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mercredi 8 octobre 2008

Françoise Rudetzki, victime courageuse du terrorisme

SOS-Attentats, un « rassemblement de la fraternité », sans paillettes
Cérémonie annuelle en hommage à toutes les victimes du terrorisme – 19 septembre 2007 (lien SOS-Attentats)

Françoise Rudetzki, née à Paris en 1948, est directrice d'un magasin de mode lorsqu’elle est grièvement blessée dans un attentat près du Palais-Royal à Paris le 23 décembre 1983: elle subit soixante interventions chirurgicales pour pouvoir marcher à nouveau.
En 1985, un journal écrit : «La bombe a fait plus de bruit que de mal». Extrêmement choquée par l'absence de considération envers les victimes des attentats, elle décide, malgré une amputation et sa séropositivité, de consacrer sa vie à la défense de leurs droits.

Son combat va fédérer les quelque 3 000 victimes françaises d'attentats.
Elle fonde SOS Attentats, avec une cinquantaine d'autres victimes
- de la rue Marbeuf
- de la rue des Rosiers en 1982,
- d'Orly en 1983,
- des Galeries Lafayette de Paris en 1985,
- de la rue de Rennes,
- de Gibert-Jeune
- du Claridge en 1986.
De 1983 à 2003, neuf actes de terrorisme, commis en France, ont entraîné la mort de 44 personnes. Dans le même temps, 57 Français ont péri dans des attentats perpétrés à l'étranger.

Entretien de mai 2005 (cliquer sur l'image pour l'agrandir):

Sous son impulsion, depuis les Invalides, où la ministre Michèle Alliot-Marie héberge l’association, elle obtient la création d'un fonds de garantie, mais aussi la reconnaissance en 1990 du statut de victime civile de guerre, ouvrant droit aux soins gratuits et à la protection due aux pupilles de la nation pour les orphelins. La même année, SOS Attentats sera autorisée à se constituer partie civile dans les procès des actes de terrorisme. Un droit de vigilance allait enfin pouvoir s'exercer pour que tous les terroristes soient poursuivis et jugés.
Elle soutient avec détermination notamment la création du fonds de garantie des victimes d'actes de terrorisme auprès des hommes politiques.

Lorsque Françoise Rudetzi se retourne sur son passé…
Elle n’oublie cette scène où Max Frerot, l'artificier d'Action Directe, qui d'ordinaire vindicatif, dans le box des accusés, baisse les yeux quand vient témoigner une humble portugaise rendue aveugle par la bombe que son groupuscule avait posée rue de la Baume, à Paris.
Sans elle, et sans le juge Bruguière, pas de procès de l'attentat du DC-10 d'UTA qui accuse la Lybie, état terroriste, et jusqu'au propre beau-frère du colonel Kadhafi. Malgré les menaces et les insultes, cette dame de fer à la voix posée n'a jamais exprimé de haine pour ses bourreaux. Mais elle n'oublie ni les amnisties des années Mitterrand qui coûteront la vie au général Audran ou à Georges Besse, ni le non-lieu prononcé dans son affaire. «Comme si l'attentat n'avait pas eu lieu !», s'indigne-t-elle, dressée sur ses béquilles.

Victimes oubliées, négligées

Infectée par le virus du sida lors des transfusions sanguines réalisées au cours de ses multiples opérations, elle a tu ce terrible secret des années durant pour protéger sa fille. (Article de L’Express dans lequel elle se confie en janvier 2004) La France n'a pas connu d'attentat de grande am­pleur depuis douze ans. Le sort des victimes, dont cette femme fut la voix, suscite peut-être moins de compassion aujourd'hui. Et les aides se font plus rares. Fatiguée, mais confiante, Françoise Rudetzki forme un dernier vœu : «Que Nicolas Sarkozy crée une structure pérenne, pour que les victimes d'attentats n'aient plus à mendier une juste réparation.»

A 60 ans, Françoise Rudetzki passe le relais
L'association SOS Attentats s'auto-dissout. Sa fondatrice, Françoise Rudetzki, est venue en aide aux victimes du terrorisme pendant 25 ans. Elle suggère aujourd'hui aux pouvoirs publics de mettre en place «une structure avec des moyens humains et financiers plus importants».

Son autobiographie '
Triple Peine' est parue chez Calmann-Levy en 2004,
L’Express écrit :
'On l'a souvent vue, d'abord dans un fauteuil roulant, puis soutenue par une canne, le visage grave, affrontant les caméras après un nouvel attentat; on l'a entendue évoquer la dignité des victimes, dire la nécessité de les accompagner et de les indemniser; on l'a vue plaider leur cause devant des chefs d'Etat, des ministres, des magistrats, et même affronter des terroristes dans les prétoires... De Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS-Attentats, on connaissait donc le courageux combat public. On ne se doutait pas de ce que cachait sa vie privée...

Ce qu'elle révèle ici, en avant-première de la publication d'un livre bouleversant, Triple Peine, n'était en effet pas imaginable. La vie de Françoise Rudetzki a basculé le 23 décembre 1983, à 22 h 40, quand une bombe a explosé au restaurant où elle dînait. C'était il y a vingt ans. Mais l'attentat est toujours là, dans son corps, dans sa tête, dans son âme. «A ceux qui ont subi le terrorisme dans leur chair ou dans celle de leurs proches, je dis toujours qu'il est vain d'oublier, dit-elle. On peut déménager, changer d'emploi, refaire sa vie, mais on ne peut pas fuir le souvenir de l'attentat et tout ce qu'il a tué en vous.»

Mais il y a plus encore... Il a aussi fallu vingt ans pour que Françoise Rudetzki se décide à le dire: l'attentat, sa première «peine», en a engendré deux autres, qu'elle dévoile ici... On pourrait voir, dans ce récit, une étonnante leçon de vie, mais Françoise Rudetzki s'en défend: son histoire, confit-elle, est peut-être un combat, mais elle ne veut pas qu'on l'érige en exemple. On le comprendra en tout cas, l'humanité de cette femme-là est à l'évidence aussi exceptionnelle que son courage et sa persévérance.'

2004 est l’année de parution de son autobiographie et où elle célébrait le dixième anniversaire de son mariage quand sa vie a basculé. Elle est enfin retournée dans le restaurant du drame. Dans un flot de larmes. Il y a vingt-cinq ans de cela. Elle avait 35 ans.

A lire aussi
: Terrorisme, victimes et responsabilité pénale internationale, ouvrage collectif, édité par SOS-Attentats chez Calmann-Lévy, décembre 2003.

1 commentaire:

  1. Les victimes et leurs familles sont toujours malmenées, déconsidérées, insultées par les décisions de "justice" et l'appitoiement des media sur les pires ordures, dans notre pays.

    Madame Rudetzky, comme beaucoup, a énormément souffert, et a mené un combat admirable.

    C'est pour les personnes comme elle que la Légion d'Honneur a été créée-- pas pour tous les imbéciles (footballeurs, chanteurs, ...) qui la reçoivent sans avoir rien accompli d'extraordinaire.

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