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mardi 26 mai 2020

Hydroxychloroquine: l'étude de The Lancet pourrie par plusieurs conflits d'intérêts

Les auteurs de l'étude observationnelle publiée par The Lancet ont tous un conflit d'intérêts sur les bras

La presse médicale prend son boomerang en pleine face
 
L'article est dû à Eric Verhaeghe, énarque, haut fonctionnaire et essayiste belge naturalisé français, ex-président de l'Association pour l'emploi des cadres (APEC), au titre du MEDEF, qu'il quitte en janvier 2011. Il crée cabinet spécialisé dans l'élaboration de réseaux sociaux et devient contributeur pour Atlantico, Contrepoints, FigaroVox. Depuis mai 2018, il tient le blog "libertarien" Le Courrier des stratèges, "d'inspiration libérale mais pas dogmatique"... Il est créateur de "Cosmico", en août 2018, une société de "médecine naturelle".

L’hydroxychloroquine est-elle dangereuse ?
 
"Une étude [rétrospective] le soutient. J’ai rapidement regardé le parcours de chacun de ses auteurs. Aucun n’est vierge de conflit d’intérêt dans ce dossier, et chacun d’eux a des relations d’intérêt patentes avec des concurrents de l’hydroxychloroquine. Voilà un point de détail qui mérite tout de même d’être noté…

Selon la revue "scientifique" The Lancet, l’hydroxychloroquine est [serait] inefficace et même dangereuse pour traiter le coronavirus. Une étude, qu’aucun journaliste ni commentateur politique n’a lue, mais qu’ils citent tous comme preuve de la méchanceté de Didier Raoult et de l’incapacité du petit peuple à se gouverner lui-même, le prouverait à partir d’un échantillonnage particulièrement amusant (officiellement, elle intègre 96.000 patients, mais seulement 15.000 d’entre eux ont été traités à l’hydroxychloroquine)
[Le quarteron de savants explique avoir également utilisé des techniques avancées de modélisation statistique (pour simuler des tests de contrôle randomisés), mais ces techniques ne peuvent pas toujours surmonter les différences non dimensionnées entre les groupes et fait l’objet de beaucoup de controverses concluant que cela ne devrait pas être utilisé.]
L’étude  [concluant à la toxicité de l’hydroxychloroquine et la chloroquine sur des patients "suffisamment malades" pour mériter [sanction?] une hospitalisation probablement 5 à 7 jours après l’infection] de la revue The Lancet [du 22 mai 2020] menée aux Etats-Unis, est signée par quatre noms : Mandeep Mehra, Sapan S. Desai, Frank Ruschitzka et Amit Patel. L’étude du curriculum vitae de chacun des signataires de l’étude en dit long sur l’objectivité de leurs résultats.

Mandeep Mehra anime des conférences pour Gilead…

On se souvient de la rivalité, évoquée dans ces colonnes, entre Gilead, producteur de l’infortuné Remdesivir qui peine à prouver son efficacité contre le coronavirus malgré des investissements colossaux, et l’hydroxychloroquine, pauvre petit médicament minable, inventé il y a 70 ans, et qui n’est aussi hype que les élites parisiennes le voudraient. Il se trouve que l’étude qui démolit l’hydroxychloroquine a été pilotée par Mandeep Mehra, qui a donné une interview dans France-Soir [lien]. Le quotidien français se sent obligé de préciser que l’intéressé a tout de même, début avril, animé une conférence organisée par Gilead. Non ? Vraiment…

Ce doit être une coïncidence… d’ailleurs, l’intéressé indique qu’il n’y aucun conflit d’intérêt dans cette affaire. Comment ne pas le croire !

Il se trouve quand même que les coïncidences ne s’arrêtent pas là (et nous sommes sans doute loin de l’exhaustivité sur ce chapitre…). Selon son parcours renseigné sur Linkedin, Mehra dirige le centre de cardiologie de l’hôpital de Brigham (à Boston), qui a testé le Remdesivir à grand renfort de publicité. Voilà donc un médecin qui travaille main dans la main avec Gilead, rival des remèdes de Raoult, qui produit une étude pour dire que Raoult est un charlatan…
France Soir écrit : "Mandeep a exploré l’effet de ce médicament sur divers patients et a conclu que dans un milieu hospitalier, très probablement lorsque la charge du virus a atteint un niveau mortel, l’hydroxychloroquine peut augmenter [à quelle dose et sur quel type de co-morbidité non-citée ?] le risque d’arythmie cardiaque et créer des dommages supplémentaires, tout en précisant certaines des nombreuses limites. Cette étude n’inclut pas les utilisations prophylactiques du traitement et ne le compare pas à Remdésivir, une alternative en cours de test."
L’auteur conclut que cela représente
l’équivalent d’un test réel de cet ensemble de médicaments, même s’il précise que ce n’est pas un test réel.
Comment imaginer qu’il pourrait y avait un conflit d’intérêt nuisant à l’objectivité scientifique dans cette histoire ?
Mandeep Mehra a déclaré n'avoir aucun conflit d'intérêt avec les laboratoires et que cette étude a été financée sur les fonds de dotation propres de chaire de professeur. Il a participé à une conférence sponsorisée par Gilead début Avril 2020 dans le cadre du Covid-19.

LIRE aussi
Mandeep R. Mehra , MD [né en 1967 à Delhi, Inde, professeur en cardiologie à Harvard)
Hôpital Brigham and Women's et Harvard Medical School, Boston, MA
Hilary R. Campbell , BA
Université de Californie Santa Barbara, Santa Barbara, Californie
Selon l'épidémiologue Mandeep R. "spécialiste" des études observationnelles de dossiers et statistiques a posteriori, Lisa Gherardini, l'énigmatique Joconde, représentée par Léonard de Vinci, évoque une hypothyroïdie de La Joconde et une probable cyrhose...

Sapan S Desai, le marchand de tests pour coronavirus…

Autre auteur particulièrement objectif [!] dans cette étude, Sapan S. Desai, dont les coordonnées professionnelles sont données par Business Wire (encore un autre acte d’intense investigation qui n’était manifestement pas à la portée de la presse française, toujours prête à donner des leçons de déontologie à la terre entière). Et que découvre-t-on ? Que Sapan Desai est à la tête d’une entreprise de santé appelée Surgisphere, qui produit des tests pour dépister le coronavirus…

Là encore, il faudrait être fameusement gonflé pour imaginer qu’un gars à la tête d’une entreprise qui entend dépister le coronavirus à grande échelle voudrait décourager un produit prévenant cette maladie au moyen d’arguments que personne ne va vérifier…
 
Frank Ruschitzka, le vieux compagnon de route de Gilead

Les liens de Frank Ruschitzka, le très discret cardiologue de Zurich, avec Gilead, sont moins facilement apparents. On notera que le centre de cardiologie de Zurich, où il opère, a testé, en 2010 le Darusentan, produit par Gilead. 

Cette collaboration ne s’est pas arrêtée là. Gilead semble être un financier régulier de l’université de Zurich, comme l’indique un article scientifique de 2019 sur le SIDA, publié dans la prestigieuse revue Nature.
"the University of Zurich received research grants from Gilead Science, Roche, and Merck Sharp & Dohme for studies that Dr. Metzner serves as principal investigator, and advisory board honoraria from Gilead Sciences." NatureTweet
Ceci ne signifie pas que Ruschitzka ait sciemment menti dans une étude. Mais on notera simplement qu’il appartient à une entité subventionnée par Gilead, en lutte ouverte contre l’hydroxychloroquine, et qu’il n’est pas le seul à pouvoir être suspecté de conflit d’intérêt dans l’article publié par The Lancet.

Amit Patel, l’inconnu de l’Utah… qui milite pour Merck

Enfin, le quatrième signataire de l’étude est un peu connu praticien de Nashville, Amit Patel, qui vient de signer une étude sur l’efficacité d’un médicament produit par Merck, l’Ivermectine, dans la lutte contre le coronavirus. Voilà qui ne ressemble pas, non plus, à un conflit d’intérêt !

On remarquera que l’intéressé a écrit, sur le réseau social Reddit, un post tout à fait éloquent sur le sujet : "It is sold under the brand name Stromectol, and produced by Merck. Merck’s stock traded SIDEWAYS yesterday. Remember how Gilead stock shot up over 15% overnight off of a RUMOR?? This has strong evidence to do more than just maybe work, and it’s not harsh on the system like an antiviral or choloroquinine." (Il est vendu sous la marque Stromectol, et produit par Merck. Les actions Merck ont peu bougé hier. Souvenez-vous comment l’action Gilead a fait un bond de 15% hier sur la foi d’une rumeur. Il y a pourtant une évidence d’efficacité plus solide qu’un simple peut-être).

Autrement dit, Amit Patel n’est pas simplement un chercheur qui cherche, c’est aussi un chercheur qui investit en bourse, fait des calculs sur les cours, et roule pour ceux de Merck…
Au royaume des conflits d’intérêts…

Tous ces éléments, redisons-le, ne prouvent pas que l’hydroxychloroquine, commandée par précaution par l’armée française (signe qu’elle n’était pas si dangereuse), fonctionne. Ils ne prouvent pas non plus que l’étude publiée par The Lancet est fausse. Ils prouvent simplement que, dans cette affaire, il faut arrêter la pensée binaire et manichéenne qui domine nos élites décadentes, selon laquelle il y aurait la vérité d’un côté (celle qu’elle détient), et l’erreur de l’autre (professée par des Marseillais aux cheveux longs), sans nuance et sans calcul d’intérêt. Sur le fond, l’étude publiée par The Lancet est rédigée par des chercheurs qui sont dans un monde réel, et leur prise de parole ne peut être entendue en dehors de cette réalité, faite d’intérêts et d’influences économiques.

Il est donc urgent d’attendre et de ne prendre position ni pour l’un ni pour l’autre.

Peu après la parution de l’étude, j’ai reçu un mail rageur et vengeur d’un camarade de promotion de l’ENA qui travaille à la représentation française auprès de l’Union, à Bruxelles, dont le manichéisme simpliste m’étonne, qui jubilait devant les « blaireaux » français que Lancet venait, selon lui, d’enfoncer. Il me paraît qu’il vaut mieux, loin de ce mépris social complètement crétin, faire preuve d’intelligence face à cette étude et noter que, dans tous les cas, il est plus rentable de ne fermer aucune porte à l’expérimentation. Car le tâtonnement fait partie de la démarche scientifique, et certainement pas la mise à l’index comme Didier Raoult en a été l’objet pour des raisons d’étiquette aristocratique et non de vérité scientifique."

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