L’enquête de l’IGPN classée sans suite, malgré une scène rappelant "les heures sombres de notre Histoire"
Oubliées les "années 30" fustigées par Macron et la "peste brune", par Darmanin
Scène filmée en France, le 6 décembre 2019 : des lycéens interpellés sont mis à genoux face à un mur |
Certains y avaient vu des propos appelant au devoir de mémoire, d'autres à un bourrage de crâne, mais aucun organe de presse ne stigmatise l'IGPN. Avec son classement sans suite des mesures disproportionnées et humiliantes de la police de Macron contre des mineurs de Mantes-la-Jolie, la coupe est pleine.
Il fait suite en effet aux blanchiments de deux comportements de François de Rugy comme président de l'Assemblée qui fait bombance entre amis, lequel a pourtant récidivé comme ministre d'Etat. Point commun de ces trois jugements : ils sont prononcés par des instances qui sont juges et parties, puisque des députés ont statué sur des dépenses somptuaires du premier des leurs et la "police des polices", sur des humiliations imposées par ses collègues.
Ces organismes de contrôle, IGPN ou commission d'enquête parlementaire, toutes agissent en interne.
Ils ne servent visiblement qu'à dédouaner leurs pairs (leur président, des repas "professionnels" qui ont eu lieu à l’hôtel de Lassay lorsqu’il était au perchoir de l’Assemblée nationale. Concernant les travaux effectués dans son appartement, c'est Matignon qui diligente une enquête sur les dépenses de son numéro 2, ministre d'tat, mais nous sommes toujours dans le même cas de figure.
La tendance à la déresponsabilisation des acteurs politiques au sommet de l'Etat est pareillement à l'oeuvre avec des instances comme la CRE (Commission de régulation de l'énergie), l'ARCEP (autorité de régulation des communications électroniques et de postes) ou le CSA. A l'instar de Macron, nos responsables politiques n'ont qu'un mot à la bouche "j'assume", ce qui n'a aucun sens dans la mesure où ils se défaussent sur ces autorités et autres commissions qu'on dit "indépendantes", mais qui ont à leur tête des président désignés ou recommandés par l'Elysée ou Matignon...
Une vidéo de la rafle de 151 lycéens en décembre dernier avait fait scandale
On voyait ces adolescents à genoux, mains sur la tête, encerclés de policiers.
A l'IGPN, le malaise est passé...
Enquête classée sans suite, le 26 juillet, jour de grands départs en vacances estivales. La conclusion de l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) après les investigations lancées au sujet, non pas de la vidéo, comme l'écrit une certaine presse, mais des faits choquants qu'elle révèle.
Le document montre l'arrestation le 6 décembre ...2018 de dizaines de lycéens à Mantes-la-Jolie (commune UMP-LR des Yvelines, depuis 1995) par des militaires en armes. Les adolescents - dont le plus jeune avait 12 ans - étaient filmés à genoux, encerclés par les forces de l'ordre casquées, équipées de matraques et de boucliers.
Le syndicat lycéen association lycéenne UNL, puis dix mineurs, avaient déposé plainte, notamment pour atteinte arbitraire à la liberté individuelle, violences volontaires par dépositaire de l'autorité publique ainsi que pour diffusion illégale de l'image de personnes.
Violences urbaines plus graves qu'ailleurs ?
L'enquête avait été ouverte le 12 février et concernait 12 plaintes. Ce vendredi 26 juillet, la procureure de Nanterre, où a été dépaysé le dossier a conclu que " le fait de retenir les personnes interpellées en position à genoux ou assise, entravées pour certaines d'entre elles, apparaît justifié par le contexte exceptionnel de violences urbaines graves et le nombre de personnes devant être conduites dans les locaux de police, nécessitant une organisation matérielle incompressible".
Par ailleurs, les plaignants "placés en garde à vue ont bénéficié des droits légaux attachés au régime de la garde à vue", souligne-t-elle, comme si le respect de la loi était chose extraordinaire.
Les "violences aggravées" dénoncées par quatre mineurs "ne sont corroborées, ni par leurs déclarations ou les observations de leurs conseils, ni par les examens médicaux des médecins légistes, ni lors de leur présentation à un magistrat dans le cadre de la prolongation de leur garde à vue."
Conclusion : il ne s'est rien passé, ni usage du LBD, ni mutilations physiques...
Les "violences aggravées" dénoncées par quatre mineurs "ne sont corroborées, ni par leurs déclarations ou les observations de leurs conseils, ni par les examens médicaux des médecins légistes, ni lors de leur présentation à un magistrat dans le cadre de la prolongation de leur garde à vue."
Conclusion : il ne s'est rien passé, ni usage du LBD, ni mutilations physiques...
Une "non-enquête"
Des adolescents traités comme des résistants sous l'Occupation |
Cette décision du Parquet placé sous l'autorité du ministère de Nicole Belloubet "n'a pas de sens, ni factuel, ni juridique, et elle est sans conséquence sur l'enquête qui se mène", a réagi Me Arié Alimi, avocat des familles et de l'UNL.
Me Alimi a indiqué qu'une vingtaine de nouvelles plaintes a été déposée et qu'un juge d'instruction va être saisi du dossier.
L'avocat a en effet déposé, dès le 6 mai, une plainte avec constitution de partie civile , qui doit aboutir prochainement à l'ouverture d'une information judiciaire. Au milieu de l'été, "cela ressemble plus à des effets d'annonce qu'à des annonces", a-t-il estimé.
Seules "4 victimes" ont été entendues, a précisé l'avocat, qui parle d'une "non-enquête".
Seules "4 victimes" ont été entendues, a précisé l'avocat, qui parle d'une "non-enquête".
"Là encore, il n'y a pas de surprise", a déclaré Yessa Belkhodja, dont le fils est scolarisé au lycée Jean Rostand, porte-parole du Collectif de défense des jeunes du Mantois . Elle évoque elle aussi la saisine prochaine d'un juge. "Concernant les enquêtes préliminaires, la police qui enquête sur la police, on n'y croit pas vraiment".
Une vidéo choc
Le 6 décembre dernier, comme plusieurs villes en France, Mantes-la-Jolie est le théâtre de manifestations lycéennes contre la réforme de l'université. Ce jour-là, le blocus du lycée Saint-Exupéry suscite l'interpellation de 151 adolescents par la police de Macron et Castaner.
Une vidéo de l'arrestation, filmée par un auteur dont on ignore l'identité, est postée sur les réseaux sociaux. On y voit des lycéens à genoux, certains face au mur, les mains sur la tête. D'autres ont les bras attachés dans le dos. "Voilà une classe qui se tient sage", lance une voix moqueuse derrière la caméra.
L’auteur de la vidéo, un "fonctionnaire de police, fait l’objet d’une procédure de sanction administrative, et une action disciplinaire est sollicitée auprès du procureur général de Versailles", a précisé vendredi 26 la procureure de Nanterre.
En revanche, la personne ayant diffusé la vidéo n’a pas été identifiée, "le site hébergeur refusant de répondre à la réquisition judiciaire, au nom de la protection des “droits et libertés des utilisateurs” ".
Dans cette affaire, deux autres enquêtes ont été ouvertes.
Une enquête administrative a conclu à l’absence de "faute" ou de "comportements déviants de la part des policiers", à la mi-juin, selon Brigitte Jullien, la patronne de l’IGPN depuis janvier 2019.
L’enquête du Défenseur des droits, qui s’est lui-même saisi du dossier, est quant à elle toujours en cours.
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