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lundi 17 octobre 2016

Agression d'une proviseure: l'état d'urgence, c'est pour qui ?

La proviseure de Tremblay-en-France découvre que les abords d'établissements scolaires ne sont pas sécurisés

La communication gouvernementale est une intox dangereuse

Maxime Besselièvre, de CGT Educ'action 93, syndicat de lutte situé à l'extrême gauche -internationaliste, anti-libéral, anti-impérialiste, proche de SUD- revient sur les récents épisodes dans plusieurs établissements en Seine-Saint-Denis. "Je suis arrivé à 8h10; la proviseure était à la grille du lycée comme tous les matins. Peu de temps après, on a entendu des cris; on a tout de suite compris. Notre lycée a déjà été attaqué il y a dix jours", se souvient un enseignant du lycée Hélène-Boucher à Tremblay-en-France (93), commune communiste, encore sous le coup de l’émotion. Il ne veut pas que son nom apparaisse dans l’article. Le personnel, dit-il, est parti se réfugier dans le réfectoire, "on est resté confiné en attendant que les secours arrivent."
L’académie de Créteil confirme: "
Un cocktail Molotov a été lancé dans l’enceinte de l’établissement, entre la grille et le bâtiment. La proviseure a été victime de coups de pied et de poings". 
Heureusement, la rectrice s’est rendue sur place et les "équipes mobiles de sécurité ont été immédiatement déployées", indique encore le rectorat, après coup. Cette attaque qualifiée d'"événement" par Libération, s’ajoute à d’autres actes de violences qui ont perturbé ces dernières semaines la Seine-Saint-Denis.

Le rectorat nie : "Les situations ne sont pas comparables"
Il faut distinguer les violences commises par des élèves, de celles venant de l’extérieur, qui relèvent des violences urbaines dont l’Education nationale ne peut pas grand-chose," raconte le rectorat Ce sont pourtant des jeunes déscolarisés -"venus de l'extérieur"- qui commettent des attentats contre les lieux publics, symboles de la République, pendant le temps scolaire. L'obligation scolaire a-t-elle été supprimée ?

En temps de crise, le cégétiste Maxime Besselièvre refuse la langue de bois.
Vendredi, à la différence des autres syndicats, il a adressé un courrier à la ministre de l’Education, cosigné par le représentant du SNES (syndicat enseignant fortement marqué à gauche), pour alerter sur ces faits de violence. 

Vous avez envoyé un courrier vendredi, avant cette agression ce lundi donc… 
Oui, le climat est vraiment tendu depuis la rentrée. Je rappelle qu’un surveillant a été agressé au lycée Suger (établissement public local d'enseignement secondaire et supérieur labellisé lycées de métiers de l'Image et du Son, Saint-Denis où la musique n'adoucit pas les moeurs) début septembre, entraînant un mouvement de grève des enseignants de quinze jours. 
Au lycée d'enseignement professionnel Jean-Moulin (Le Blanc-Mesnil, ville prise par l'UMP au PCF en 2014), une enseignante a été agressée
La semaine dernière, ce sont un proviseur et son adjoint qui ont été touchés, au lycée professionnel de l’Enna à Saint-Denis (PCF)
Et aujourd’hui, ce nouvel épisode de violence, à Tremblay-en-France (PCF). 
Le rectorat souligne que ces agressions n’ont pas de rapport les unes avec les autres… Il y a une volonté de minimiser la situation. 
A chaque agression, le rectorat dépêche un agent dans l’établissement pour la gestion de crise. En soit, c’est une bonne chose. Sauf que par gestion de crise, ils entendent d’abord gestion de la communication, avec rappel des professeurs au devoir de réserve [une intimidation], entendu de manière très stricte. L’épisode de grève des enseignants du lycée Suger, très médiatisé, a déplu au rectorat. Depuis, il y a une pression encore plus forte que d’habitude mise sur les collègues. Pour être plus clair, le ministère veut normaliser la situation de Seine-Saint-Denis. Il répète que des moyens importants ont été déployés pendant ce quinquennat et qu’il n’y a donc plus de problèmes
Mais les problèmes existent encore. Les agressions sont en partie dues à des jeunes extérieurs aux établissements ? 
Non ! Il y a des raisons liées au climat de notre société, c’est évident [surtout quand on est marxiste], mais aussi des raisons directement liées à l’école. Tous les établissements concernés par les violences sont des lycées professionnels ou polyvalents (filières générales, technologiques et professionnelles mélangées: une précision qui n'a pas de sens puisque tous sont ou polyvalents, et peu concernés, ou professionnels, et très perturbés).
Quoiqu’en disent les politiques, la voie professionnelle n’est pas l’égale de la voie générale, les moyens ne sont pas les mêmes, souligne le cégétiste proche du PCF. Les textes prévoient par exemple que pour chaque classe en filière professionnelle, le proviseur ait une enveloppe de dotation de 45 heures d’enseignement par semaine (ce qui veut dire pour les élèves : 34 heures de cours au total, dont dix heures en petits groupes). Nous, à Créteil, on a une enveloppe de 40 heures. Et donc, en pratique, vous avez des lycées qui proposent aux élèves 26 heures de cours, au lieu des 34 réglementaires! [Les heures en atelier sont toutefois à effectifs réduits, ce qu'il ne précise pas]. On le dénonce depuis des années, mais rien ne change [et Vallaud-Belkacem continue de parader devant la presse sans qu'aucun journaliste ne lui apporte la contradiction]. 
Le rapport du Cnesco (le Conseil national d’évaluation des politiques éducatives) a montré de manière éclatante ces inégalités. Il ne faut pas s’étonner ensuite qu’il y ait des actes de violence [le syndicaliste justifie-t-il les violences ?], nos élèves sont parfaitement réalistes sur leur condition et le peu de perspectives à la sortie de leur bac pro. [Faut-il stigmatiser les élèves de bac pro ? Les lycées professionnels ne se réduisent d'ailleurs pas à cette filière]. 

Que demandez-vous dans votre courrier à la ministre ? 
Nous demandons un plan de rattrapage d’ampleur. Il faut plus de personnels d’encadrement dans les établissements, des embauches de CPE notamment. [Ce qui n'a rien à voir avec les agressions aux entrées des établissements, maisimplique la responsabilité de Cazeneuve]. Mais aussi des assistantes sociales, des infirmières. [Qui sont les bénéficiaires de créations de postes calmées par la ministre depuis plusieurs années ?]
Pour nous [syndicalistes conservateurs], l’actuelle mobilisation 'Touche pas ma ZEP', pour le classement des lycées défavorisés dans l’éducation prioritaire a tout son sens. D’ailleurs, dans tous les établissements touchés par les violences ces dernières semaines, le personnel ne demande pas des moyens sécuritaires mais un renfort de moyens humains

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