Le président Nicolas Sarkozy n'est pas resté les 'bras ballants' à la suite de la publication d'extraits des "carnets secrets" de l'ancien patron du renseignement policier français (ci-contre).
M. Sarkozy a déposé plainte jeudi contre Yves Bertrand, directeur des Renseignements généraux (RG, services de renseignement de la police) de 1992 à 2004, pour "dénonciation calomnieuse", après la publication dans la presse d'extraits des carnets personnels -23 agendas- tenus par Yves Bertrand et mettant notamment en cause le président, et contenant des affirmations touchant à sa vie privée.
La plainte vise aussi les chefs de faux et usage, recel et atteinte à l'intimité de la vie privée.
L'ex-Premier ministre Lionel Jospin, également cité, a évoqué "un scandale d'Etat".
Lionel Jospin donne un éclairage peu reluisant sur Yves Bertrand.
"Constamment protégé par le président de la République Jacques Chirac de 1995 à 2007, Yves Bertrand était un amateur de basse police", a accusé l’ancien Premier ministre socialiste, de son côté jeudi. Dans une tribune publiée par l'hebdomadaire Le Point, il s'interroge sur un possible "scandale d'Etat".
Couvrant une période allant de 1998 à 2003, les agendas manuscrits de l'ancien directeur des RG ont été saisis lors d'une perquisition du 8 janvier dernier dans le cadre de l'enquête judiciaire sur l'affaire politico-financière Clearstream.
Selon le site internet de l'hebdomadaire Paris Match, la plainte du président vise des extraits des carnets de Bertrand publiés dans Le Point la semaine dernière, selon lesquelles N. Sarkozy aurait "perçu 150.000 francs dans son cabinet" en 2003, alors qu'il était ministre de l'Intérieur.
Fouille merde aux intentions suspectes
L'hebdomadaire a affirmé avoir eu accès à ces "carnets secrets" qui fourmillent "d'indiscrétions" et de détails sur des affaires politico-financières récentes, la vie privée et publique du Tout-Paris et des hommes politiques.
Les "carnets secrets" de Bertrand relatent encore la "bisexualité" présumée d'un ancien ministre, la vie privée de Nicolas Sarkozy avec son ex-épouse Cécilia, ou l'emploi fictif dont aurait bénéficié une "relation" de L. Jospin. "Alors que j'étais Premier ministre (1997-2002), il a, dans le vain espoir de me compromettre, fouillé dans ma vie, celle de ma famille, de mes amis et de membres de mon cabinet", a souligné M. Jospin jeudi.
La révélation de ces carnets a suscité une vive émotion dans le monde politique et relancé le débat sur certaines méthodes sulfureuses des ex-RG, fondus cette année avec la DST (Direction de la surveillance du territoire, contre-espionnage) dans un service unifié, la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Explication du fouille merde
Il assure que pour protéger les personnages politiques, il faut avoir connaissance des rumeurs les concernant. Mais "ce sont des brouillons dans lesquels je notais aussi les rendez-vous avec mon dentiste. Ils ont un caractère privé, non officiel et non vérifié", s'était défendu Bertrand lors de la publication des carnets.
L'avocat du chef de l'Etat commente
Me Thierry Herzog explique : "J'ai déposé cette plainte car Nicolas Sarkozy n'entend pas se contenter de droit de réponse dans la presse".
Nicolas Sarkozy a été le premier président français à déposer une plainte pénale, en février dernier, contre le site internet de l'hebdomadaire Le Nouvel observateur pour un article se livrant à la contrefaçon du contenu d'un SMS prétendument adressé à son ex-épouse Cecilia, à une date inexacte. Il avait retiré sa plainte quelques semaines plus tard après des excuses regrets de l’indélicat journaliste insolent manipulateur. Le Nouvel Observateur l’a maintenu à son poste… Combien d’autres dans ce magazine moralisateur ?
Bertrand écrit pour publier
Lors de la parution de son livre Je ne sais rien… mais je dirai (presque) tout (2007), Yves Bertrand fait des révélations sur l'affaire de la profanation du cimetière juif de Carpentras. Pour l’auteur, ce fut une manipulation anti-FN orchestrée par François Mitterrand, qui accusa à tort le Front national (FN), afin d'empêcher toute alliance entre celui-ci et la droite parlementaire. A l’issue de l’enquête, aucun lien ne fut établi entre les coupables et le Front national.
L'affaire s'enflamma quand il fut révélé que le cercueil de Félix Germon, décédé 8 jours plus tôt, non recouvert de terre, avait été sorti de sa tombe, le corps extrait du cercueil avait été posé nu, face contre terre, sur une tombe voisine. Laurent Fabius le déclara "empalé".
Malgré le souhait des autorités religieuses juives de Paris que la profanation ne soit pas récupérée politiquement par la gauche, François Mitterrand aurait alors fait pression sur les autorités juives pour que la manifestation ait lieu entre la place de la République et la place de la Bastille, lieux traditionnels de rassemblement de la gauche française.
C’était en mai 1990…
Les Renseignements Généraux
Créés en 1911, les RG ont eu pour principal objectif à travers l'histoire de renseigner le gouvernement sur tout mouvement pouvant porter atteinte à l'État.
Surnommés "les grandes oreilles" du gouvernement français et accusés d’être une "police politique", les RG sont réputés avoir constitué un type de service unique en Europe. Ils ont fait l'objet de critiques récurrentes, mais tous les gouvernements, tous les présidents de la république, les ont maintenus.
Yves Bertrand (né en 1944) intègra l'école des commissaires de police. Rapidement, il rejoignit les renseignements généraux (RG) où il effectua une brillante carrière de 1970 à 2004. Chef de service en province, il fut rapidement nommé chef de section, DRH, directeur adjoint et enfin directeur central des RG de 1992 à 2003.
Il collabora étroitement aux enquêtes menant à l'arrestation des membres d'Action Directe (AD, cf. Rouillan), de Khaled Kelkal et de l'assassin du préfet de Corse, Claude Érignac. Il intègra ensuite l'Inspection générale de l'administration (IGA) au mois de janvier 2004.
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