Double jeu des contestataires PS qui donnent des gages aux déçus de Hollande
Ils dialoguent avec le Front de gauche, mais ne voteront pas contre la confiance, mardi
Le secrétaire national du PCF a rassemblé l'ensemble des forces de gauche hostiles à la politique du gouvernement. Samedi, à la Fête de l'Huma à la Courneuve (Seine-Saint-Denis) Martine Aubry est venue arpenter les allées en milieu de journée, après Ségolène Royal et avant Arnaud Montebourg, sont également venus saluer Pierre Laurent, alors qu'ils avaient boudé l'université d'été du PS à La Rochelle... Dès 2011, Ségolène Royal avait commence à "parler notre langue", selon l'extrême gauche, et "à force de répéter, elle va finir par y croire". La présidente de Poitou-Charentes avait alors souligné un peu plus tôt des "convergences" avec le Front de gauche sur la réforme bancaire ou l'interdiction des licenciements boursiers.
Clémentine Autain (Front de gauche),
J-Vincent Placé (EELV),
Jérôme Guedj ("frondeur" du PS)
et Pierre Laurent (PCF)
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A la veille du vote de confiance à l'Assemblée nationale, ces affichages ont laissé des taches sur le PS. Peu importe si tous les invités présents ne partageaient pas la volonté de Pierre Laurent de construire "une alternative à gauche", tous rêvent de faire chuter Manuel Valls au plus vite. Point commun à cet assemblage hétéroclite de personnalités aussi opposées que Jean-Luc Mélenchon et le sénateur écologiste Jean-Vincent Placé, tous sont des déçus de la présidence socialiste, mais tous étaient soucieux de retisser des liens entre socialistes, écologistes et Front de gauche.
Parmi les députés PS frondeurs présents, Monsieur Hidalgo, Jean-Marc Germain, est venu marquer sa volonté de "réécrire une histoire commune à la gauche". Proche de Martine Aubry, il précise sa priorité: "Bâtir collectivement une feuille de route pour les trois ans à venir dans laquelle les communistes et les écologistes puissent se reconnaître". Et pour ça, Germain indique qu'il faut "sortir de cette logique de la Ve République qui fait qu'un homme ou deux décident de tout. Les solutions ne se trouvent pas dans un bureau à l'Élysée ou à Matignon mais au Parlement, dans les syndicats, les associations… L'intelligence est collective !"
Aux communistes, Germain fait observer qu'il ne souhaite pas "une majorité alternative", mais "une majorité vraiment à gauche". Mais un autre frondeur, Jérôme Guedj, maintient que "le PS doit être le fil à plomb de l'union de la gauche". Si "l'intelligence est collective", les frondeurs ne sont pourtant pas prêts à renoncer à leur statut hégémonique. Se croient-ils sérieusement détenteurs de toute l'intelligence de la gauche ?
Guedj, Placé et Cherki |
Pressé de questions sur le vote de mardi, Christian Paul, autre député frondeur proche de la maire PS de Lille, a esquivé, soulignant que les participants ne sont pas venus "pour débattre de l'abstention, mais pour savoir si la gauche va continuer à vivre…". Car les désaccords sont évidents.
Pas question pour les frondeurs, pas plus que pour la députée écologiste Cécile Duflot
- venue vendredi à La Courneuve -, de voter contre la confiance. "Nous voulons une réorientation de la politique mais nous ne voulons pas le retour de la droite", a expliqué Jean-Marc Germain. "Je ne suis pas un opposant, je suis en désaccord", a nuancé pour sa part le député PS de Paris Pascal Cherki. "Notre objectif à cette étape, ce n'est pas de faire tomber le gouvernement."
- venue vendredi à La Courneuve -, de voter contre la confiance. "Nous voulons une réorientation de la politique mais nous ne voulons pas le retour de la droite", a expliqué Jean-Marc Germain. "Je ne suis pas un opposant, je suis en désaccord", a nuancé pour sa part le député PS de Paris Pascal Cherki. "Notre objectif à cette étape, ce n'est pas de faire tomber le gouvernement."
Aussi détesté d'eux qu'il puisse être, Manuel Valls peut dormir sur ses deux feuilles de chou.
Une gauche rassemblée en petits morceaux
Les députés communistes , à quelques exceptions près, seront les seuls à voter contre la confiance. "Mais ils seront plus nombreux qu'au printemps à s'abstenir", a affirmé Pierre Laurent qui veut surtout "retenir la dynamique en train de se créer". Une dynamique à construire sur le long terme. Pour le secrétaire national du PCF, le vote de confiance "sera une épreuve de vérité, mais pas la seule".
"Après le vote de confiance, après la conférence de presse de François Hollande, on doit fixer un calendrier de travail", a souligné Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale en sursis d'EELV, venue à La Courneuve dans la journée de samedi. Et pour elle, "il faut travailler, pas simplement sur des interrogations théoriques. Il faut sortir du sentiment que rien n'est possible et que tout est joué d'avance, sentiment qui pousse les gens vers le FN".
Au sein du Front de gauche, Pierre Laurent espère profiter de cette dynamique en terme de visibilité médiatique et de poids au sein du Front de gauche. Mais Jean-Luc Mélenchon est sur la défensive, lui qui avait déjà traité cet été les frondeurs de "couteaux sans lame". "Le 16 septembre, ce sera la séance de rattrapage pour ceux qui ont déjà eu la possibilité au printemps de faire tomber le gouvernement", a fait valoir Éric Coquerel, secrétaire national du Parti de gauche. Anticipant en quelque sorte le vote de mardi, Mélenchon a plaidé, lors de la Fête de l'Huma, pour son mouvement en faveur de la VIe République. Il veut "dépasser" le Front de gauche.
Les schizophrènes exultent
Lors du discours de clôture qu'il prononce une année sur deux, en alternance avec Pierre Laurent, l'eurodéputé et patron du journal L'Humanité Patrick Le Hyaric a dénoncé la "longue coulée de boue, charriant des tombereaux de promesses non tenues, de retournements de vestes, de mensonges, de mépris, d'affaires, de trafics et de corruption jusqu'au plus haut niveau de l'Etat".
Faisant siffler régulièrement Manuel Valls, "petit Napoléon de l'austérité", Patrick Le Hyaric a appelé à une "autre politique (...) partagée par le peuple de gauche et de l'écologie".
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