L'élu LR a incarné le ras-le-bol du PS et la page Aubry est tournée
Après avoir renouvelé le discours politique, Xavier Bertrand doit maintenant être efficace.
Xavier Bertrand, LR, modeste dans la victoire |
Xavier Bertrand est le mieux élu de tous les candidats de l'opposition, avec 57,77 % des suffrages qui se sont portés sur sa liste en Nord-Pas-de-Calais-Picardie. Devancé par Marine Le Pen au premier tour, il l'a laissée loin derrière au second, en dépit des sondages. Xavier Bertrand obtient plus de 57 % des voix et devance largement Marine Le Pen. A lui l'obligation de l'initiative, de la transparence et de l'efficacité.
Du fait de l'élimination au premier tour du parti présidentiel, dans l'un de ses fiefs les plus emblématiques et puissants, c'est une victoire atypique, comme il l'a reconnu d'emblée dans son discours prononcé dans les premières minutes de la soirée électorale, dans sa ville de Saint-Quentin: "Ce soir, ce n'est pas la victoire des partis politiques. Ce soir, ce n'est même pas ma victoire." S'adressait-il aux caciques de la droite qui le traitaient, lui, le petit assureur, avec condescendance ?
Il a en outre pris soin de remercier les orphelins, "les électeurs de gauche qui ont voté pour faire rempart, ainsi que ceux qui s'étaient abstenus au premier tour et ceux qui ont préféré l'attachement à la région à la colère du premier tour".
Pendant la campagne, et singulièrement dans l'entre-deux-tours, Xavier Bertrand, homme de droite, ancien ministre de Nicolas Sarkozy, dont il fut porte-parole de campagne en 2007, a aussi pratiqué un exercice inédit : il a rompu avec la langue de bois habituelle pour s'en prendre aux hiérarques et aux apparatchiks de son parti : "Qu'ils se taisent !" a-t-il répété. Cette tonalité, qui pointait la responsabilité des élites politiques parisiennes, outre son travail de terrain et sa modestie, s'est révélée gagnante.
La dernière chance
Une telle stratégie de rassemblement et de contrition comporte toutefois un risque : celui de décevoir. Xavier Bertrand assume sa part de responsabilité: "Cela fait trente ans – trente ans ! – que l'ensemble de la classe politique, dont je fais partie, explique qu'elle a reçu le message, qu'elle a tout compris, que plus rien ne sera comme avant… Et pourtant, qu'a-t-elle fait ?" s'insurge-t-il en terre socialiste, successivement incarnée par Pierre Mauroy, Michel Delebarre ou jusqu'à la maire de Lille, haineuse et sclérosée, Martine Aubry, puisque Marie-Christine Blandin (EELV jusqu'en 2014) a appelé à voter Les Républicains, avant que X. Bertrand n'appelle à de véritables réformes et de conclure : "C'est notre dernière chance" de soumettre le Front national. Dès lors, comment, sur ces bases hasardeuses, s'imposera-t-il face aux pressions et blocages d'un PS rancunier et revanchard ?
Xavier Bertrand regrettera chaque jour de sa présidence d'avoir ouvert dès le premier soir une faille dans laquelle le PS a déjà glissé un coin. Léon Blum n'avait pas commis cette erreur, malgré le soutien communiste à son élection.
Enfin, même si la nouvelle organisation territoriale (NOTRe) est une réforme en trompe-l'œil, qui accroît à peine les prérogatives des grandes régions, il devra s'emparer de tous les leviers à sa disposition pour convaincre que cette fois, le changement, c'est vraiment maintenant et passe par lui.
Enfin, même si la nouvelle organisation territoriale (NOTRe) est une réforme en trompe-l'œil, qui accroît à peine les prérogatives des grandes régions, il devra s'emparer de tous les leviers à sa disposition pour convaincre que cette fois, le changement, c'est vraiment maintenant et passe par lui.
Dans les Bouches-du-Rhône, avant lui, face à des Defferre et des Guérini, Jean-Claude Gaudin y est parvenu.
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