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lundi 4 mai 2020

Réouverture des écoles : en dramatisant, Macron fait du zèle

Son choix est en désaccord avec le "conseil scientifique"

Le ministre de la Santé, Olivier Véran, a prétendu être en accord avec le conseil scientifique sur la réouverture des écoles prévue le 11 mai. Ce n’est pourtant pas le cas.

Dans la presse de dimanche 3 mai, Olivier Véran est interrogé sur la différence entre le choix de Macron de rouvrir des écoles à partir du 11 mai et les recommandations du conseil scientifique communiquées le 20 avril. Le ministre de la santé a répondu qu’un tel désaccord n’existait tout simplement pas.
Le conseil scientifique était opposé à la réouverture des écoles "comme avant", ce qui n’a jamais été notre volonté. Nous sommes donc en accord.
Pourquoi Véran ment

L’argument d'O. Véran consiste ainsi à dire que le conseil scientifique ne s’opposait pas au principe de la réouverture des écoles, mais à ses modalités : il se serait plutôt opposé à une réouverture incontrôlée des écoles. Ce n’est pourtant pas ce que ses membres ont écrit.

Dans leur avis finalisé le 16 avril – soit trois jours après que Macron eût annoncé cette réouverture – et communiqué aux autorités le 20 avril pour publication -, les membres du conseil scientifique ont énoncé une position claire :
"Le risque de transmission est important dans les lieux de regroupement massif que sont les écoles et les universités, avec des mesures barrières particulièrement difficiles à mettre en œuvre chez les plus jeunes.
En conséquence, le Conseil scientifique propose de maintenir les crèches, les écoles, lescollèges, les lycées et les universités fermés jusqu’au mois de septembre."

Ledit conseil poursuit en prenant "acte de la décision politique (…) de réouverture progressive et prudente des crèches, écoles, collèges et lycées", précisant alors les mesures barrières qui peuvent être envisagées afin de proposer les meilleures conditions de réouverture possibles.

Ainsi, même si le conseil estime que certaines mesures barrières sont envisageables, il a aussi clairement expliqué que ces mesures sont « particulièrement difficiles » à mettre en œuvre, ce qui a motivé sa recommandation de laisser les établissements scolaires « fermés jusqu’au mois de septembre ».

Les recommandations sanitaires publiées dans l’avis du 24 avril ne changent pas la position du conseil scientifique : celui-ci énonce clairement une deuxième fois avoir "pris acte" de la décision politique et formule des recommandations en conséquence de cette décision.

O. Véran joue sur le fait que le conseil a formulé ces recommandations pour sous-entendre qu'il soutient cette décision, ce qui est inexact, pour trois raisons. D’abord, parce que le conseil a énoncé une position opposée claire, ensuite parce que le conseil n’a, à aucun moment, dit soutenir" de près ou de loin cette initiative. Et, enfin, parce que ses recommandations suivantes ne changent pas sa position. Le conseil a en effet un rôle d’aide à la décision qui implique qu’il formule des recommandations pour éclairer la décision politique… ou s’adapter à celles déjà prises. 
Attali s'est d'ailleurs empresse de rappeler la primauté du politique sur le scientifique...


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