J.-Marc Ayrault accueille Tariq Ramadan à Nantes

L'intégriste serait-il venu apaiser les musulmans ?

Dimanche, près d'un millier de musulmans avaient rendez-vous avec le sulfureux Tariq Ramadan à la mosquée Arrhama de Nantes.

Ramadan manie le double discours lorsqu'il s'agit d'évoquer la place de la religion dans des sociétés laïques. Il est donc considéré par ses détracteurs comme un dangereux agitateur. Petit-fils de Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans, bon sang ne saurait mentir. Lien Wikipedia

Or, il était justement venu parler du "vivre ensemble", mais pourtant sans vouloir entrer dans la polémique du musulman nantais menacé de déchéance de la nationalité française. Lire PaSiDupes

Nous verront sur quels propos se terminèrent cette conférence.

A la fin de sa conférence, à l'occasion du débat en France comme en Belgique sur l'identité nationale ou la burqa provoqué par les affaires en cours, le le professeur controversé a d'ailleurs estimé que le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux "trahit les valeurs de la France" en demandant l'éventuelle déchéance de la nationalité française d'un homme soupçonné notamment de polygamie. Il n'a pas pu se tenir de faire l'amalgame identité nationale-burqa-polygamie.

Si les mosquées de Nantes (pas moins de cinq: Arrahma, Al-Houda, Al-Furqane, Mevalana, Annour) se sont indignées d'une "stigmatisation systématique" et de la médiatisation de l'affaire, pour autant, les fidèles présents dimanche étaient peu enclins à s'exprimer sur le sujet, affichant une étrange sérénité. Certains surfaient au-dessus d'un soi-disant épiphénomène en disant s'en "ficher", d'autres éludaient en feignant de ne "pas avoir suivi" ou jouaient la modération en assurant "ne pas vouloir entretenir le conflit entre les religions".
"Je ne suis pas sûr que le sujet mérite qu'on en parle, on ne veut pas mettre plus d'huile sur le feu, cela a déjà été surmédiatisé", a ainsi expliqué Mourad Sandi, un de ses responsables de la mosquée Arrahma. Telle était clairement la consigne.

Mais, les rebelles ne savent pas attendre l'apaisement, ni le souhaiter.
Un des rares à bien vouloir évoquer cette dramatisation par l'avocat de Liès Habbadj et la presse engagée, Amin s'est plaint "d'être attaqué". "Cette histoire est allée très loin, on est vraiment allé chercher la petite bête, tout cela n'est pas un hasard, on stigmatise toujours". La presse a atteint son objectif: les plus radicaux sont les plus maléables ...

Il est toujours des indécis qui oscillent. "Ce n'est pas ma priorité. Il y a des problèmes de discriminations à régler avant cela", tranche un fonctionnaire de 34 ans, devant la mosquée.

Tariq Ramadan est réapparu à point nommé

On tire sur une boucherie halal et l'odeur de la poudre et il jaillit de l'ombre.
L'affaire d'une amende contestée par une jeune femme portant un niqab, alors qu'elle conduisait début avril à Nantes, avait pris vendredi un tour prévisible. En effet, le ministre responsable de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a logiquement demandé à Eric Besson d'enquêter sur le conjoint, présumé, de la jeune femme verbalisée, qu'il soupçonne de polygamie et de fraudes aux prestations sociales, ainsi que d'appartenir à une mouvance radicale.

Cette affaire de conduite en niqab n'est pas fortuite. C'est à l'évidence une provocation (lire PaSiDupes), au moment où, comme au temps de la réflexion menée avec succès sur le voile à l'école, la classe politique débat sur la nécessité et l'efficacité d'une loi d'interdiction générale du voile intégral, proposée par le gouvernement. Lire PaSiDupes
Pour Tariq Ramadan, qui s'est déclaré à plusieurs reprises contre le port du voile intégral par les musulmanes, mais aussi contre une loi interdisant son port en France, tout cela - au bout du compte - n'est qu'"instrumentalisation" et "surenchère", qui ferait le "beurre du Front National". Il faut noter que cet homme d'influence ne n'incite pas les imams à cesser leur endoctrinement. Se livrant au double jeu qu'il affectionne, il refuse en effet le moyen le plus radical de mettre un terme à la recrudescence du port du voile islamique comme défi au pouvoir en place et n'est pas mécontent de pousser le gouvernement à légiférer pour profiter du mécontentement.

Sur la polygamie, même méthode, mêmes effets
" Etre polygame, c'est illégal et cela ne se fait pas, c'est la loi qui le dit, mais depuis quand un ministre vient dire on va lui retirer sa nationalité ? ", a-t-il lancé. Mais au final, il estime toutefois que le ministre de l'Intérieur du pays qui lui laisse la liberté de s'exprimer "trahit les valeurs de la France". Et depuis quand un provocateur suisse d'origine égyptienne viendrait dire à un ministre d'une république démocratique ce qu'il doit faire.
"L'Islam est devenu une balle de ping-pong entre partis politiques, c'est un sujet usé et abusé", a insisté cet étranger en pays démocratique. Lire PaSiDupes

Le démagogue a enfin souhaité louanger le comportement de la communauté musulmane nantaise, qui a l'intelligence de ne pas "rentrer dans la provocation" et cherché à blesser ses hôtes.

Si vraiment, comme Abdou, 32 ans, qui semble avoir bien assimilé la stratégie, "la religion n'a rien a voir avec la politique, et [si] le premier devoir c'est de vivre ensemble dans le respect de l'autre", le devoir supérieur serait de respecter le code de la route, ses femmes en ne les battant pas (lien PaSiDupes), ses enfants en les laissant circuler librement (lien PaSiDupes), et les us et coutumes du pays d'accueil, ne serait-ce qu'en en montrant son visage et en ne profitant pas de son système social (lien PaSiDupes).