Fin prêts !
Les syndicats nuiront-ils aux intérêts des travailleurs ?
Les syndicats espèrent cette fois afficher les salariés des petites entreprises à leur tableau de chasse samedi, sans augmenter le taux de participation. Ils envisagent donc des pertes avant même que d'avoir commencé.
Les nouveaux appelés à la grève seront sacrifiés
Dans ce contexte de lassitude, après plusieurs journées de manifestation et la perte d'une journée de salaire, le pari de l'extension de la mobilisation est osé, mais il est grave avant tout.
Les salariés des petites entreprises doivent en effet sacrifier, plus que d'autres, pour participer à un jour de grève, parce que leurs revenus sont trop modestes pour perdre un jour de paie.
Y ajouter les familles et les étudiants, un samedi, pour leur troisième journée de mobilisation contre la réforme des retraites depuis la rentrée, est jouable, puisque les syndicats manipulent les salariés. Mais en tentant d'élargir leur public, ils souhaitent en fait faire la démonstration de leur force.
Or à ce petit jeu, ils ne pensent qu'à leurs petits intérêts, comme le démontre ce tract de Sud-rail qui prétend lutter pour les retraites, mais ne cherche qu'à récupérer sur le dos des étudiants, des familles et des petites entreprises, leurs avantages acquis perdus:
Un journée des dupes très classique
«Il y aura probablement plus de monde que la dernière fois», pronostique une source gouvernementale, comme pour pouvoir mieux expliquer dès ce samedi soir que l'événement n'a pas été aussi spectaculaire que prévu (le 23 septembre, entre 1 et 3 millions de personnes auraient manifesté).
Les syndicats, à l'inverse, font assaut de prudence, comme pour mieux pouvoir parler ensuite de démonstration de force, au-delà de leurs espérances. «On n'affiche aucun objectif parce qu'on vise ceux qui travaillent là où nous, les syndicats, sommes le moins présents, donc la mobilisation est très difficile à prévoir, justifie Éric Aubin, le «M. Retraites» de la CGT. Et ceux qui ont participé aux journées du 7 et du 23 risquent de se dire que c'est au tour des autres.»
Pas sûr non plus que les étudiants se joindront massivement aux cortèges, comme l'un de leurs syndicats, l'UNEF, les y encourage, mais la presse nous garantit qu'ils ne sont guère motivés.
«Notre objectif, c'est de faire aussi bien que la dernière journée», s'est tout de même risqué à déclarer François Chérèque (CFDT) à Libération.
traduction (très) libre
Galop d'essai le 2, avant le 12 octobre
Le prochain grand blocage festif des syndicats est déjà programmé pour le mardi 12 octobre, quoi qu'il arrive, soit à mi-chemin de l'examen du texte au Sénat.
Pourtant, les débats ont commencé mardi à la Chambre haute. En commission, les sénateurs ont procédé à quelques retouches annoncées.
=> Les retraites anticipées pour handicap seront assouplies. Les bénéficiaires actuels de l'allocation équivalent retraite (chômeurs en fin de droits ayant tous leurs trimestres mais pas encore 60 ans) concernés par le report de l'âge légal pourront continuer à la percevoir jusqu'à ce qu'ils soient pensionnés.
=> La commission a fermé la porte à des transferts de ressources entre caisses. L'article supprimé reconnaissait implicitement que, si la réforme doit permettre d'équilibrer globalement d'ici à 2018 le système de retraite, chacune des caisses concernées ne sortirait pas forcément du rouge: la présidente du régime de base des salariés (Cnav) estime en effet qu'il lui manquera encore 4 milliards par an en 2018. Mais, de FO au Medef, les partenaires sociaux ont protesté contre cet article, y voyant la menace d'un siphonnage de l'Agirc-Arrco qu'ils gèrent plutôt bien et le problème n'est donc pas réglé par le nouveau texte.
=> Mercredi 29 septembre, la commission des affaires sociales du Sénat a terminé l'examen du texte sur la réforme des retraites, la délégation aux droits des femmes de la chambre va déposer un amendement pour demander le maintien à 65 ans de l'âge de départ en retraite - sans décote - pour les personnes qui ont arrêté de travailler pour éduquer leurs enfants ou soigner un parent.
=> La délégation souhaite aussi que le calcul de la retraite soit fait sur les 100 meilleurs trimestres plutôt que sur les 25 meilleures années, afin de mieux prendre en compte les carrières morcelées, rapportent Les Echos.
=> L'amendement envisage également la possibilité de valider des trimestres pour les périodes de travail à temps très partiel (inférieur à un mi-temps), et propose un mécanisme qui permettrait aux couples mariés d'acquérir des droits à la retraite communs et de les partager en cas de séparation.
Autant d'annonces qui pourraient démobiliser les promeneurs des samedis syndicaux.
D'ailleurs, il n'est déjà plus guère question d'attirer les femmes dans la rue.
Les jeunes sont le dernier gisement de marcheurs exploitable. Mais se laisseront-ils pigeonner ?
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