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jeudi 21 novembre 2019

Grève du 5 décembre : Buzyn dénonce "des revendications très corporatistes" des syndicats

La ministre remue le couteau de la polémique dans la plaie sociale ouverte

Les syndicats rejettent la réforme "parce qu'ils ne veulent pas la disparition d'un régime extrêmement avantageux"


Ces propos polémiques de 
la ministre de la Santé révèlent une fébrilité grandissante parmi les membres du gouvernement, jeudi matin sur Franceinfo, à deux semaines de la grève interprofessionnelle contre la réforme des retraites que le pouvoir macronien veut imposer par décrets.

Alors que la grève du 5 décembre contre la réforme des retraites s'annonce très suivie, voire reconductible dans certains secteurs, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a perdu son éternel sourire de Joconde pour s'en prendre aux syndicats, dont la CFDT, réformiste qui menace de se joindre aux autres. 

"Ce sera une mobilisation importante, nous le savons", a répondu la ministre. 
Cette grève interprofessionnelle est prévue par la CGT, FO, la FSU et Solidaires aux côtés de plusieurs syndicats de la RATP et de la SNCF, d'Air France ou encore du Conseil national des barreaux, qui représente les avocats.

Le gouvernement en tiendra-t-il compte ? 
La ministre n'a manifesté aucun signe d'ouverture:  "Nous verrons", a répondu Buzyn, rappelant que des discussions étaient en cours avec les organisations syndicales sur le futur système universel de retraites à points voulu par Macron en lieu et place des 42 régimes existants. 
Or, le système par points n’est pas une garantie contre la baisse des pensions, puisque leur montant dépend de la valeur accordée au point.

"Ils ne veulent même pas d'une réforme par points, 
Ou plus, du fait du flou entretenu
Buzyn désigne les syndicats à la la vindicte populaire. "Les Français doivent quand même réaliser que ce sont aujourd'hui des syndicats qui défendent des régimes spéciaux extrêmement déficitaires qui sont payés par nos impôts et donc ce sont des revendications très corporatistes", a estimé Buzyn, plus populiste que jamais. "Ce sont des gens qui ne connaissent pas la réforme et qui juste ne veulent pas d'une réforme parce qu'ils ne veulent pas la disparition d'un régime extrêmement avantageux", a-t-elle polémiqué.

La poudre aux yeux gouvernementale plus égalitariste qu'égalitaire 
Interrogée pour savoir si les cheminots sont du niveaux des employées de GAD, selon Macron, et ne connaissent pas la réforme, la ministre s'est esclaffée : "ils ne veulent même pas d'une réforme par points". "Ils ne veulent pas de réforme qui vise à l'universalité, c'est-à-dire que tous les Français soient traités pareil"
En vérité, tous perdants, sauf ceux et celles qui peuvent financer une mutuelle complémentaire privée, de celles qui ne redistribuent d'ailleurs que 60% de ce qu'elles collectent. 

Le gouvernement souhaite "que nous ayons un seul système de retraite unique pour chacun d'entre nous et là, avant même d'avoir un texte de loi [il serait tant en effet de savoir de quoi on parle depuis dix-huit mois], ces régimes spéciaux font grève parce qu'ils veulent garder évidemment leurs avantages acquis" a répété Buzyn en boucle. "Ils ne disent pas 'on n'est pas d'accord avec votre réforme', ils disent 'nous n'en voulons aucune'", a-t-elle caricaturé.
Syndicat réformiste favorable à un système universel à points, la CFDT, a appelé de ses vœux une réforme des retraites systémique qui soit "porteuse de progrès". Mais son patron, Laurent Berger, voit venir une réforme paramétrique et conteste le constat pessimiste sur l'aggravation du déficit des régimes de retraite d'ici 2025 et réfute toute réforme paramétrique sur la durée de cotisation ou l'âge-pivot.
"C'est une réforme porteuse de progrès et
à la condition qu'elle soit juste que soutient la CFDT" a affirmé Laurent Berger à l'issue de la réunion du bureau national de la confédération, qui s'est tenue ce jeudi. Partisane d’un système universel par points pour les retraites, la CFDT a mis la pression sur le gouvernement. Le syndicat réclame "qu'il se positionne clairement et rapidement sur le projet de réforme des retraites qui est en cours de préparation". "Nous demandons au président de la République qu'il applique son programme en mettant en oeuvre une réforme systémique sans réforme paramétrique qui serait inutile, anxiogène et source d'inégalité" a insisté Laurent Berger.
La date d'application de la réforme reste également indéterminée.
Dans cette future réforme des retraites, "tous ceux qui ont acquis des droits jusqu'à la mise en œuvre de la réforme (...), et qui sont entrés dans un système, auront leurs droits totalement préservés", a par ailleurs assuré Buzyn. La réforme des retraites "ne touche pas les retraités actuels, ni ceux qui sont à moins de 5 ans de la retraite", explique-t-elle. Cette réforme a pour but de défendre "les jeunes qui entrent dans la vie active aujourd'hui, qui vont avoir des parcours beaucoup plus diversifiés et qui ne vont pas avoir de statut pérenne toute leur vie", a-t-elle raconté. C'est pour cela qu'"il faut leur assurer un système de retraite qui leur garantisse une retraite correcte". Et on ne sait toujours pas quel système !
"Si le gouvernement veut s'en tenir à une réforme paramétrique, la CFDT s'y oppose," a déclaré Laurent Berger. "Il est grand temps que le gouvernement sorte de son 'ambiguïté. (...) On a besoin de clarté et de lisibilité", a-t-il souligné, dénonçant la "construction politique" que constitue le retour à l'équilibre financier du régime en 2025.
"Nous allons décider de la génération à laquelle" cette réforme "va s'appliquer", lâche Agnès Buzyn, visiblement dans le brouillard, alors que la "clause du grand-père" - qui signifierait que la réforme ne s'applique qu'à ceux qui ne sont pas encore entrés dans la vie active - est rejetée par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux retraites et porteur de la réforme en cours. "Si on fait la 'clause du grand-père' pour une profession, il faut la faire pour tout le monde, question d’équité; ça veut dire que l’on renonce à la réforme." (phrase issue d’un entretien publié dans Le Parisien, le 6 novembre). Il défend l’instauration d’un "régime universel" et on n'en sait guère plus.
Dans le rapport de Jean-Paul Delevoye, il était prévu que la réforme s'applique à ceux nés après 1963, mais la ministre n'a pas écarté la possibilité que ça puisse "être décalé dans le temps". A quel point ? 

En fait, Delevoye et Buzyn évoquent des mesures qui ne sont pas arbitrées.
Mais ils sont à fond pour la réforme que décidera Macron, quelle qu'elle soit! 
Quant aux députés de la majorité, n'en parlons même pas...

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