Hollande ignore-t-il tout de cette affaire de famille ?
Le futur patron du cabinet qui conseille Alstom n’est autre que le frère du président de General Electric.
Patrice Kron a choisit le cabinet d'avocat
du frère du PDG de General Electric pour
conseiller sa vente avec l'entreprise américaine
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La revente de la branche Energie d’Alstom couve-t-elle une affaire de conflit d’intérêts ?
Mercredi, le Canard enchaîné a dénoncé la nomination future de Steve Immelt à la tête d’Hogan Lovells, le cabinet d’avocats américain qui conseille l’entreprise française pour cette vente. Or, le frère du futur patron n’est autre que Jeff Immelt, PDG de General Electric (GE), rivale de Siemens au rachat d’Alstom. Des révélations qui ne suscitent pas vraiment d’émoi ni aux Etats-Unis, terre de General Electric, ni en Allemagne, pays du concurrent Siemens.
GE veut Alstom
Tout commence fin avril alors que l’agence de presse spécialisée Bloomberg annonça l’intention de General Electric de racheter l’entreprise française Alstom. L’Américaine fait finalement une offre pour le secteur Energie d’Alstom à hauteur de 12,35 milliards d’euros. Fin avril, le conseil d’administration d’Alstom accepte l’offre de GE. Depuis, les deux entreprises sont en discussion pour fixer les modalités du rachat.
Conseil, juge et partie ?
Le fait est que dans toute procédure de fusions et d’acquisitions, les entreprises s’attachent les services de cabinets d’avocats spécialisés. L’objectif, pour la vendeuse comme pour l’acheteuse est d'être capable de régler les litiges juridiques, d’estimer la valeur et de contrôler les comptes de l’autre partie.
Alstom s’est donc attaché les services d’Hogan Lovells, un cabinet très réputé, 11ème chiffre d’affaires mondial dans le secteur. Ce dernier va changer de patron début juillet. Et c’est l'identité de ce futur dirigeant qui pose question. Steve Immelt, collaborateur depuis 1989 dans le cabinet, est tout simplement le frère de Jeff Immelt, le patron de General Electric. Celui qui conseille Alstom dans sa vente est donc le frère de celui qui veut acheter.
Encore un indice vers le rachat ?
Le patron d’Alstom, Patrice Kron, a martelé auprès de Siemens, autre candidat au rachat, que la procédure se déroulera en toute “transparence”. Mais sa parole avait déjà été écornée alors que, dans une lettre interne qu’il avait envoyée à ses collaborateurs, il vantait déjà largement l’intérêt de s’associer avec General Electric.
Une affaire de corruption colle à Alstom
Alors pourquoi Alstom prend-elle le risque d'ajouter le doute au doute en embauchant Hogan Lovells comme cabinet conseil ? Selon le Canard enchaîné, la réponse est peut-être à chercher parmi les futurs conseillers spéciaux de l’entreprise française. Parmi eux, se trouve en effet une certaine Rachel Brandenburger, elle-même ancienne employée de l’équivalent du ministère de la Justice américain. Sa présence dans l’équipe pourrait être plus qu’utile alors qu’Alstom est soupçonné de corruption sur le sol américain dans le cadre de contrats signés avec l’Indonésie, la Chine et l’Inde. Selon Bloomberg, dans cette affaire l’équipementier français pourrait être condamné à une amende record.
Au final, l’entreprise française ne devrait néanmoins pas être trop inquiétée. Selon les informations du Canard enchaîné, en cas de rachat, General Electric prendrait à sa charge l’ensemble de son contentieux.
Pas de reprise à l’étranger. Ces révélations ne semblent pas provoquer beaucoup de réaction dans les pays d’origine des entreprises candidates au rachat d’Alstom. Aux Etats-Unis, les media ne se sont pas emparés de l’information. Outre-Rhin, seul Handelsblatt, le quotidien économique allemand, évoque l’affaire dans un court article.
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