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vendredi 15 novembre 2019

Notre-Dame de Paris : indignation de la classe politique aux propos du représentant de Macron

Un dérapage confirmant l'arrogance inspirée de Macron

L'ex-général Georgelin,
représentant spécial du président Macron sur le chantier de la cathédrale, a insulté l’architecte chargé du chantier

Vue du chantier de Notre-Dame de Paris, le 9 septembre 2019.














"Inacceptables" pour les sénateurs, "vulgaire[s]" ou "méprisant[s]" pour d’autres élus : les propos pourraient relever de la faute politique. 
Mercredi 13 novembre, interrogé par la commission des affaires culturelles et de l’éducation de l’Assemblée nationale sur la flèche de Notre-Dame de Paris, le général Jean-Louis Georgelin, représentant spécial du président Macron sur le chantier de la cathédrale et futur responsable de l’établissement public devant le gérer, a insulté Philippe Villeneuve, l’architecte en chef des monuments historiques chargé de la reconstruction de l’édifice médiéval :"Je le lui ai déjà expliqué plusieurs fois et je le lui redirai : qu’il ferme sa gueule et nous avancerons en sagesse pour que nous puissions sereinement faire le meilleur choix pour Notre-Dame, pour Paris et pour le monde."
Article réservé à nos abonMacron « souhaite que chacun retourne au travail »L’Elysée semble pour l’heure vouloir empêcher un nouveau départ de feu qui pourrait s’avérer lourd de conséquences pour les délais de reconstruction de la cathédrale fixés à cinq ans. « Le président de la République ne souhaite pas de polémiques autour d’un enjeu aussi important que le chantier de reconstruction de Notre-Dame, indique l’Elysée, au lendemain de la bévue du général. Il souhaite que chacun retourne au travail dans le calme et le respect de chacun. » Si la création officielle de l’établissement public est prévue début décembre, rien n’est dit, en revanche, sur le traitement qui sera réservé à Jean-Louis Georgelin. Certains affirmant, dans l’entourage présidentiel, que le général aurait été « invité à faire preuve de discernement dans ses interventions publiques et à ne pas s’exprimer pour l’heure dans les médias ».
Nommé en mars 2018, Bertrand Delais est un proche de Macron, notamment pour avoir réalisé deux documentaires sur le président de la République. Pour l'opposition, il est suspect de militantisme pour sa bienveillance à l'égard du chef d'Etat. "50 ans après 1968, un parfum d'ORTF... Nouvel obus contre le pluralisme", a tweeté Clémentine Autain, députée de la France insoumise, pointant une "misère démocratique". "C'est une mainmise du parti présidentiel sur un média", a grogné Alexis Corbière (LFI), qui a été membre minoritaire du comité de sélection du nouveau président.

Vers une salle de garde en terrasse ?
La commission de la culture, de l’éducation et de la communication du Sénat, "tous groupes politiques confondus", a été beaucoup moins tolérante. Elle a publié, jeudi 14 novembre, un communiqué qui préconise implicitement de démettre le général de toute responsabilité dans ce dossier : "(…) Les conditions ne sont désormais plus réunies pour que le préfigurateur soit en capacité de fédérer autour de ce projet d’une ampleur sans précédent les différents acteurs chargés d’entreprendre, dans les meilleurs délais, la reconstruction de ce joyau de notre patrimoine national et de respecter les compétences dévolues à chacun d’entre eux par la loi."

La flèche au cœur du différend

Résultat de recherche d'images pour "georgelin philippe villeneuve"La réaction sénatoriale avait été précédée par celle du ministre de la culture et de la communication, Franck Riester. En dépit de l’inimitié notoire entre la potiche du ministère, et le militaire représentant spécial du président et le garagiste de Coulommiers a déclaré sur Twitter, sans toutefois appeler explicitement à une sanction, que "les propos du général Georgelin à l’encontre de Philippe Villeneuve, architecte en chef des monuments historiques chargé de Notre-Dame (ci-dessus), ne sont pas acceptables. Le respect est une valeur cardinale de notre société. En tant que responsables publics, nous devons être exemplaires", a sermonné le locataire de la Rue de Valois qui a rendu publique son homosexualité et a soutenu le projet de mariage gay à la tribune.


D’autres voix se sont fait entendre, telles que celles du président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, qui fustige "la vulgarité et le mépris de M. Georgelin", ou du maire PS du 4e arrondissement de Paris, Ariel Weil, qui s’avoue "bien heureux en tout cas que Philippe Villeneuve n’ait pas fermé sa gueule à la réunion publique [qu’il avait] organisée la semaine dernière à la mairie du 4e sur Notre-Dame, car ses explications, sa vision et sa parole furent très appréciées."

Le différend entre le général Georgelin et l'architecte Villeneuve porte sur la flèche construite par Eugène Viollet-le-Duc au XIXe siècle, intégralement détruite lors de l’incendie du 15 avril. Tandis que, conformément à la ligne défendue par Macron, l’ancien chef d’état-major est favorable à ce que puisse s’exprimer un "geste architectural contemporain" - qui, en clair, porterait l'empreinte de l'ex-banquier - , Ph. Villeneuve, à l’inverse, est partisan d’une reconstruction à l’identique. Et ne s’est pas privé de le faire savoir, à la différence du militaire, un politique qui fut adjoint au chef du cabinet militaire du Premier ministre, Edouard Balladur (1994-1997).
Sur RTL, au mois d’octobre, Philippe Villeneuve avait d’ailleurs eu une formule claire et "sans détour" : "Le futur, c’est soit je restaure à l’identique, et ça sera moi, soit on fait une flèche contemporaine, et ça sera un autre." L’architecte en chef des monuments historiques avait justifié sa position en référence à la charte de Venise établie en 1964 "qui impose que l’on restaure les monuments historiques dans le dernier état connu".
Le général Georgelin a également méprisé Franck Riester. 
Résultat de recherche d'images pour "georgelin philippe villeneuve"
Lundi 13 mai, ABC News a diffusé les premières images tournées à l'intérieur de la cathédrale Notre-Dame à la suite de l'incendie. D'après Le Figaro, c'est le général Georgelin, chargé de superviser les opérations de reconstruction, qui aurait accordé l'autorisation à la chaîne américaine, guidant même le présentateur vedette David Muir dans l'édifice en ruine. Le tout sans demander l'accord du ministère de la Culture. 
Et l'Edouard Philippe n'a pas pris le parti de son ministre : solidarité, concertation, respect ne sont pas les marques de fabrique de cet exécutif.

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