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vendredi 26 mai 2017

Les Français préfèreraient des députés inexpérimentés, dixit un sondage OpinionWay

Macron veut faire de la France un laboratoire d'essais. Et des Français, des cobayes ? 

Le mouvement du président 
est contraint de revoir ses prétentions à la baisse
Macron peine à tenir sa double promesse de recomposer et renouveler la scène politique : après la polémique provoquée par la colère publique de François Bayrou sur le nombre d'investis Modem aux élections législatives, précédée par les couacs des premières investitures concédées sans l'accord des nominés, le président néophyte de la politique découvre à quel point il est difficile de faire table rase du passé tout en cherchant à constituer une majorité absolue à l'Assemblée nationale.
 
Delevoye a attribué quelque 153 investitures soit à des socialistes ou ex-socialistes, à quelques écologistes pro-gouvernement ou encore à des radicaux de gauche. Sur les 23 parlementaires ou suppléants sortants investis, tous appartenaient à la majorité sortante, dont une très nette part (16) de socialistes. Dans le lot, une ministre écologiste de François Hollande, Barbara Pompili, est investie dans sa circonscription de la Somme.
A cela, il faut ajouter le choix d'En Marche! de ne pas investir de candidat contre des membres ou d'anciens membres du gouvernement, dont le très contesté Manuel Valls, le bourrin Jean-Marie Le Guen, l'impuissant Stéphane Le Foll, la sournoise Marisol Touraine, l'incompétente Myriam El Khomri ou l'insignifiante Ségolène Neuville.
Pour se défendre de "recycler" les sortants du PS, le parti présidentiel met en avant le fait que 70 à 100 députés PS sortants avaient à l'origine sollicité leur investiture, dont de nombreux proches de Manuel Valls.  Ce choix ne s'est donc pas fait sans difficulté, entre des candidats qui n'avaient pas demandé à l'être et ceux qui ont dû céder la place à des ténors ou à des personnalités médiatiques, comme le champion des maths Cédric Villani ou le juge Eric Halphen.

La société civile apporte-t-elle du sang neuf ou pauvre ?
Si la recomposition macronienne s'apparente bien à un grand jeu de vases communicants, l'effort de renouvellement des candidatures En Marche! aboutit à l'arrivée de candidats néophytes et/ou sans appartenance partisane. 
L'inexpérience est vendue aux Français comme un plus, que dis-je, un must... La direction du parti présidentiel annonce l'entrée en scène de 197 candidats sans aucun passé politique notable jusqu'ici.

Près de 52% des candidats sont issus de la société civile.
Sur les 428 candidats investis sélectionnés à partir de "19.000 dossiers" déposés, il y a "52% de candidates et candidats issus de la société civile au sens qu'ils n'ont jamais exercé de mandat électif", a précisé Richard Ferrand, au cours d'une conférence de presse. Il a aussi fait état d'une "parité réelle" avec 214 candidats hommes et 214 femmes, se fondant sur l'idée fausse dans l'air du temps qu'un(e) incompétent(e) vaut un(e) responsable politique expérimenté(e). Il faudra d'ailleurs attendre  le 18 juin, date du second tour des législatives, pour pour mesurer l'ampleur véritable du renouvellement annoncé et savoir si les Français sont tombés dans le panneauEt il faudra vérifier que les circonscriptions les plus favorables n'ont pas été réservées aux seuls sortants ou à un genre plutôt qu'à un autre. Les candidats de la diversité avaient fait les frais d'une campagne socialiste de propagande laissant penser qu'ils avaient une chance.

Si le renouvellement promis par Macron permet l’émergence de nouveaux visages, les profils des candidats de la 'République en marche' (REM) ne reflètent pas la réalité de la population française

La liste complète et définitive n’a visiblement pas été facile à boucler. Les six derniers sélectionnés sont tombés à la dernière minute : trois hommes, tous des élus, dont l’un affrontera le numéro 2 du FN, Florian Philippot, en Moselle ; et trois femmes, issues de la société civile. Au total, ce ne sont pas 577, mais seulement 526 candidats qui seront alignés pour défendre le programme d’Emmanuel Macron et, peut-être, pour lui offrir la majorité nécessaire pour l'habiliter globalement à passer ses réformes sans contrôle de la majorité à l’Assemblée nationale. 

Sans surprise, pour mener la "révolution" telle que la promet l’ouvrage de Macron, on retrouve parmi les impétrants volontaires une bonne vingtaine de sortants ainsi que de nombreux élus locaux, dont des dizaines de maires, conseillers municipaux, départementaux ou régionaux issus des rangs socialistes, du Modem ou accessoirement de la droite, et qui aspirent à grimper un nouvel échelon électoral. Pour assurer le renouvellement de la classe politique, et pour ne rien changer, Macron actionnera le levier de l'ambition.

Sur les 526 candidatures, 271 ont été accordées à des personnes n’ayant effectivement jamais eu de mandat électoral. A l’instar du président soi-même, qui ne s’était jamais présenté à un aucun scrutin avant l’élection présidentielle tout en ayant fréquenté les arcanes du pouvoir pendant les cinq années désastreuses de François Hollande. Tous les candidats estampillés 'société civile' ne sont pas des novices en politique pour autant, mais ce sont des subalternes : plus d’une dizaine (!) ont par exemple été collaborateurs auprès de députés, de sénateurs ou d’eurodéputés, le plus souvent socialistes. D’autres ont travaillé dans des cabinets d’élus, dans les ministères ou les mairies, au cœur des rouages administratifs, mais trop souvent à des échelons inférieurs.
Ainsi, d'obscures référents départementaux d’En marche qui ont mené localement la campagne présidentielle derrière Macron ces derniers mois ont-ils également été récompensés, puisqu’une dizaine d’entre eux seront aussi candidats au titre de la société civile.

A bien observer le profil des nouveaux venus, on constate qu’Emmanuel Macron a voulu mettre en avant "la France qui réussit" : les cadres ou les chefs d’entreprise sont massivement représentés, mais aussi des professions intellectuelles, improductives. 
Sur 219 candidats de la société civile, on retrouve une large majorité (57 %) de quadragénaires et de quinquagénaires, mais aussi 37 % (82 candidats) qui, à l’image du président de la République, 40 ans en décembre, ne sont pas encore des quadras. Cette 'société civile' entrepreneuriale refléterait mieux, nous dit-on, la variété sociologique du pays que les bancs de l’Assemblée de la dernière législature, si on considère que les avocats, les médecins et les enseignants la représentent mal. Elle reste en outre un miroir déformant d’une France sans chômeurs ni retraités ou presque, sans ouvriers et avec des représentants sur-qualifiés d'un monde privilégié. 

Des candidats En marche! d'origines variées, mais toujours des hyperdiplômés.
Si on se réfère aux chiffres de l’Insee, selon lesquels les immigrés et leurs descendants directs (hors Europe) représentent 11 % de la population, la promesse de Macron sur la diversité est tenue, sur le papier. Car en se fondant sur les patronymes à consonances maghrébine, africaine et asiatique, on recense qu’environ 13 % des 219 candidats LREM issus de la 'société civile' sont d’origine étrangère. Pour mémoire, une précédente ébauche de statistiques ethniques relevait qu’en 2015, seuls 9 des 577 députés siégeant à l’Assemblée étaient d’origine étrangère. Cette nouvelle évaluation, qui reste approximative, ne prend pas en compte les candidats issus des territoires d’outre-mer. Mais qui dit candidat ne dit pas élu.
Médecins, avocats, cadres du privé et hauts fonctionnaires… la majorité de ces candidats de la diversité ont à leur compteur entre trois (licence) et cinq ans (DESS, journalisme) d’études. Le profil de l'avocate Laetitia Avia, candidate dans la 8e circonscription de Paris (une partie du 12e arrondissement, comprenant Bercy, ainsi qu'une partie du 20e arrondissement, côté boulevard de Charonne), incarne cette réussite professionnelle et le bon fonctionnement de l'échelle sociale française, nuançant la propagande de la gauche et les documentaires de la presse engagée sur la ligne de la pensée unique internationaliste. Outre leur niveau de diplôme élevé, ces candidats multiplient les casquettes. Par exemple, Jean-Baptiste Djebbari, qui se présente dans la 2e circonscription de Haute-Vienne, est à la fois pilote de ligne, entrepreneur et contributeur au quotidien les Echos. Sera-t-il opposé au cumul des mandats et des fonctions ? S’ils n’ont jamais été élus, certains, comme Alexandre Aïdara, se sont déjà frottés à la politique. L’énarque d’origine sénégalaise, qui candidate dans la 6e circonscription de Seine-Saint-Denis, est passé par l’Ecole centrale, élite des ingénieurs français, avant de prendre sa carte au PS. Son diplôme de l’ENA en poche, il est devenu administrateur civil à la direction du Budget, puis a travaillé au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche sous Hollande et entra deux ans plus tard au cabinet de la ...Guyanaise Taubira.

La République en Marche ! arriverait pourtant largement en tête des intentions de vote au premier tour des élections législatives

Le futur parti du président  progresserait même, devant Les Républicains et le Front national, selon un sondage OpinionWay/Orpi diffusé ce vendredi.
Avec 28% d'intentions de vote (+1% par rapport au dernier sondage diffusé le 18 mai), les apprentis de La République en Marche ! devanceraient de huit points Les Républicains (LR), allié aux centristes de l'UDI (20%, stable), et le Front national, 19% (-1%), selon cette enquête pour Les Echos et Radio classique.
Les candidats de La France insoumise recueilleraient 15% (+1%) d'intentions de vote, ceux du Parti socialiste et de ses alliés 10% (-1%). 2% des voix iraient à des candidats du Parti communiste et également à des divers droite, 1% à candidats de l'extrême gauche et 3% à "un autre candidat".

La République en Marche !, le parti politique que Emmanuel Macron compte former à partir de son mouvement 'En marche!', "obtiendrait entre 310 et 330 sièges dans les 535 circonscriptions de France métropolitaine (hors Corse) où il présente un(e) candidat(e), alors que la majorité se situe à 289 sièges pour 577 circonscriptions au total. Un résultat qui serait nettement supérieur à celui obtenu en 2012 par le PS et ses alliés", s'enthousiasme Les Echos, . 
"La droite aurait entre 140 et 160 députés. Le PS serait crédité de 25 à 30 députés, tout comme la France insoumise/PCF. Le FN aurait 10 à 15 députés", détaille encore le quotidien économique. 
Il reste deux semaines déterminantes jusqu'au premier tour des élections législatives, le 11 juin. Nous saurons alors si, après les "bras ballants", nous aurons des novices.

Enquête réalisée par questionnaire auto-administré en ligne du 23 au 24 mai auprès de 2.103 personnes inscrites sur les listes électorales, issues d'un échantillon de 2.176 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. 

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