"Je vais rendre la parole à la souveraineté populaire", a indiqué l'ancien président.
Nicolas Sarkozy soumettra à référendum ses propositions de suspension du regroupement familial et de placement en rétention administrative des personnes fichées "S"
représentant une menace potentielle, quand il sera élu président en 2017, a-t-il annoncé vendredi soir.
L'ancien président s'oppose ainsi nettement à Alain Juppé, encore favori de la primaire d'investiture à droite. Invité du journal de 20 heures de France 2, Sarkozy a mis en avant deux mesures de son programme, que le maire de Bordeaux rejette, sous le sceau gaulliste de la "souveraineté populaire". Dans un entretien au Figaro d'août dernier, Juppé avait en effet estimé que la suspension du regroupement familial n'est pas "une attitude humaine". Quant aux "fichés S", s'il juge fondé leur placement en rétention dans l'hypothèse d'une menace, il exige une intervention de l'autorité judiciaire en amont. Nicolas Sarkozy souhaite un contrôle a posteriori du juge, pour permettre une réactivité plus grande à la menace.
Pour mémoire, Cazeneuve envisage de permettre le placement en rétention de toute personne fichée S, "à titre préventif ". C’est ce que révélé en décembre 2015 une "demande d’avis" envoyée par le ministère de l’Intérieur au Conseil d’Etat. Dans le détail, Cazeneuve ouvrait trois pistes d’élargissement de l’état d’urgence: "L’internement administratif des personnes [fichées S], leur placement sous surveillance électronique ou encore leur assignation à résidence. "
"A défaut", permettre de placer les fichés S « sous surveillance électronique » ou de les assigner à résidence. Une proposition de Nicolas Sarkozy au lendemain des attentats, qu’Hollande avait promis d’étudier.
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Instaurée en 1974 en France, l'automaticité du regroupement familial est "un débat sensible, fort, grave, important : je pense qu'il doit être tranché par les Français", a dit Nicolas Sarkozy sur France 2.
"Je poserai donc par référendum cette question le jour du deuxième tour des législatives, le 18 juin 2017 : Est-ce que les Français sont d'accord pour que nous supprimions, nous suspendions le droit automatique au regroupement familial tant que l'Europe ne s'est pas dotée de frontières dignes de ce nom et d'une politique européenne migratoire ?"
Deuxième question, posée le même jour : "Etes-vous d'accord, à l'image de ce que font nos amis britanniques, pour que le ministre de la Sécurité puisse décider de la mise en internement administratif des fichés S les plus dangereux?"
"Donner la parole au peuple, sur des sujets aussi importants, c'est faire le choix de la démocratie", a insisté. l'ancien président.
"Compromission
Vendredi soir également, Nicolas Sarkozy a implicitement dénoncé la "compromission" et la "confusion déloyale" d'Alain Juppé qui a invité les électeurs de gauche à participer à la primaire d'investiture présidentielle de la droite et du centre, au risque de fausser le vote. A la mi septembre, une enquête Harris Interactive pour France Télévisions créditait les deux candidats de 37 % des voix chacun.
L'enjeu de la participation au scrutin des 20 et 27 novembre, pour lequel le maire de Bordeaux, premier parti en campagne, reste favori, attise l'antagonisme entre les deux candidats, au point que le septuagénaire a déclaré jeudi soir sur France 2 que l'ancien président serait pris de "panique" face à des sondages défavorables. Selon la même entreprise commerciale de sondages, pour les chaînes d'Etat France Télévisions, l'enquête publiée le 6 octobre - après l'invitation de Juppé à la gauche à interférer dans le vote de la primaire de la droite - 39 % d’entre eux auraient pour projet de voter pour Alain Juppé au premier tour contre 35 % pour Nicolas Sarkozy.
La primaire, "elle doit être ouverte à tous ceux qui partagent les valeurs de la droite et du centre", a opposé Sarkozy sur France 2. "Je vois année après année, pays après pays, les sondages se tromper. Et ils vont encore plus se tromper là parce que personne ne connaît le corps électoral", évoquant la marge d'erreur des sondages présidentiels actuels -environ 3 à 4 points-, de surcroît sur un échantillon non représentatif. Les commerçants du sondage ne prennent donc pas de risques avec ce dernier en date...
Devenir vieux en France |
"Si on fait des compromis, des compromissions, si c'est la pagaille. Ca conduira à quoi? Quand la gauche et la droite n'assument plus aucune différence, c'est les extrêmes qui en profitent", a-t-il mis en garde, citant les récentes élections en Allemagne et en Autriche.
"La confusion, c'est le contraire de la démocratie", a-t-il fait valoir en renonçant à "polémiquer" sur le sujet avec Alain Juppé. Jusqu'en 2007, Ségolène Royal ne caracola-t-elle pas dans les sondages des "instituts" qui lui étaient proches ?
"Si on demande à quelqu'un qui partage les valeurs de la gauche d'aller signer un document indiquant qu'il partage les valeurs de la droite et du centre, ça s'appelle de la confusion déloyale", a conclu Nicolas Sarkozy.
L'ancien Premier ministre François Fillon, également candidat à la primaire, est favorable,comme Alain Juppé à une consultation la plus ouverte possible. Et pourquoi pas une primaire mettant en concurrence Juppé, Fillon, Valls et Hollande ?
"Qu'est-ce que ça veut dire 'de gauche'? Vous ne naissez pas de gauche. Ce n'est pas une qualité génétique d'être de gauche. On n'a pas chacun une étoile sur son vêtement pour dire 'vous êtes de gauche ou vous êtes de droite'", a-t-il lancé jeudi soir sur BFM TV, dénonçant une discrimination simpliste: vérité en de-ça de Juppé, erreur au-delà ?
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