La prudence et la réserve font le bonheur de la gauche et de l'Etat islamique
Le premier débat de la primaire à droite ? BCBG
Le leurre de la gauche et des sondeurs a donné le ton: la prudence
Les sept candidats à la primaire de la droite exposaient hier leurs propositions dans un débat télévisé corseté où aucune sortie de route n'était guère possible. Sur plusieurs grands thèmes, le spectateur a pu juger du comportement des prétendants et d’une partie de leur programme, sans ennui.
La première impression dominante est que la droite la plus bête du monde est plus maligne qu'il y paraît. Les échanges sont restés relativement corrects. Il semble qu’étant donnée la situation du pays, intelligemment mise en valeur en début d’émission, chacun des intervenants ait compris qu’il fallait gommer les querelles personnelles et souligner les différences. Chacun des candidats s’est d'ailleurs engagé à respecter le résultat de la primaire et à soutenir le vainqueur. On peut y croire, tout en s'attendant à un service minimum des perdants: Juppé et Fillon, aigris de nature, ne feraient pas de zèle, et les blessés, tel Copé, pourraient lâcher quelques flèches pour tracer leur route future, mais le débat est enregistré et les engagements resteront opposables.
En choisissant une primaire ouverte, la droite privilégie donc :
- son image, face à une gauche qui n’aurait pas manqué de lui reprocher un défaut de démocratie avec une primaire fermée,
- l'avenir, en préservant indirectement le vote centriste, rassembleur en vue du premier tour où, a priori, il suffira d’être deuxième pour l’emporter,
- l’exposition médiatique entretenue par la possibilité pour tout le monde ou presque de participer à la désignation du candidat qui s'imposera à toutes et tous: la mobilisation du plus grand nombre assure une large implication populaire et le respect des media acquis à la gauche.
Les favoris, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy, se sont montrés très prudents
Entre un ancien premier ministre attentif, mais frileux et un ancien président qui maîtrise jusqu'à sa diction et ne laisse rien passer de la caricature de ses propositions, il n’y a pas eu de grande prise de risque: rien qu'une grande fermeté sur les convictions. Les poursuivants sont, quant à eux, suffisamment loin derrière, qu'il leur a suffi de poser des jalons, quitte à risquer de perdre une place au second tour.
Les poursuivants doivent fournir l’effort derrière Juppé, le leurre de la presse
Mais, eux aussi, ils se sont gardés de toute attaque à risque, si bien que leur ancien a pu paraître dominer le lot.
Ainsi, Bruno Le Maire s’est présenté sans cravate, pour se donner une image plus jeune et détendue, mais son comportement sans compromission, notamment avec les journalistes, a pu agacer la profession.
François Fillon s’est montré pugnace mais sans agressivité, tranquille et sûr de lui, quant il n'était pas en cause, avec la bonne connaissance des dossiers d'un gestionnaire resté dans le mouvement. Sentencieux, aussi.
Bien que souriante, Nathalie Kosciusko-Morizet a souffert d’une image hautaine, peut-être trop policée et trop peu naturelle pour réellement convaincre, mais c'est surtout son discours binaire opposant les hommes du passé aux jeunes pleins d'avenir qui a souligné ses limites.
On a retrouvé le Jean-François Copé des batailles à la tête de l’UMP, celui qui est pugnace et sans peur.
Enfin, l'inconnu du lot, Jean-Frédéric Poisson avait tout à gagner et il a montré une réelle proximité d'homme de terrain avec le peuple et ne s'est pas laissé impressionner par les "éléphants".
Économie et sécurité : de la demande de libéralisme à la tentation de l'austérité
Au plan économique, l’idée que tout ou partie des solutions libérales est parmi les meilleures fait clairement son chemin.
Si Alain Juppé a raté sa réponse à la spectatrice qui l’interrogeait sur la différence avec 1995, il présente certaines mesures plutôt libérales comme la baisse de l’impôt sur les sociétés, tout en renforçant les fonctions régaliennes de l’État.
Nicolas Sarkozy propose une baisse de l’impôt sur le revenu de tous, ainsi que de ramener la dépense publique à 50% du PIB.
La maîtrise de la dépense publique et la gestion des retraites tient aussi une place importante pour François Fillon.
Dans ce domaine, c’est Nathalie Kosciusko-Morizet qui est la grande innovante avec une proposition de flat-tax, pas de nouveaux fonctionnaires en dehors du régalien, la retraite par points et l’incitation au travail indépendant.
Bruno Le Maire propose aussi une baisse du nombre de fonctionnaires et une maîtrise de la dépense publique, mais marque sa volonté d’emprise forte de l’État sur l’économie.
Les autres candidats se sont révélés plutôt étatistes (J.F. Poisson) ou plutôt dans un registre pragmatique, proche des aspirations du Medef (J.F. Copé).
Sur le terrain sécuritaire, on note une abondance de propositions contraignantes.
Alain Juppé s’est prononcé pour le renseignement, la prison et l’État de droit, dans l’optique la plus traditionnelle qui soit vis-à-vis de ces questions.
Face à lui, expulsion de fichés S, retraits de nationalité, interdiction du salafisme et autres mesures de grande fermeté se sont affrontées. Les candidats de la gauche devront jongler avec leur idéologie pour manifester toute la fermeté qu'impose l'époque.
Les élections approchent : les germes du libéralisme renaissent
Aucun des candidats ne s'affiche strictement libéral. Mais lorsque la droite a la possibilité de gagner, elle répond à l'attente de libéralisme économique du monde de l'entreprise et de production de richesse et de pouvoir d'achat pour tous.
Une fois au pouvoir, il y a toujours le risque de l'apparaître moins que prévu. Mais, cette fois-ci, la gauche a échoué dans la générosité à-tout-va, si bien que ses gaspillages sont vécus comme de lourdes pertes pénalisant gravement et durablement l'ensemble.
Quel que soit le vainqueur, il devra réussir le tour de force de satisfaire cette demande libérale, même partiellement, tout en redressant l'économie et en rétablissant la sécurité du pays, en sorte que puissent être mesurés tous les effets positifs du libéralisme.
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