Juppé, l'homme qui plaisait à la gauche, lui déplaît aujourdhui
Le profil modéré du sémillant maire de Bordeaux convient au pouvoir socialiste
Les sarkozystes l'appelaient "le candidat de la gauche".
Alors que le bureau politique de l'UMP devait valider le processus de la primaire prévue pour novembre 2016, l'Etat-PS ouvrait un boulevard à Juppé. Le septuagénaire s'accommodait fort bien du vote de gauche à la primaire de droite. Il plaide d'ailleurs toujours pour une primaire très ouverte, fixant le minimum à 500.000 votants. Logique, lorsqu'on sait que le maire de Bordeaux séduit d'autant plus la gauche qu'il se dresse entre elle et Sarkozy: dans l'anti-Sarkozysme, tout est bon, comme dans le cochon.
Anti-Juppé en 1995, devenus pro-Juppé en 2015, des militants téléguidés affirme au micro d'Europe 1 n'avoir "jamais voté à droite", mais pourraient être tentés par le centre mou. Et quand on est enseignant, au SNuipp ou au SNES, c'est peu crédible, voire suspect. Mais les socialistes avaient pour le vieux "Sage" les yeux de Chimène, alors que les intellos-bobos veulent balayer les anciens de la politique et qu'il était déjà là il y a 20 ans, quand cette gauche ambiguë faisait grève contre lui, contre son projet de réforme des retraites et de la Sécurité sociale. "Je me souviens d'être allé dans la rue en 1995, comme quoi on peut changer", rigole l'un des anciens combattants de rue. D'ailleurs, "lui a sûrement changé", veut croire ce social-démocrate, pour se donner bonne conscience. "Par le passé, j'ai été très sensible à Rocard, Delors, Bayrou" raconte-t-il à la presse alors avide des mensonges d'anonymes: le secret des sources favorisant la diffusion des bobards.
Alors pourquoi pas Juppé en 2017 ?
Libération fait parler l'homme de la rue. Celui-là est allé voter à la primaire de la gauche en 2011. L'année prochaine, il compte voter à celle… de la droite, notamment pour éviter une candidature Sarkoz, explique-t-il à Libération qui boit du petit lait et le fait partager. "Je ne vois pas pourquoi je n'irais pas défendre certaines idées dans une primaire UMP", argue-t-il. Lui aussi voit alors l'ancien premier ministre comme un recours crédible. "Juppé me correspond plus, au niveau de la personnalité et potentiellement des idées qu'il peut proposer", explique-t-il. "Je pense qu'il peut rassembler au-delà de son parti politique". Tels étaient les éléments de langage de l'Elysée, véhiculés par Libération et ses confrères partisans et pourtant fins analystes.
"Juppé, c'est notre roue de secours", glisse un ténor socialiste.
Même des députés PS trouvent des vertus à Alain Juppé. Avec le raisonnement suivant : si la gauche est éliminée dès le premier tour, mieux vaut que ce soit Alain Juppé qui affronte Marine Le Pen, plutôt que Nicolas Sarkozy. "Juppé, c'est notre roue de secours." "Ça rassure de l'avoir dans le coffre, mais le but, c'est de ne pas avoir à s'en servir !"
"Juppé, c'est notre roue de secours", glisse un ténor socialiste.
Même des députés PS trouvent des vertus à Alain Juppé. Avec le raisonnement suivant : si la gauche est éliminée dès le premier tour, mieux vaut que ce soit Alain Juppé qui affronte Marine Le Pen, plutôt que Nicolas Sarkozy. "Juppé, c'est notre roue de secours." "Ça rassure de l'avoir dans le coffre, mais le but, c'est de ne pas avoir à s'en servir !"
Jusqu’à 10% des anciens électeurs de François Hollande s’apprêteraient à participer au scrutin de fin novembre, titra Libération, le 25 septembre 2016.
Pour la bonne cause: "voter massivement pour Alain Juppé pour faire barrage à Nicolas Sarkozy." Le journal mené par Laurent Joffrin assume son militantisme : " Ils sont sympathisants de gauche, ont tous voté pour François Hollande à la présidentielle de 2012, ont même, pour certains, participé à la primaire du PS en 2011… Et s’apprêtent à s’incruster dans la primaire de la droite et du centre. Non pas qu’ils ont basculé chez Les Républicains mais pour peser sur le scrutin d’en face." Chez les démocrates roses, 'peser' signifiant fausser". A en croire Libération engagé il y a deux mois dans la fabrication d'émulation malsaine, le journal est tombé sur un "acheteur parisien de 32 ans qui a voté Hollande en 2012 [et qui] est loin d’être isolé.". "Dans ma famille, tout le monde va faire pareil." Carole, même âge, tendance écolo, est tout aussi motivée à faire "barrage à Sarko". Plus motivés que Libération, on peine à croire...
Fin septembre, Libération marchait donc chaque matin dans un témoignage encore fumant. "A la primaire on sera 2 ou 3 millions, donc ta voix à la primaire est démultipliée et beaucoup plus forte. On te donne la parole, tu la prends", calcule Yann, "pragmatique" selon Libération. La morale politique de gauche est parfois plus susceptible. "On voit bien que le FN est à la porte", se justifiait encore une soi-disant électrice PS.
Le quotidien se justifie avec de vieux fantasmes. "Lors de la primaire socialiste de 2011, ce risque d’un entrisme des électeurs de droite avait été pointé et, à Solférino, on se perdait en conjectures. Des cadres craignaient (ou espéraient, c’est selon) que ces intrus favorisent Martine Aubry, en y voyant une adversaire plus facile pour Nicolas Sarkozy, ou alors Manuel Valls, pour tirer le débat à droite."
"En fait, résume Libération, prêtant son analyse à une quidam, "c’est presque plus mobilisateur de voter contre Sarkozy [à la primaire] que pour Hollande" au premier tour de la présidentielle. Si bien que, le 2 octobre, Le Figaro s'étonne: "Présidentielle : Juppé, candidat de la gauche ? Et, quand Hollande s'effondre et que le PS doit désespérément se chercher une alternative (Macron, puis Valls ou même Royal !), quelques voix s'élèvent pour mettre les bras cassés en garde: "Électoralement, la stratégie est suicidaire."
L'un des décrypteurs du Figaro craint soudain pour son candidat.
"Juppé risque une 'balladurisation' (en référence à l'échec d'Edouard Balladur face à Jacques Chirac en 1995). Car, généralement, les militants (pour la primaire), mais aussi les sympathisants (et donc les électeurs de la présidentielle), préfèrent les authentiques plutôt que les hybrides… Voter Juppé à la primaire de la droite, est-ce voter utile ?
Le pouvoir socialiste craint maintenant d'avoir joué avec le feu
Depuis le suicide politique de Hollande avec les révélations par deux journalistes du Monde de sa vraie nature cachée, les apprentis-sorciers rétro-pédalent à la façon de leur ex-tête d'affiche.
Chassez la méchanceté du Parti socialiste, elle revient au galop.
Le premier secrétaire du Parti socialiste a qualifié l’ancien Premier ministre " d’arrière-grand-père" présent dans le paysage politique depuis 1974, et de "cheval sur le retour", fustigeant la "soi-disant" modernité sur les ondes de Radio Classique.
Florilège de propos d'amis socialistes"Juppé, ce cheval de retour, serait la modernité incarnée? Mais où on va là? On se moque des Français. Et vous verrez que dans les élections cette question ne sera pas posée", a poursuivi le responsable socialiste, le qualifiant d' "arrière-grand-père" présent depuis 1974Et d’ajouter pour minimiser l’élan de sympathie dont bénéfice l’ancien ministre des Affaires étrangères. "Les Français répondent aux questions qui sont posées (en référence à la bonne image de Juppé dans l’opinion). Et la question qui sera posée lors de l'élection présidentielle, c'est qui est capable de faire face aux problèmes auxquels nous sommes confrontés", a-t-il taclé.
Désormais, le PS lance des appels à ses électeurs pour les inciter à ne pas participer à la primaire de la droite et du centre.
Et Juppé perd son sang froid. Le Parti socialiste a "la trouille" à six mois de l'élection présidentielle, a estimé le septuagénaire au langage d'adolescent, mercredi. "Je pense qu'il y a un peu de trouille dans ce parti", a déclaré l'ancien Premier ministre, candidat à la primaire de la droite et du centre, et favori des sondages, sur France 2. Va-t-il tomber la cravate au prochain débat télévisé ? Demain, il enlève le bas?
"Ce parti socialiste est en perdition aujourd'hui, il n'a plus de chef, plus de candidat, il n'a plus de projet et le chef d'Etat lui-même donne (au parti) des boutons", a-t-il ajouté.
François Hollande a déconseillé aux électeurs de gauche de voter à la primaire de la droite et du centre.
Dans un entretien avec L'Obs publié la semaine dernière, le fantoche de l'Elysée a brandi - il y avait longtemps- le risque de faire disparaître la gauche face au "danger" de l'extrême droite et à une droite qu'il juge réactionnaire et régressive.
Le chef de l'Etat s'en est également pris à Alain Juppé en estimant que son objectif d'une "identité heureuse" n'est qu'"une solidarité malheureuse".
Les coups bas commencent à atteindre l'ex-chéri du PS. Une lettre d'un "fidèle" du président aurait également été adressée à des élus socialistes, dans laquelle est rappelée la condamnation du maire de Bordeaux pour prise illégale d'intérêt en 2004, rapporte BFM TV.
"C'est une réaction un peu de désespoir, le navire est en train de sombrer alors la seule chose qu'on peut faire c'est de taper contre l'adversaire", a estimé Alain Juppé, précisant qu'il ne sollicite plus "les voix de la gauche"...
"Je demande la voix de tous les Français qui veulent l'alternance, qui en ont marre de la gauche, du pouvoir actuel", a déclaré celui qui se prend pour le chef du parti LR. "C'est une primaire ouverte, mais il faudra adhérer aux valeurs républicaines de la droite et du centre".
Selon plusieurs sondages, près de 10% des électeurs de gauche étaient prêts à participer à la primaire des 20 et 27 novembre pour faire barrage à Nicolas Sarkozy.
"C'est une primaire ouverte, mais il faudra adhérer aux valeurs républicaines de la droite et du centre", décide Juppé.
L'appel à une primaire ouverte lancée par Alain Juppé, rejoint par la suite par François Fillon, a été critiqué par Nicolas Sarkozy qui a dénoncé début octobre une "compromission" et une "confusion déloyale".
Les alliés de Juppé sont quelque peu versatiles...
Quant à l'ami Bayrou, il porte la poisse.
Le maire de Pau ne s'est-il pas rapproché de la candidate du PS, royalement battue de six points en 2007, avant de se flatter d'avoir voté Hollande en 2012, trahissant son camp et attirant sur la tête des Français cinq années de malheur.
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