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mercredi 27 novembre 2019

Elabe et BFMTV, à l'offensive contre les grévistes du 5 décembre, au côté de Macron

Le soutien des Français à la mobilisation du 5 décembre serait en "net recul", selon  BFM

La paire BFM-Elabe aurait-elle pris la peine d'annoncer que la mobilisation est massivement approuvée ? 



L'entreprise de sondages Elabe, pilotée par BFM, a sondé par internet des Français sélectionnés (cookies ou adresse IP repérées) sur leur appréciation de la mobilisation du 5 décembre prochain. Et si les sondés sont encore majoritaires à soutenir les grévistes, ce soutien semble s'étioler au fil du temps, selon l'entreprise commerciale de sondages à la demande. 

A quelques jours de la grève du 5 décembre, l'homme d'affaires propriétaire de BFM a investi dans un sondage de complaisance envers la majorité, alors que les sondés ne savent rien, ni du projet flou de réforme, ni de l'ampleur et de la durée des grèves reconductibles annoncées. Alors que les salariés des transports et des services publics ont prévu une journée de mobilisation qui  s'annonce extrêmement suivie, de l'aveu même du premier ministre, ce jour, plusieurs syndicats, dont la CGT, FO, la FSU et Solidaires et quatre organisations satellites de la jeunesse (Unef, UNL, MNL et FIDL) ont également confirmé leur présence afin de s’opposer à la réforme des retraites voulue par le gouvernement. Sans compter une partie de la CFDT (Cheminots et RATP), menacée de scission. 

Ce mercredi, si, soulignant sa volonté de mener cette réforme jusqu'au bout sans transiger sur les régimes spéciaux, tout en assurant "en même temps" être "prêt à la discussion," le premier ministre Edouard Philippe a assuré qu'il n'est pas "tétanisé" par la grève interprofessionnelle qui s'annonce pourtant massive,  Macron la craint et la caricature d'avance. Plus offensif, il s'applique d'avance à la caricaturer, polémiquant sur la défense des acquis sociaux et des régimes spéciaux.

Elabe participe à la pression médiatique de l'Elysée sur l'opinion, mettant en oeuvre un nouveau sondage "L’Opinion en direct" publié ce mercredi. Sans surprise, il assure que les Français sont divisés sur cette grève comme sur les précédentes, mais que leur soutien est en net recul depuis la rentrée de septembre.

Un soutien "encore" (sic) majoritaire 

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A une semaine de la mobilisation, cette nouvelle enquête affirme, malgré une marge d'erreur non précisée, que 53% des Français interrogés approuvent la mobilisation contre la réforme des retraites. Un chiffre en baisse de 11 points en comparaison d'une étude datant de début novembre.
Seulement 30% s'y disent opposés, soit grosso modo les inconditionnels actuels du régime selon les sondages, voire hostiles (+6%), selon les sondages. 
Et 17% indifférents (+5%). 

Parmi les catégories socioprofessionnelles d'actifs interrogées, ce sont les ouvriers et les employés qui semblent les plus enclins à soutenir la mobilisation (66% et 64%) : ils sont aussi les plus vulnérables et exposé à la valeur accordée dans l'avenir au point de retraite. En revanche, les retraités semblent plus incertains puisque 48% la désapprouvent et 42% la soutiennent : ils ne semblent pas être directement visés et menacés. 

Selon leurs préférences politiques, les sympathisants semblent également dans l'expectative et la réforme des retraites "polarise les électorats de l’élection présidentielle de 2017", estime Elabe, dont la référence ne tient pas la route, qu'il s'agisse de l'électorat socialiste ou ex-UMP. Ainsi, l'approbation est plus forte parmi les électeurs de Jean-Luc Mélenchon (81%), de Marine Le Pen (65%) et de Benoît Hamon (64%), ce qui ne fait pas davantage sens en termes de pourcentages. 
En revanche, elle est minoritaire chez les sympathisants de Macron (31%) président apprécié de la "société civile" et des privilégiés et de François Fillon (32%). Cette dernière identification semblant dépassée depuis des années : que les sondés s'en réclament paraît plus que suspect et jette un peu plus le discrédit sur Elabe.

Une grève reconductible ? 

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Le syndicat CFDT-Cheminots a annoncé, jeudi 21 novembre, qu'elle déposera un préavis de grève reconductible à partir du 5 décembre
La durée de la mobilisation est une inconnue qu'Elabe et ses sondés ne semblent pas prendre en compte, relativisant donc ainsi l'intérêt de cette commande par BFM.
Les Français interrogés sont une très large majorité à penser subjectivement que le mouvement va s'inscrire dans la durée (73%), un chiffre en nette hausse, +7%, en comparaison de l'enquête Elabe du 7 novembre pour Les Echos, Radio Classique et l’Institut Montaigne, danseuses médiatiques de Bernard Arnault, l'homme d'affaires propriétaire de LVMH, groupe de luxe
A l'inverse, ils sont 26% à estimer que la mobilisation sera courte.

L'enquête à huit jours de la mobilisation est tendancieuse, voire fallacieuse, puisque fondée sur des a priori et des ressentis et motivée par la volonté de manipuler les Français. 
Elabe prend toutefois des précautions. Le clivage "semble" s'estomper, puisque pour une très large majorité des électeurs de l'élection présidentielle de 2017, comme si le paysage politique n'avait pas été profondément bouleversé, le mouvement sera le début d'une mobilisation d'ampleur dans le temps: 85% (+11) des électeurs de Benoît Hamon, 84% (+6) de ceux de Jean-Luc Mélenchon, 77% (+15) de ceux de François Fillon (faut-il dire à Elabe que le spectre de Fillon ne fait peur à personne et que LR n'est pas son enfant ?), 71% (=) de ceux de Marine Le Pen et 65% (+12) de ceux du banquier Macron.

Macron et son gouvernement pointés du doigt 

La réforme des retraites est un puissant levier de la contestation sociale du régime.
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Sur le fond de la mobilisation, les Français ne font pas confiance à Macron qui, pour 42% des sondés, est l'unique responsable du conflit social provoqué par sa réforme des retraites. 
Ils sont en revanche 24% à estimer que la responsabilité (de la mobilisation ?!) est imputable aux syndicats de salariés et 34% à penser que la responsabilité est partagée, bien qu'ils n'aient rien demandé. Elabe doit relire sa copie !

Et - pendant qu'on en est à intoxiquer l'opinion - cette ambiguïté se retrouve quand on interroge les sondés sur la cause de cette mobilisation. En effet, ils sont à l'évidence nombreux (46%) à penser que la journée du 5 décembre est en réalité une mobilisation globale d'opposition à la politique menée par Macron et le gouvernement (et non par les syndicats ou les partis comme suggéré par les questions précédentes du sondeur).

Ils ne sont que 29% à estimer que cette grève est organisée "avant tout pour défendre les régimes spéciaux" et 24% seulement à penser que cette mobilisation est organisée "contre l'ensemble de la réforme des retraites prévue par le gouvernement." Le mécontentement est donc profond, au-delà même du sujet hyper-sensible des retraites.

Toujours sur le fond de la mobilisation, 7 Français sur 10 se disent pessimistes sur les effets réels de la phase de "concertation" bilatérale du gouvernement avec les parties ces dernières semaines, puisque, selon eux, "tout est déjà décidé" et cette phase "ne sera pas prise en compte." Un chiffre en augmentation, +9%, depuis la précédente étude.
A l'inverse, ils ne sont que 30% (les macroniens) à croire que cette phase de concertation sera prise en compte (-8%).  La défiance des Français grandirait-elle ?

Sondage Elabe réalisé pour BFMTV sur un échantillon de 1006 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. La représentativité de l’échantillon a été assurée selon la méthode des quotas appliquée aux variables suivantes: sexe, âge et profession de l’interviewé après stratification par région et catégorie d’agglomération. Interrogation par Internet les 26 et 27 novembre 2019.

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