NKM : "La sûreté nucléaire n'est pas affaire d'idéologie"
La ministre de l'Écologie réagit à l'accord PS-Verts et dévoile le rapport des experts sur les "stress tests" (ou "tests de résistance", dans notre belle langue) post-Fukushima.
Nathalie Kosciusko-Morizet lève le voile sur le contenu du rapport d'étape publié jeudi sur la sureté nucléaire.
Le Figaro. - L'accord conclu entre le PS et les Verts prévoit la fermeture de 24 réacteurs nucléaires d'ici 2025 si François Hollande est élu président. Qu'en pensez-vous ?
Nathalie Kosciusko-Morizet. - C'est l'aboutissement d'une espèce de négociation absurde : «un réacteur contre une circonscription». La sagesse populaire dit qu'on ne mélange pas les choux et les carottes. Contrairement à leurs dénégations, c'est exactement ce que font les Verts et le PS. Ce n'est pas sérieux sur le sujet nucléaire mais c'est un problème de fond qui concerne tous les sujets, une méthode que l'on a vue à l'œuvre en 1997-2002. Le programme du Parti socialiste ne contient rien sur l'environnement, il sous-traite ces questions aux Verts qui, eux, poursuivent des objectifs politiques. Pour moi, c'est la démonstration que la spécialisation d'un parti sur les questions écologiques aboutit finalement à une double peine pour l'environnement.
Est-ce si absurde de fermer des réacteurs qui auront 40 ans en 2025 ?
Je défends le nucléaire : pour moi, fermer une centrale n'est pas un objectif environnemental. Je refuse absolument deux démarches que je trouve également dangereuses. La première : la sûreté nucléaire ne doit pas être une affaire d'idéologie. On peut avoir des actes de foi, certains en ont contre le nucléaire, d'autres pour le nucléaire, mais la sûreté ne doit pas interférer avec ça. La durée de vie des centrales est une question de sûreté, pas un objet d'échange contre des circonscriptions. La seconde démarche que je récuse : il ne doit pas y avoir de limite économique à la sûreté.
L'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) présente jeudi un rapport d'étape sur les examens des centrales lancés après Fukushima. Que préconise-t-il ?
Permettez-moi de rappeler dans quel calendrier intervient ce rapport. Le premier ministre a lancé un audit national des centrales et des principales installations nucléaires dont l'usine de La Hague. Parallèlement se déroule l'audit européen. Les exploitants ont remis leurs rapports le 15 septembre. C'est l'analyse de ces documents par les experts de l'IRSN qui est rendue publique ce jeudi. Je tenais à respecter notre engagement de transparence à chaque étape de ce processus. Sur la base du travail de l'IRSN, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) rendra son rapport final avant la fin de l'année.
En quoi l'audit français diffère-t-il de l'audit européen ?
Nous affirmons la nécessité de prendre en compte la dimension humaine pour améliorer la sûreté, un point sur lequel j'avais beaucoup insisté lors du lancement de cette évaluation post-Fukushima. Il y a eu longtemps une relation conflictuelle entre l'ASN et EDF sur le sujet de la sous-traitance. En septembre, EDF a proposé de réduire les niveaux de sous-traitance. Lorsqu'il faut gérer un accident, la cohésion d'une équipe, l'attachement des salariés à leur entreprise entrent en ligne de compte.
Les experts préconisent-ils des modifications des centrales ?
Fukushima nous impose de penser l'impensable. Même si un tsunami ne peut se produire à Fessenheim en Alsace, il faut imaginer comment réagir dans une situation de dévastation totale, quelles qu'en soient les causes, naturelles ou humaines, à la suite d'une attaque terroriste par exemple. L'IRSN propose de déterminer la liste des équipements de sûreté essentiels d'un réacteur qui doivent être «surprotégés». Un exemple : les filtres à sable, qui, en cas d'accident, empêchent le césium radioactif de se répandre dans l'environnement, pourraient être consolidés. Ces mesures supposeront vraisemblablement des investissements supplémentaires. Je le répète, l'économie ne doit pas limiter la sûreté.
La ministre de l'Écologie réagit à l'accord PS-Verts et dévoile le rapport des experts sur les "stress tests" (ou "tests de résistance", dans notre belle langue) post-Fukushima.
Nathalie Kosciusko-Morizet lève le voile sur le contenu du rapport d'étape publié jeudi sur la sureté nucléaire.
Le Figaro. - L'accord conclu entre le PS et les Verts prévoit la fermeture de 24 réacteurs nucléaires d'ici 2025 si François Hollande est élu président. Qu'en pensez-vous ?
Nathalie Kosciusko-Morizet. - C'est l'aboutissement d'une espèce de négociation absurde : «un réacteur contre une circonscription». La sagesse populaire dit qu'on ne mélange pas les choux et les carottes. Contrairement à leurs dénégations, c'est exactement ce que font les Verts et le PS. Ce n'est pas sérieux sur le sujet nucléaire mais c'est un problème de fond qui concerne tous les sujets, une méthode que l'on a vue à l'œuvre en 1997-2002. Le programme du Parti socialiste ne contient rien sur l'environnement, il sous-traite ces questions aux Verts qui, eux, poursuivent des objectifs politiques. Pour moi, c'est la démonstration que la spécialisation d'un parti sur les questions écologiques aboutit finalement à une double peine pour l'environnement.
Est-ce si absurde de fermer des réacteurs qui auront 40 ans en 2025 ?
Je défends le nucléaire : pour moi, fermer une centrale n'est pas un objectif environnemental. Je refuse absolument deux démarches que je trouve également dangereuses. La première : la sûreté nucléaire ne doit pas être une affaire d'idéologie. On peut avoir des actes de foi, certains en ont contre le nucléaire, d'autres pour le nucléaire, mais la sûreté ne doit pas interférer avec ça. La durée de vie des centrales est une question de sûreté, pas un objet d'échange contre des circonscriptions. La seconde démarche que je récuse : il ne doit pas y avoir de limite économique à la sûreté.
L'IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) présente jeudi un rapport d'étape sur les examens des centrales lancés après Fukushima. Que préconise-t-il ?
Permettez-moi de rappeler dans quel calendrier intervient ce rapport. Le premier ministre a lancé un audit national des centrales et des principales installations nucléaires dont l'usine de La Hague. Parallèlement se déroule l'audit européen. Les exploitants ont remis leurs rapports le 15 septembre. C'est l'analyse de ces documents par les experts de l'IRSN qui est rendue publique ce jeudi. Je tenais à respecter notre engagement de transparence à chaque étape de ce processus. Sur la base du travail de l'IRSN, l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) rendra son rapport final avant la fin de l'année.
En quoi l'audit français diffère-t-il de l'audit européen ?
Nous affirmons la nécessité de prendre en compte la dimension humaine pour améliorer la sûreté, un point sur lequel j'avais beaucoup insisté lors du lancement de cette évaluation post-Fukushima. Il y a eu longtemps une relation conflictuelle entre l'ASN et EDF sur le sujet de la sous-traitance. En septembre, EDF a proposé de réduire les niveaux de sous-traitance. Lorsqu'il faut gérer un accident, la cohésion d'une équipe, l'attachement des salariés à leur entreprise entrent en ligne de compte.
Les experts préconisent-ils des modifications des centrales ?
Fukushima nous impose de penser l'impensable. Même si un tsunami ne peut se produire à Fessenheim en Alsace, il faut imaginer comment réagir dans une situation de dévastation totale, quelles qu'en soient les causes, naturelles ou humaines, à la suite d'une attaque terroriste par exemple. L'IRSN propose de déterminer la liste des équipements de sûreté essentiels d'un réacteur qui doivent être «surprotégés». Un exemple : les filtres à sable, qui, en cas d'accident, empêchent le césium radioactif de se répandre dans l'environnement, pourraient être consolidés. Ces mesures supposeront vraisemblablement des investissements supplémentaires. Je le répète, l'économie ne doit pas limiter la sûreté.
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