Chance ou pressentiment ?
Les électeurs sont-ils pour la France les oies du Capitole ?
Les électeurs Français voient-ils venir les crises, qu’à son approche, ils se choisissent la droite : savent-ils en effet amener la gauche en période d’abondance et de détente, mais appeler à temps la droite, lorsque le ciel se couvre, pour faire face, réformer et s’adapter aux turbulences venues d’ailleurs ?
PaSiDupes propose à ceux qui l’auraient manqué cet article du Figaro Magazine du 27 septembre. C’est la chronique d’Alexis Brézet (26/09/2008) :
PaSiDupes propose à ceux qui l’auraient manqué cet article du Figaro Magazine du 27 septembre. C’est la chronique d’Alexis Brézet (26/09/2008) :
La réforme ou la fatalité
C'était le 7 février 2007, quelques semaines avant l'élection présidentielle. A Toulon déjà , le candidat Sarkozy s'était emporté contre les « patrons voyous qui restent impunis ». Il avait fustigé les « parachutes en or pour celui qui échoue », dénoncé « les stock-options réservées à quelques-uns ». Et il avait martelé : « Ça ne peut plus durer ! »
Diversement appréciée du côté de ses soutiens traditionnels, la sortie, il faut bien le dire, n'avait guère été prise au sérieux. Dans cette tirade « anticapitaliste », les observateurs avaient surtout voulu voir une habileté rhétorique, le moyen (efficace) de raccrocher des classes populaires peu réceptives au libéralisme présumé du candidat de l'UMP. Nul, à l'époque, n'imaginait que, vingt mois plus tard, le discours de Toulon prendrait une portée prémonitoire, ni que Nicolas Sarkozy retrouverait le même lieu et presque les mêmes mots pour tenter d'apporter une réponse à la « plus grave » crise financière que le monde et la France ? aient connue depuis les années 30.
Il faut avouer que, chez nous, la droite a bien du mérite de chanter comme elle le fait les louanges de l'économie de marché. Sous l'effet d'un étrange sortilège, il semblerait qu'elle ne puisse accéder au pouvoir sans être aussitôt heurtée de plein fouet par la crise économique ! Jacques Chirac, Premier ministre de cohabitation en 1986, est rattrapé par le krach boursier de 1987. Edouard Balladur, qui reprend le rôle en 1993, est bousculé par la récession. En 1995, Alain Juppé, Premier ministre de Jacques Chirac, découvre une économie en dépression. En 2002, c'est Jean-Pierre Raffarin qui voit la croissance se dérober sous ses pas. Une malédiction.
La droite serait-elle si maladroite que, systématiquement, elle détraque l'économie ? Allons donc ! Difficile, même avec beaucoup de mauvaise foi, de soutenir que Nicolas Sarkozy est pour quoi que ce soit dans la crise des subprimes... Faut-il croire, à l'inverse, à un sixième sens de l'électeur qui, sentant venir la tempête, choisirait préventivement de confier la barre à l'équipe la mieux armée pour l'affronter ? Ce serait, pour le coup, tout aussi déraisonnable. Reste le hasard, avec quoi il faut compter en politique, et la statistique : la droite étant plus souvent aux commandes que la gauche, il n'est pas anormal qu'elle rencontre davantage de difficultés.
Quoi qu'il en soit des causes, les effets de cette fatalité sont là et bien là, dont le jeu, depuis vingt ans, produit l'immobilisme français. Heureuse en économie, la gauche redistribue à tout-va les fruits de la croissance sans entreprendre les réformes nécessaires à l'aune des marges de maneuvre qui étaient les leurs, Michel Rocard (1988-1991) et Lionel Jospin (1997-2002) resteront associés à deux formidables occasions manquées. Quant à la droite, ses belles intentions réformatrices se brisent aussitôt sur les récifs de la conjoncture : très vite, on la voit changer de cap, puis abdiquer peu ou prou ses ambitions.
Le film est étrangement répétitif. En 1987, Jacques Chirac met les réformes en panne : ce que l'affaire Malik Oussekine a produit dans l'ordre politique, le krach boursier l'accomplit dans l'ordre économique. En 1994, Edouard Balladur, pour soutenir la machine, jette par-dessus les moulins les bons vieux principes de vertu budgétaire : heureux temps où les critères de Maastricht n'existaient pas ! En 1995, Jacques Chirac, pour boucler son budget, dissout ses promesses de campagne et, deux ans plus tard, sa majorité. Double erreur : la gauche revient, la croissance avec. En 2003, après les retraites, il demande à Jean-Pierre Raffarin de ne pas ajouter la crise à la crise et de ne pas brusquer les Français : il sera entendu, et même au-delà...
La conclusion ? Elle est toujours la même : Jacques Chirac battu en 1988, Edouard Balladur battu en 1995, la droite battue en 1997, le chiraquisme symboliquement défait en 2007 par la victoire du candidat de la « rupture »... Le recul d'abord, la défaite ensuite : c'est cette malédiction que Nicolas Sarkozy, au-delà des beaux discours et des saintes colères, doit maintenant conjurer dans les faits.
Comment ? En réformant. En réformant. En réformant. En ne retranchant rien des engagements qu'il a pris devant les Français, et surtout pas celui de baisser les prélèvements. En restant sourd à la petite musique du principe de précaution politique comme à la tentation d'économiser sa popularité. En décidant de voir dans la crise économique, qui ne nous épargnera pas, non pas un frein mais un aiguillon pour aller plus vite, plus loin.
Tenir le cap afin que la France soit en situation de profiter de la croissance quand celle-ci reviendra ? Plus facile à dire qu'à faire, sans aucun doute. Mais les leçons du passé doivent être méditées : les Français peuvent comprendre les difficultés économiques, ils ne pardonneraient pas à Nicolas Sarkozy d'avoir, comme les autres, abdiqué devant la fatalité.(présentation de PaSiDupes)
Diversement appréciée du côté de ses soutiens traditionnels, la sortie, il faut bien le dire, n'avait guère été prise au sérieux. Dans cette tirade « anticapitaliste », les observateurs avaient surtout voulu voir une habileté rhétorique, le moyen (efficace) de raccrocher des classes populaires peu réceptives au libéralisme présumé du candidat de l'UMP. Nul, à l'époque, n'imaginait que, vingt mois plus tard, le discours de Toulon prendrait une portée prémonitoire, ni que Nicolas Sarkozy retrouverait le même lieu et presque les mêmes mots pour tenter d'apporter une réponse à la « plus grave » crise financière que le monde et la France ? aient connue depuis les années 30.
Il faut avouer que, chez nous, la droite a bien du mérite de chanter comme elle le fait les louanges de l'économie de marché. Sous l'effet d'un étrange sortilège, il semblerait qu'elle ne puisse accéder au pouvoir sans être aussitôt heurtée de plein fouet par la crise économique ! Jacques Chirac, Premier ministre de cohabitation en 1986, est rattrapé par le krach boursier de 1987. Edouard Balladur, qui reprend le rôle en 1993, est bousculé par la récession. En 1995, Alain Juppé, Premier ministre de Jacques Chirac, découvre une économie en dépression. En 2002, c'est Jean-Pierre Raffarin qui voit la croissance se dérober sous ses pas. Une malédiction.
La droite serait-elle si maladroite que, systématiquement, elle détraque l'économie ? Allons donc ! Difficile, même avec beaucoup de mauvaise foi, de soutenir que Nicolas Sarkozy est pour quoi que ce soit dans la crise des subprimes... Faut-il croire, à l'inverse, à un sixième sens de l'électeur qui, sentant venir la tempête, choisirait préventivement de confier la barre à l'équipe la mieux armée pour l'affronter ? Ce serait, pour le coup, tout aussi déraisonnable. Reste le hasard, avec quoi il faut compter en politique, et la statistique : la droite étant plus souvent aux commandes que la gauche, il n'est pas anormal qu'elle rencontre davantage de difficultés.
Quoi qu'il en soit des causes, les effets de cette fatalité sont là et bien là, dont le jeu, depuis vingt ans, produit l'immobilisme français. Heureuse en économie, la gauche redistribue à tout-va les fruits de la croissance sans entreprendre les réformes nécessaires à l'aune des marges de maneuvre qui étaient les leurs, Michel Rocard (1988-1991) et Lionel Jospin (1997-2002) resteront associés à deux formidables occasions manquées. Quant à la droite, ses belles intentions réformatrices se brisent aussitôt sur les récifs de la conjoncture : très vite, on la voit changer de cap, puis abdiquer peu ou prou ses ambitions.
Le film est étrangement répétitif. En 1987, Jacques Chirac met les réformes en panne : ce que l'affaire Malik Oussekine a produit dans l'ordre politique, le krach boursier l'accomplit dans l'ordre économique. En 1994, Edouard Balladur, pour soutenir la machine, jette par-dessus les moulins les bons vieux principes de vertu budgétaire : heureux temps où les critères de Maastricht n'existaient pas ! En 1995, Jacques Chirac, pour boucler son budget, dissout ses promesses de campagne et, deux ans plus tard, sa majorité. Double erreur : la gauche revient, la croissance avec. En 2003, après les retraites, il demande à Jean-Pierre Raffarin de ne pas ajouter la crise à la crise et de ne pas brusquer les Français : il sera entendu, et même au-delà...
La conclusion ? Elle est toujours la même : Jacques Chirac battu en 1988, Edouard Balladur battu en 1995, la droite battue en 1997, le chiraquisme symboliquement défait en 2007 par la victoire du candidat de la « rupture »... Le recul d'abord, la défaite ensuite : c'est cette malédiction que Nicolas Sarkozy, au-delà des beaux discours et des saintes colères, doit maintenant conjurer dans les faits.
Comment ? En réformant. En réformant. En réformant. En ne retranchant rien des engagements qu'il a pris devant les Français, et surtout pas celui de baisser les prélèvements. En restant sourd à la petite musique du principe de précaution politique comme à la tentation d'économiser sa popularité. En décidant de voir dans la crise économique, qui ne nous épargnera pas, non pas un frein mais un aiguillon pour aller plus vite, plus loin.
Tenir le cap afin que la France soit en situation de profiter de la croissance quand celle-ci reviendra ? Plus facile à dire qu'à faire, sans aucun doute. Mais les leçons du passé doivent être méditées : les Français peuvent comprendre les difficultés économiques, ils ne pardonneraient pas à Nicolas Sarkozy d'avoir, comme les autres, abdiqué devant la fatalité.(présentation de PaSiDupes)
Défi d'envergure
qui ne sera pas relevé
en chansons au Zénith
La Droite a toujours la véritable grande malchance d'avoir les pires problèmes quand elle est au pouvoir:
RépondreSupprimer- canicule
- crise économique internationale
- attentats
- situation déplorable créée par la Gauche ("emplois jeunes", "35 heures", ...)