, derrière, l'homme n'a pas toutes ses facultés", a-t-il indiqué. Dérision, caricature et humour trouvent leurs limites où le respect de la personne est menacé. Le doute sur les facultés mentales de la cible est en fait la barrière ultime qui suppose que d’autres ont déjà été honteusement sautées et la personne déjà gravement atteinte.
Mais atteindre la personne est précisément le but recherché par les ‘vertueux’. Car vouloir accréditer l’idée que l’objectif des nuls du PAF serait tout bêtement d’amuser la galerie suppose une belle dose d’hypocrisie. L’absence de créativité et une paresse intellectuelle associés à une immense laxité éthique n’expliquent pas tous les égarements faciles et les blagues nauséabondes, quand elles ne sont pas vulgaires, de surcroît.
La politique est un plat qui se mange froid
Le problème de Borloo (1951) n’est évidemment pas tant la dive bouteille que l’ouverture honnie. Nicolas Sarkozy n’avait-il pas été soupçonné d’être sous l’emprise de l’alcool, lorsqu’il était apparu si détendu et souriant aux journalistes à sa première conférence de presse du sommet du G8 de Heiligendamm. Une certaine presse avait lancé la rumeur, le vendredi 8 juin 2007, que Nicolas Sarkozy était saoûl, la veille au soir… Une histoire belge !
La gauche ne pardonne pas au président du Parti radical de servir son pays comme ministre et vice-président de l'UMP et le harcèle. Il faut que la bête meurt : si ce n’est d’une cirrhose, que ce soit d’infamie ‘juste’, mais si elle est injuste, c’est alors le top ! Et le plus glorieux de l’histoire, c’est que, face à la vague de suicides à Orange, cette gauche vigilante fait campagne contre France Télécom …pour harcèlement. Et si Borloo en venait à commettre l’irréparable, ce serait de toute façon, selon les media et humoristes, qu’il n’avait pas toutes ses facultés. Confortable, non ? Tout est permis…
Ainsi, selon le ministre, cette caricature en imper façon "Inspecteur Colombo" date de l'époque où il était ministre de la Cohésion sociale et se rendait à ce titre fréquemment "en maraude" auprès des plus défavorisés. Simple avatar du déplacement d’un ministre des lambris dorés de la République dans les quartiers. Il aurait dû être apprécié pour sa recherche d’une meilleure connaissance des dossiers, mais, pour sa peine, il a été caricaturé.
"Et puis un jour on a rajouté une bouteille dans la poche, comme ça... et la bouteille est devenue plus importante que l'imper". Il fallait troubler, ternir et casser cette image perturbante d’un ministre d’un gouvernement de droite en zone de non droit réservée à la gauche.
La plupart des imitateurs et des émissions comme "Les Guignols de l'info" ne connaissent pas de limite et montrent un ministre titubant ou balbutiant, négligé et éméché. L’autocensure, c’est l’Arlésienne des salles de rédaction et des plateaux de télévision.
Borloo, l’un des fondateurs de Génération Écologie (
Qui peut affirmer que la liberté d’expression ne connaît pas de dérives ?
VOIR et ENTENDRE
Borloo n’est pas seul concerné : c’est le gouvernement actuel dans son ensemble qui est déconsidéré : qui se souvient en effet encore des membres du gouvernement Jospin ? Tous des travailleurs aux 35 heures, comme les élus du PS, selon Malek Boutih ?
Cette amusette contribue à la mauvaise image des acteurs politiques: plus elle est injuste, mieux elle passe.
Pour une meilleure hygiène mentale et une éthique professionnelle irréprochable, recommandons aux media d’informer et aux humoristes de nous distraire, plutôt que de nous promettre la « république du respect » : ce sera plus exigeant mais plus respectable.
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