La Grèce est paralysée ce mercredi par une grève générale, marquée par des violences
Pour la troisième journée de grève générale depuis le début de l'année, salariés des secteurs public et privé manifestent contre le plan d'austérité négocié par le gouvernement en échange de dizaines de milliards d'euros d'aide internationale.
Environ 25.000 personnes ont manifesté à la mi-journée à Athènes et environ 14.000 à Salonique (nord), soit bien plus qu'en mars dernier, quand 20.000 personnes avaient défilé dans les rues pour les mêmes motifs. "FMI et UE nous volent un siècle d'acquis sociaux", proclamait l'une des banderoles du défilé ce mercredi.
En début d'après-midi, en marge de la manifestation, une succursale bancaire du centre d'Athènes a été incendiée par des cocktails Molotov et de violents affrontements ont opposé des jeunes - marxistes révolutionnaires, pour la plupart - à la police.
La logique méditerranéenne laisse rêveur
La gauche radicale enfonce le gouvernement socialiste
Mardi, 4.000 fonctionnaires avaient déjà manifesté devant le parlement à Athènes pour la plus importante manifestation dans le pays depuis début mars, quand 20.000 personnes avaient défilé dans les rues de la capitale.
Syndicats en pointe
=> La centrale syndicale Adedy, qui représente la fonction publique (300.000 membres) et avait appelé à un arrêt total de l'activité pour mardi.
=> Aujourd'hui mercredi, elle a été rejointe par le GSEE, principal syndicat du privé avec 1 million d'adérents. Avec la CGT française, il est membre de la Confédération syndicale internationale (CSI).
Les deux centrales syndicales dénonçaient les projets gouvernementaux en vue d'économiser 30 milliards d'euros.
Si les sondages montrent qu'une majorité de la population est opposée aux mesures d'austérité préparées par le gouvernement. Les classes populaires et moyennes estiment qu'elles sont les seules à payer le prix de la crise alors que la corruption et l'évasion fiscale restent impunies. Jusqu'ici les manifestations avaient toutefois été assez limitées et généralement pacifiques.
Plusieurs syndicalistes étrangers, notamment des représentants des syndicats français CGT, FO et CFDT, ont fait part de leur solidarité avec les Grecs.
Les partis politiques
De son côté, le Pame, front syndical du Parti communiste (KKE), qui refuse traditionnellement toute manifestation unitaire, a réuni ce mercredi 15.000 personnes sur une autre place de la capitale. Mardi, 200 militants du KKE ont occupé le site très touristique de l'Acropole, à Athènes, où ils ont déroulé une banderole géante disant "Peuples de l'Europe, soulevez-vous".
Les mesures d'austérité
La gestion déplorable du pays depuis plusieurs années, ainsi que la dissimulation au FMI des chiffres réels de l'économie, ont amené à la faillite de l'Etat fragilisé par la crise économique et financière internationale.
La dette publique s'établissait en 2009 à 125 % du PIB pour un déficit public de 13,6 %. La Chine rachète le port du Pirée et l'Arabie saoudite, le premier port de Grèce, celui de Thessalonique.
Le gouvernement socialiste a annoncé des mesures d'austérité, en partie imposées par les pays européens qui ont adopté un plan d'aide financière à la Grèce. Lire PaSiDupes
Ces mesures comprennent notamment les points suivants :
- diminution des primes accordées aux fonctionnaires, dont la suppression des 13e et 14e mois de salaire dans la fonction publique...
- diminution des pensions accordées aux retraités, dont la suppression des 13e et 14e mois de pension;
- réduction des investissements publics et des dépenses de fonctionnement de l'état
- création de nouveaux impôts et de nouvelle taxes,
hausse de 10 % des taxes sur l'essence, le tabac et l'alcool
hausse de la TVA de deux points (23 % contre 21 %, et contre 19 % avant mars 2010)
- recul de 5 ans de l'âge légal de départ à la retraite (passage de ...53 ans actuellement à 65 ans, voire 67).
Ainsi, les acquis sociaux seraient-ils vecteurs de déficit public ? Et de troubles ?
Les enjeux politiques et financiers
Les eurosceptiques reprennent du poil de la bête
Avec le New York Times, ils dénoncent "la faiblesse de la réponse des dirigeants politiques européens comme des responsables des institutions européennes à Bruxelles à la crise grecque". Les premiers "n’ont pas réussi à surmonter leurs intérêts nationaux et à s’entendre rapidement sur une politique cohérente pour faire face au problème." Les seconds, du président du Conseil européen Herman Van Rompuy, au président de la Commission José Manuel Barroso, en passant par Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe, sont restés largement invisibles et silencieux. Résultat, c’est au FMI que revient aujourd’hui »le fardeau de définir un programme de restructuration crédible pour la Grèce » et la crédibilité de l’Union européenne risque d’être durablement compromise. »
Le gouvernement socialiste grec: incompétent mais ingrat
Les leaders de l’Union européenne « ne sont pas à la hauteur », affirmait Theodoros Pangalos, vice-premier ministre grec, en février, à la télévision grecque. « Je crois que si Delors était aux commandes à Bruxelles, Mitterrand en France et Kohl en Allemagne, les choses seraient différentes ».
Le parti socialiste français a voté - à l'unanimité et à main levée - le plan d'aide à la Grèce et la contribution de la France, le 4 mai: lire PaSiDupes
L'Union Européenne solidaire
Pourtant la Grèce devrait bénéficiera bientôt d'un soutien du FMI et de la zone euro sous la forme d'un prêt de 110 milliards d'euro sur trois ans. L'accord, passé sous condition d'une baisse des dépenses publiques, prévoit une réduction du déficit public, de 13,6 % du PIB en 2009 à 2,6 % en 2014.
Pas question de retrousser les manches
Le système économique grec est certes libérale, mais marquée par un important secteur public (40 % du PNB) et, comme plusieurs autres pays méditerranéens, une économie parallèle significative.
"Par cette grève, nous poursuivons notre combat contre des mesures aussi dures qu'injustes, qui frappent les travailleurs, les retraités et les chômeurs", a déclaré le président du GSEE, Yannios Panagopoulos.
"C'est aussi un message aux peuples d'Europe, car ce qui a commencé en Grèce se produira bientôt ailleurs, l'Europe s'étant montrée incapable de faire face à cette crise", a-t-il ajouté.
Evgenia Kavoura, une comptable de 52 ans interrogée dans la rue, veut croire en un changement. "Tout ce que je peux espérer, c'est que cette grève permettra de changer quelque chose", dit-elle. "On serait prêt à renoncer à nos primes si nous étions sûrs que c'est la dernière chose qu'ils nous demandent, si nous étions sûrs que les politiciens nous rendent un jour l'argent qu'ils nous ont volé."
L'état d'esprit de la gauche grecque inquiète l'Europe
Les marchés financiers mondiaux ont chuté ces derniers jours face aux craintes que le plan de sauvetage préparé par l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI) pour la Grèce ne suffise pas à sauver le pays de la faillite.
L'éventualité qu'un scénario "à la grecque" se produise dans des pays comme l'Espagne ou le Portugal a également pesé sur les marchés.
Les Cassandre n'oublient pas de répandre la peur en France
« La Grèce n'est pas dans une situation très différente des autres pays de l'Union. Pour l'économiste Jacques Sapir, la solution est ailleurs. Il faut un contrôle des mouvements de capitaux et une réforme de la Banque Centrale Européenne. »
Marianne ne prend pas ses sources n'importe où: Jacques Sapir, spécialiste de l'histoire économique et de l'économie de l'URSS, est directeur d'études à ...l'EHESS et soutient le Front de gauche, qui regroupe le Parti Communiste Français et le Parti de gauche de Mélenchon.
La responsabilité de la situation grecque est collective
Lire Le Figaro: Qui sont les responsables de la crise grecque ? par Catherine Schlepp. Lien
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Aussi sommes-nous contents de participer au sauvetage...
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