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dimanche 11 mai 2014

Ukraine: petit rappel des faits à l'heure du vote des habitants de l'Est

Référendum d'autodétermination dans l'Est de l'Ukraine: indépendance ou fédéralisme ?
"Le référendum sur l'indépendance, organisé par les séparatistes pro-russes"
s'est ouvert comme prévu, ce dimanche, dans l'Est de l'Ukraine", écrit la très "conservatrice" agence de presse française qui dramatise, n'envisageant pas un vote négatif et participe à la désinformation généralisée par les pays occidentaux, dits démocratiques. En effet, le référendum a lieu dans seulement deux régions frontalières de la Russie, puisque la Crimée s'est déjà prononcée en faveur de la Russie, et laisse évidemment le choix d'approuver (ou non) l'indépendance, ainsi qu'un éventuel fédéralisme de l'Ukraine, ou de s'abstenir. 

"
Le référendum organisé par les séparatistes pro-russes dans l'Est de l'Ukraine sur l'indépendance des deux régions qu'ils contrôlent s'est ouvert dimanche", continue ce journal.
Le quotidien socialiste Le Monde reconnaît un "enthousiasme populaire" pour ce référendum, ce qui implique que ce vote est légitime, mais s'entête également à qualifier de "séparatistes" les victimes de "Kiev", comme dit pudiquement l'AFP, admettant qu'il est "impossible de discuter avec le gouvernement ukrainien quand celui-ci mène "une guerre et un génocide" contre les populations de l’Est.
Ces interprétations contiennent un nombre extravagant de mensonges dans les termes. Dans la forme donc,     Sur le fond, en vérité, le référendum incriminé ne pose pas  la question unique et abrupte de l'indépendance: trois options
VOIR et ENTENDRE le journaliste Pierre Lorrain, consultant de BFMTV qui présente les cas de figure:

Plus de sept millions d'Ukrainiens de l'Est sont appelés à voter pour décider du sort des régions de Donetsk et Lougantsk
, ce qui pourrait déboucher sur la sécession de cette partie du pays. "Cette consultation aux conséquences potentiellement historiques est considérée comme illégale par Kiev et la communauté internationale".  Les Occidentaux s'ingèrent sans aucune légitimité dans un conflit interne étranger: depuis Washington, l'Américain Obama continue de jouer les "gendarmes du monde", tout métis et démocrate soit-il, et son valet Hollande opine, pour exister à l'international, faute de réflexion et de politique indépendantes. 
Pourtant, ce soutien constitue un conflit d'intérêts puisque "Kiev" est ouvertement pro-occidental et souhaite à terme intégrer l'Union européenne. Pour les Européens, la question serait de savoir avant toute chose si notre intérêt bien compris est de supporter une Ukraine dont l'économie est dévastée. L'Union européenne a-t-elle les moyens politique  et économique d'un tel nouveau fardeau? 
La consultation se déroule en outre "sur fonds de nouveaux combats entre l'armée ukrainienne et les rebelles" qui assiègent depuis plusieurs semaines la ville de Slaviansk, où l'on vote aussi.

Hollande reçoit les insurgés de Kiev
à l'Elysée
La presse aux ordres de l'Elysée travestit la réalité historique.
Les séparatistes sont maintenant qualifiés de "rebelles"... Il convient donc d'inlassablement rappeler aux journalistes à bac+5, d'une part que Kiev est un gouvernement insurrectionnel et transitoire installé par la rue et, d'autre part, que,  dans ce conflit, les rebelles ne sont pas les "séparatistes". L'AFP aux ordres de l'Elysée opère donc un "retournement" non pas économique, pour le coup, mais intellectuel. Ainsi, en soutenant des régimes à potentiel totalitaire, les politiques et les media réitèrent en Europe l'expérience souvent désastreuse des "printemps arabes" qui portent atteinte aux libertés fondamentales des populations qu'ils prétendaient libérer.

Détail de l'Histoire pour les "ingérents" occidentaux. 
Quand en 1944, l'Armée rouge annexa la plus grande partie de l'Ukraine, le indépendantistes étaient essentiellement situés dans les régions ouest et le contentieux reste vif avec l'ex-Union soviétique: ils poursuivent aujourd'hui leur résistance armée contre la Russie. À la fin du conflit, le bilan des pertes ukrainiennes est de 8 millions de morts dont 1,377 million de militaires.

La dernière élection présidentielle remonte à dix ans

Alors que la présidence était assurée par Leonid Koutchma, un ancien apparatchik du Parti communiste, considéré comme corrompu et lié aux groupes mafieux, la dernière élection présidentielle a eu lieu en octobre et novembre 2004. Suite à des soupçons de fraude et à la pression populaire, plus ou moins spontanée, de la Révolution orange, la Cour suprême a annulé le résultat du second tour qui donnait vainqueur l'ancien Premier ministre Viktor Ianoukovytch sur Viktor Iouchtchenko. C'est ce dernier, jouant la carte de l'Europe et du libéralisme, qui emporta bien que son adversaire ait maintenu ses solides positions dans l'Est et le sud du pays russophones et russophiles. Viktor Iouchtchenko  désigna alors premier ministre Ioulia Tymochenko, femme d'affaires entrée en politique du temps du président Koutchma. Sur fond de corruption, le 8 septembre 2005 le président Viktor Iouchtchenko limogea le gouvernement de Ioulia Tymochenko. A travers plusieurs élections, il apparaît clairement une préférence pour les candidats pro-européens en Ukraine du nord-ouest proche de la Pologne, et pour les candidats pro-russes en Ukraine russophone du sud-est délivrée de la domination turco-tatare par les cosaques et la Russie.

Les bulletins à la vue de tous


"A Donetsk, principale ville de la région, avec un million d'habitants, "quelques feuilles" sont accrochées avec le mot référendum [...] juste en dessous du drapeau de la République de Donetsk, 'autoproclamée' par les 'rebelles', bleu et rouge avec l'aigle bicéphale. A l'intérieur de l'école, deux grandes urnes transparentes sont déposées à même le sol [Le scrutin n'étant pas alors ouvert, pourrait-on préciser]. Une dizaine de personnes sont déjà là pour encadrer le vote, de grandes listes électorales à la main." 
Si les organisateurs du vote sont des séparatistes, ce ne sont pas des rebelles.
Les rebelles sont à KievDepuis novembre 2004, Kiev est le centre d'une vaste campagne de protestation pacifique appelée Révolution orange, opposée au pouvoir légitime. En janvier 2014, des barricades furent érigées et de nombreux manifestants furent blessés par des cocktails Molotov. Ils affrontèrent  la police, réclama  la démission du Président Ianoukovitch faisant plusieurs centaines de blessés ou de morts. 
Fin janvier 2014, la contestation débutée à Kiev rencontra l'opposition des pro-russes qui refusaient d'être entraînés dans le chaos. "Je suis pour la paix et le calme et c'est pour cela que je suis venue voter", affirme Svetlana, médecin de 55 ans, qui dépose son bulletin dans l'urne en même temps qu'une femme et sa fillette "sortant du même isoloir", insinue le journaliste. Une fois le bulletin dans l'urne transparente, chacun peut sans difficulté lire le choix du votant, les bulletins n'étant pas placés sous enveloppes.
"Nous venons nous battre pour nos droits et devenir indépendants. Nous sommes heureux qu'on nous donne le droit de nous exprimer. Si nous devenons indépendants, ce sera dur au début, mais ce sera toujours mieux que d'être avec des fascistes", affirme Tatiana, 35 ans, fleuriste. Les "fascistes", pour les séparatistes russophones de l'Est de l'Ukraine, sont les autoritéspro-européennes du gouvernement autoproclamé et illégitime de Kiev, qui s'est installé au pouvoir après la contestation qui a renversé en février le président Viktor Ianoukovitch, un proche de Moscou, accusent les rebelles et les Occidentaux qui ont l'initiative du risque d'un retour à la "guerre froide".
Combats à Slaviansk

A l'approche de l'ouverture du scrutin,
les rebelles pro-occidentaux ont lancé une offensive contre Slaviansk dimanche dernier, car la ville est un
bastion des insurgés pro-russes encerclé par les forces ukrainiennes responsables début mai d'une vaste opération militaire. De nombreuses et très fortes détonations ont ainsi retenti en début de matinée. Après des tirs nourris pendant une grande partie de la nuit, les affrontements ont recommencé dans le village d'Andriïvka, sur la "ligne de front", à l'entrée sud de cette cité de 110.000 habitants encerclée par les forces ukrainiennes qui y ont déclenché depuis début mai une vaste opération "antiterroriste"... 

L'offensive de Kiev a fait une trentaine de victimes à Slaviansk
Mais Un commandant de l'OTAN accuse Poutine de chercher le "chaos". La crainte de Kiev et des Occidentaux est de voir se reproduire dans l'Est de l'Ukraine un scénario similaire à celui qui a abouti en mars au rattachement de la Crimée russo-phone à la Russie, après un référendum contesté par les Occidentaux qui ont des vues sur l'Ukraine et des intérêts économiques à la maîtrise du gaz: la presse dénonce la pire crise diplomatique entre Occident et Russie depuis la fin de la Guerre froide. Les Etats-Unis ont d'ores et déjà réaffirmé qu'ils ne reconnaîtront pas le résultat de ces référendums populaires. Avant même qu'ils aient eu lieu, ils les ont déclarés "illégaux en vertu du droit ukrainien et (qui) sont une tentative pour créer des divisions et des troubles", mais surtout en vertu de leur rivalité avec la Russie.

Le part-pris de la presse hexagonale
Le Monde publie des commentaires partisans d'illustres inconnus. "Ce scrutin organisé en quelques jours ressemblera à un coup de force", affirme le journaliste Benoît Vitkine dont la compétence reste à démontrer quand les envoyés spéciaux commentent les dépêches d'agences depuis leurs chambres d'hôtels. Comme ses confrères, il prétend "comprendre" mieux que quiconque et observe à la télévision que des hommes armés sont partout, que trois photocopieuses impriment des cartons entiers de bulletins, comme si c'était en soi une preuve de tricherie, et que des " volontaires" venus de toute la région pour charger ces cartons dans des voitures et convoyer les bulletins jusqu’aux chefs-lieux des différents districts de la région. En quoi est-ce illégal? "Même topo à Lougansk", écrit-il de manière tendancieuse. 

Hollande et Merkel jugent "illégaux" les référendums démocratiques et populaires prévus dans l'est du pays


Consulter le peuple est devenu critiquable pour François Hollande et Angela Merkel qui ont pris parti sur le conflit ukrainien. Dans un texte commun, ils ont à nouveau montré leurs biscoteaux mous, menaçant vaguement Moscou de "conséquences", en cas de non tenue des élections présidentielles en Ukraine.

Hollande et Merkel en écho aux insurgés
"Kiev" a qualifié dimanche le référendum pour l'"indépendance" dans l'Est de l'Ukraine de "farce criminelle" financée par le Kremlin, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères. 

"Le référendum du 11 mai inspiré, organisé et financé par le Kremlin est juridiquement nul et n'aura aucune conséquence juridique pour l'intégrité territoriale de l'Ukraine", souligne le ministère. "Les organisateurs de cette farce criminelle ont violé la Constitution et les lois ukrainiennes".

Depuis son forcing sur le mariage homosexuel, on sait en France que Hollande n'est pas favorable aux référendums démocratiques. Il se contente d'anaphores et de promesses floues de débat et de dialogue et autres concertations... 


Quand les Occidentaux ne traitaient pas les référendums de "farces illégales"
En 1990, au lendemain de la chute du Mur de Berlin, la légalité du référendum d'autodétermination de l'Ukraine ne fut pas contestée par les maîtres américains du monde. La libéralisation du régime soviétique et la libération des détenus politiques datait seulement de 1989 mais permit aux Ukrainiens de s'organiser pour défendre leurs droits à la souveraineté (Mouvement national ukrainien, Roukh, en 1989. Lors des élections de mars 1990, les partis ukrainiens du bloc démocratique obtinrent alors environ 25 % des sièges au Parlement. En juillet, sous l'influence des députés démocrates, le Parlement adopta la Déclaration sur la souveraineté politique de la République d'Ukraine, premier pas vers l'indépendance complète de l'Ukraine, proclamée en août 1991 et confirmée par le ...référendum du 1er décembre 1991 : 90,5 % d'électeurs votent en faveur de l'indépendance. 

Le bloc occidental ne trouva rien à redire. Le journal L'Humanité, peut-être.
L'organe du PCF n'a pas la même analyse que l'AFP soumise à l'Elysée et  la presse paresseuse et dépendante de l'agence. Il parle d' "un référendum d'auto-détermination, maintenu malgré les appels au report et à l’apaisement de la Russie. Les violences ont repris dès les premières heures du vote autour de Slaviansk, où la présence de mercenaires américains a été confirmée.
La farce serait donc réelle, mais la comédie que jouent les occidentaux et leur presse pourrait virer à la tragédie. 

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