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jeudi 11 juillet 2019

Homéopathie - De peu remboursée, à plus du tout : économies obligent ?...


La Suisse l'avait déremboursée; elle a rétabli son aide aux traitements  de complément

Progressivement, l'homéopathie ne sera plus remboursée d'ici 2021

Résultat de recherche d'images pour "HOMEOPATHIE"D'ici un an et demi, la Sécurité sociale aura cessé de rembourser ne serait-ce que les 30% actuels et les 15% en 2020, a tranché mardi le gouvernement, se retranchant ainsi à derrière l'avis de la Haute autorité de santé (HAS) - dont la ministre Buzyn était elle-même membre depuis mars 2016. La HAS avait livré les conclusions qu'attendait leur consoeur ministre, l'"efficacité insuffisante" de ces produits pharmaceutiques. 

Dès le 1er janvier prochain, les petites granules aujourd'hui remboursées à 30% ne le seront plus qu'à 15%, puis ce taux tombera à zéro dès 2021, a-t-on appris mardi du ministère de la Santé. 

Les laboratoires réclamaient un "moratoire"
Cette courte "période de transition" permettra de "se laisser le temps de la pédagogie" auprès des patients et "laissera aussi le temps aux industriels de s'organiser", a expliqué la ministre de la Santé Agnès Buzyn dans un entretien mis en ligne par Le Parisien, en pleine période de pénurie de certains produits pharmaceutiques.
Un timing désastreux : en France, cela fait plusieurs années qu'il est difficile de trouver certains médicaments (anti-hypertenseurs, vaccins, insuline, par exemple). Face à cette pénurie, liée à la délocalisation de laboratoires français dans des pays à faibles coûts de production et à la montée en flèche de leur consommation dans les pays émergents tel le Nigéria, le gouvernement aux finances déficitaires a chargé la ministre de la Santé Agnès Buzyn de faire des économies sur la santé des Français, lesquels sont pourtant attachés à cette médecine de complément, qui permet notamment aux patients sous chimio de mieux supporter leur traitement ou souffrants de douleurs chroniques de trouver du soulagement.

La ministre a annoncé lundi un plan pour rétablir l'accès à certains médicaments
 
Buzyn s'est efforcée de trouver des compensations à ce déremboursement qui peut impacter sensiblement le budget santé des familles les plus défavorisées. Si le tube d'homéopathie revient à 2,50 euros en moyenne, c'est en effet le plus souvent de cure(s) dont il est question, donc de plusieurs tubes par mois, soit une dépense de plusieurs centaines d'euros par an, de l'ordre de 300 euros. 

Mais les annonces des grands axes de la politique de Buzyn en matière de médicaments ne sont que le constat de dysfonctionnements à faire cesser en urgence: faciliter le signalement des ruptures de stocks, mieux gérer le parcours du médicament du fabricant à la pharmacie - ne réduiront pas la facture des familles : ils rétabliront - peut-être- l'accès libre aux produits médicaux. Telles sont les promesses que Buzyn s'engage à tenir pour mettre un terme aux défaillances actuelles du secteur médical. Or, ces mesures apparaissent déjà insuffisantes aux associations du secteur, alors que, sur le terrain, pharmaciens et patients commencent à gronder.

La ministre adresse donc une fin de non recevoir aux laboratoires, qui avaient plaidé pour un "moratoire" sur la question du remboursement et pour un "débat parlementaire", après la publication fin juin de l'avis scientifique accablant de la HAS.
Evidemment cet organisme chargé d'évaluer les médicaments dispose d'une commission de la transparence ! Et, le 12 juin 2019, surprise, elle avait conclu que les produits homéopathiques n'avaient "pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d'un remboursement". Macron n'en attendait pas moins et Buzyn avait bien mené l'affaire : ne connaît-elle pas parfaitement des arcanes de cette instance dévouée ?
Disant assumer [sic : expliquez moi ce qu'elle entend par là !] le caractère "impopulaire" de cette mesure, Agnès Buzyn estime que la décision de dérembourser n'empêchera pas les médecins de continuer à prescrire de l'homéopathie ni les Français d'en acheter. Preuve que ces Français-là aussi sont des crétins ? 

Comble de l'hypocrisie  macronienne,
la ministre avait à plusieurs reprises affirmé sa volonté de suivre l'avis de la HAS ! 
Créée par Jean-Louis Borloo le 13 août 2004, la Haute Autorité de Santé a la même fonction que la Commission de régulation de l'énergie (CRE, créée par des lois de 2002 et 2003 voulues par Jospin et Raffarin, et dont le premier président, nommé par le gouvernement, fut un protégé de Laurent Fabius), celle de justifier les demandes de hausses des tarifs (électricité comme homéopathie) des ministres.

Le déremboursement de l'homéopathie n'est pas la preuve de son inefficacité

L'avis de la Haute Autorité de Santé en faveur d'un déremboursement de l'homéopathie n'a surpris personne, puisqu'on savait déjà que le gouvernement  attendait d'elle non pas qu'elle déclare les granules et granulés inefficaces, mais "peu efficaces". L'urgence de son besoin de réaliser des économies n'a pas incité le pouvoir à cracher sur les granules: il ne pouvait que jeter la suspicion puisqu'il les a déremboursés pendant de génération en génération et de gouvernement en gouvernement.

Pour protester contre cette décision, les pro-homéopathie organisent des manifestations à Paris et Lyon.
La Haute Autorité de Santé (HAS) va rendre vendredi son verdict officiel sur le remboursement de l'homéopathie, mais Macron et sa presse nous préparent à avaler la pilule sans grimaces. 
Pourtant, les Français accordent toute leur confiance à l'homéopathie. 77% en ont déjà consommé et les trois-quarts d'entre eux sont contre ce déremboursement, selon une enquête Ipsos de novembre 2018. La macronie sera-t-elle crédible en nous disant qu'elle est "à l'écoute des Français et des Françaises" ? De nombreux experts se sont penchés sur l'efficacité de l'homéopathie et aucune de leurs études n'a montré son efficacité. Aucune n'a démontré non plus son inefficacité ! 

Si, sur le plan scientifique (en vérité sur la base politique d'économies de la Sécurité sociale), la question est tranchée, c'est la ministre de la Santé qui aura le dernier mot, mais elle n'aura aucun état d'âme puisque c'est sa demande à la HAS. Agnès Buzyn  s'est déjà engagée à suivre l'avis de la HAS.

Des licenciements ?

Alors,
du côté des pro-homéopathie, la riposte s'organise. Des manifestations sont prévues vendredi à Paris et à Lyon, avec un "chantage à l'emploi", osent écrire Le Point et L'Opinion, Libération et Europe1, notamment. Chez Boiron, leader du marché des produits homéopathiques, on prévient que 1.200 emplois sont menacés du fait d'une chute des ventes, puisque les prix vont augmenter en rapport du déremboursement.  

Mais il est douteux que les Français puissent se détourner de granules qui ont leur confiance. Un sondage Odoxa de fin janvier, montre que 63% des consommateurs ne changeront rien à leurs habitudes, même s'ils doivent payer de leur poche, puisqu'ils en sont satisfaits. Et ce, d'autant plus que l'homéopathie n'est pas suspecte ni d'effets secondaires, ni de risques d'interactions médicamenteuses.

Sacrifier le remboursement de l'homéopathie qui soulage, au profit de médicaments très coûteux qui peuvent nuire ?
Une autre question demeure : pourquoi dérembourser l'homéopathie, alors qu'elle ne pèse que 126 millions d'euros sur les 20 milliards d'euros de budget de la Sécurité sociale ? Au nom du principe d'équité ? D'autres remèdes, comme les médicaments anti-Alzheimer, jugés peu efficaces, ont été déremboursés. Est-il raisonnable d'arguer que tel produit nouveau doit être déremboursé, sur la base d'une efficacité douteuse, pour juger qu'un autre, plus ancien de plusieurs siècles, serait accusé d'efficacité insuffisante, pour des raisons budgétaires ? Les doses répétées de Château Yquem, prises sans modération par François de Rugy, entre amis, sur le compte de l'Assemblée nationale, sont-elles plus efficientes en termes de soins des relations publiques de l'Etat ?   

Faut-il sacrifier le plus grand nombre, et ses "petites" pathologies ordinaires, aux traitement lourds et coûteux de la minorité ? La parité n'est-elle pas requise dans ce contexte de l'homéopathie, comme dans les autres? Il est vrai que de nombreux médicaments très coûteux arrivent sur le marché, notamment des traitements contre le cancer. Ils sont prometteurs, mais leur prix est-il justifié sans le recul nécessaire à leur évaluation ? De même qu'on ne peut tuer l'espoir qu'ils font naître, de même est-il inhumain de priver les malades des bienfaits d'un traitement de complément dans des pathologies également handicapantes, plus souvent qu'on ne veut bien l'admettre dans les milieux de la chimie.  
Mais, si tous les Français veulent continuer à en bénéficier, expliquent les experts (économistes?), il faudra qu'ils renoncent au remboursement de l'homéopathie bientôt, mais aussi à des centaines de produits jugés également peu efficaces.


En termes d'écologie, les associations et autres ONG ont longtemps entretenu le flou sur le danger créé par la consommation d'huile de palme. Alors les non-initiés ont craint pour leur santé, mais  ce que ces organisations ne disaient pas c'est que ce qui leur importe en première urgence, ce n'est pas la santé de leurs semblables, mais celle, au premier chef, de la planète...

 

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