La présidentielle 2012 a-t-elle désigné le meilleur des deux ?

Les Français commencent à regretter Sarkozy 

Un sondage BVA révèle qu'un Français sur deux estime qu'il a été un "bon" président. 

Et si une majorité souhaite qu'il se retire définitivement de la vie politique, la plupart des sondés n'y croient pas vraiment. Après avoir été injustement accablé par la nébuleuse politico-médiatique socialiste, singulièrement depuis sa déclaration de candidature face à F. Hollande, Nicolas Sarkozy, désormais sur le point de quitter l'Elysée, apparaît déjà sous un jour bien différent aux yeux de beaucoup de Français. 

Un sondage BVA (1) pour Orange, la presse régionale et RTL publié ce vendredi montre ainsi qu'un Français sur deux estime que Nicolas Sarkozy a été un "bon" président, 49% un "mauvais", 1% des sondés n'exprimant pas d'opinion. D'où ce commentaire perfide de Gaël Sliman de BVA qui juge que le président "a très bien fait de soigner sa sortie, par son beau discours de défaite au soir du 6 mai et par sa noble invitation de son successeur à participer avec lui aux cérémonies du 8 mai". Les Français seraient terriblement versatiles, selon ce commentateur qui a donc une bien piètre opinion de ses semblables. A moins qu'il se cherche des excuses sur son action de manipulateur de l'opinion... 

Alors que le président-élu n'a pas encore fait la démonstration que son programme mène le pays à sa perte, une petite majorité de Français (52% contre 44%) souhaite encore que le président sortant se retire définitivement de la vie politique: soit ils le souhaitent à 54% soit ils ne veulent pas croire à 44% que Nicolas Sarkozy a décidé de se retirer définitivement. 

Quant à François Hollande, 56% des Français espèrent qu'il sera un "bon" président, mais près d'un sur trois (28%) s'attend  à un "mauvais" président, 6% attendant de voir. 

Les Français s'inquiètent de savoir si le socialiste disposera d'une majorité 

Sur ce point, ce sondage BVA révèle une autre ambiguïté. 

La gauche serait favorite aux législatives mais elle n'est pas tranquille: l'opération menée par le sondeur consiste en effet à jeter le doute dans l'électorat sur le total des voix dont elle bénéficierait. La manipulation vise à faire à nouveau monter la peur en brandissant le risque que la gauche rassemble un nombre de voix inférieur à celui de toute la droite, Front national compris. 

Le FN sert d'épouvantail, alors qu'à l'inverse, l'extrême gauche est qualifiée de "gauche radicale"... Dans combien de circonscriptions la droite radicale sera-t-elle au second tour ? Se ravisera-t-elle après avoir nui à Nicolas Sarkozy ? La vague rose espérée sera-t-elle portée à l'Assemblée nationale par le FN de Marine Le Pen ? 

Selon cette enquête, la gauche serait créditée de 45,5% des voix pour le premier tour des législatives, contre 49,5% pour la droite, dont 32,5% pour l'UMP et 16% pour le Front national. Marine Le Pen a même fait plus de 18% à la présidentielle. 

Les analystes véreux ne parlent plus de  la volonté du FN  de recomposition de la droite à la faveur des législatives. L'UMP vient en tête des intentions de vote, mais en baisse de 0,5 point par rapport à un sondage effectué au soir du second tour de la présidentielle, ce qui ne justifie donc pas la campagne de peur engagée par la gauche. Elle est suivie du PS et du PRG, avec 30% ensemble, ce qui est une première indication sur l'adhésion réelle de la population au programme du président-élu. Si on y ajoute les intentions de vote attribuées aux écolos radicaux d'Europe Ecologie-les Verts (4,5%) contre seulement 2,26% le 6 mai 2012, les partis de gouvernement ne totalisent en effet que 34,5%, en baisse de 0,5 point par rapport au 6 mai. 

Gonflé des voix de l'extrême gauche (11,5 + 1,74 + 0,25) à la présidentielle, le score de François Hollande aux législatives devrait donc se situer en réalité à environ 48%. Ce qui ne justifie pas vraiment le conditionnement de la population que BVA initie. 

Le Front national cède un point à 16%. "Ce score, s'il devait se confirmer, pourrait permettre au Front national de dépasser dans de nombreuses circonscriptions les 12,5% d'inscrits nécessaires pour se maintenir au second tour", met en garde BVA, désireux de transmettre son inquiétude. 

Le Front de gauche est crédité d'un 10,5%, minimaliste mais déclaré inchangé pour les besoins de la cause, puisqu'il a apporté 11,5% à Hollande à la présidentielle. Le MoDem gagnerait un point à 5%. Mais BVA ne sait pas dire d'où il sort cette estimation forfaitaire. 

1% des personnes interrogées se prononcent pour les souverainnistes de l'UMP, Debout la République. Les partisans de N. Dupont-Aignan sont passés à la trappe, mais les trotskistes du NPA semblent négligeables (0,5%), en état de vie artificielle, alors qu'ils ont fait 1 point de plus le 6 mai. 3% des personnes interrogées n'ont pas exprimé d'intentions de vote et c'estjustement la marge moyenne d'erreur observée et admise dans les sondages... 

La courbe de la gauche est présentée comme défavorable 

A titre de comparaison, la gauche avait totalisé 38% des voix aux législatives de 2007, 40% à celles de 2002, et 47% à celles de 1997. La droite, de son côté, avait recueilli 51% des voix en 2007, 56% en 2002, et 52% en 1997. 

Par ailleurs, 53% des personnes interrogées souhaitent voir dans le futur gouvernement des ministres issus d'EELV (contre 42%, ne savent pas 5%), 49% des ministres issus du MoDem (contre 47%) et 44% des ministres issus du Front de gauche (contre 52%). (1) Sondage réalisé les 9 et 10 mai auprès d'un échantillon recruté par téléphone et interrogé par internet. 

Mais une courbe au départ défavorable peut s'améliorer 

Au départ de la campagne présidentielle, l'écart entre Sarkozy et Hollande était de dix points, mais les courbes se sont croisées et, à l'arrivée, l'écart ne fut plus que de 3 points. BVA nous refait-il le même coup à l'envers ? 

Echantillon de 1159 personnes représentatif de la population française de 18 ans et plus. Les intentions de vote sont établies auprès de 1147 personnes inscrites sur les listes électorales. Méthode des quotas.