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jeudi 7 juin 2007

Lendemain de Présidentielle: commentaires de Rosanvallon

France Culture : la parole à la contre-démocratie
Les propos de Pierre Rosanvallon, l’historien CFDT invité par la radio publique, sont imprégnés de sa théorie mais marqués de modération, au lendemain de la défaite cinglante –avec six points d’écart– de la candidate d’abord donnée victorieuse par les sondeurs à la botte, puis nettement vaincue. Pierre Rosanvallon s'est trouvé tout à coup privé de caisse de résonance. Raison de plus pour lui d’assurer lui-même la promotion de sa théorie de la contre-démocratie et de la faire vivre dans la rue : le 3° tour permanent !...

Vous pouvez écouter longuement le représentant de la gauche CFDT car l’enregistrement comporte aussi les titres et la revue de presse de France Culture du 7 mai 2007, lendemain du 2° tour de l’élection présidentielle
Si l’audition est trop longue (1 h 31), vous pouvez trouver l’essentiel, résumé, de l’entretien.
ENTENDRE

Résumé
La gauche est devenue minoritaire’, observe finement Pierre Rosanvallon, d’entrée.
Il ajoute que Royal a été battue pour ses ratés mais aussi pour ce qu’elle a réussi ! Ca démarre bien…
Sarkozy a été élu parce que ses idées étaient dans les têtes avant d’être dans les urnes: c’est reconnaître implicitement qu’il colle au pays et que le PS en est coupé…
Sarkozy, ‘Gramsci de droite’
Chirac tenait un discours centriste, d’où la rupture de Sarkozy et la reconfiguration de la structure politique
L’analyse ne peut être idéologique : Sarkozy a théorisé des langages et une culture nouveaux. Près de 10% Français se sentent déclassés et veulent être pris en charge individuellement, personnellement, alors que Royal a voulu faire progresser des groupes avec un discours collectif.
La fidélité au passé idéologique d’un parti (socialiste) n’a pas suffi ; netteté idéologique plus grande à droite, moins aboutie par Royal et le PS.
Cette campagne n’a pas été gagnée tactiquement : une rénovation seule ne suffit pas ; un changement de logiciel est nécessaire en matière de culture et de politique. Exemple de l’ école à propos de laquelle le discours dominant souligne un manque d’autorité ; la gauche s’est laissée dépasser; Sarkozy a apporté une réponse alternative à la situation existante pérennisée par la gauche et 30% d’enseignants ont voté à droite
Thème de la démocratie participative est certes un thème nouveau qui démontre que Royal n’a pas toujours été à la traîne mais le discours de Sarkozy est plus construit que celui de Marie-sEGOlène Royal caractérisé par l’exploration, non rationalisée, non finalisée
Rosanvallon se croit conforté dans sa théorie de la crise de représentation et l’appel à la contre-démocratie par le retour du politique et le ‘sacre’ du citoyen exprimé par le taux élévé de participation –en faveur non pas de la gauche souhaitée par ce socialiste CFDT– qui doit néanmoins admettre un ‘moment d’arrêt’ dans le développement de sa théorie
Rosanvallon glisse que Sarkozy n’était pas tête de file, ce qui contredit l’insistance de la gauche en campagne à rendre le candidat responsable du bilan du gouvernement auquel il a participé, pour sa part et à sa place.
Le citoyen va rester vigilant (défiant ?) prédit l’historien CFDT, bien que Sarkozy ait rassemblé bien au-delà de son camp et jusqu’à gauche.
Clivage du pays ? Réconciliation ? Les électeurs de Sarkozy ont voté pour le candidat ceux de Royal ont voté contre le candidat de la droite. Pas de chèque en blanc, pas de retour à la démocratie représentative traditionnelle : la contre-démocratie aurait de beaux jours ! Il y tient…
Les télévisions mettent en scène le rapport du candidat à la foule, selon Pierre Rosanvallon, ce qui peut pourtant être considéré comme naturel au soir des résultats ! Il regrette qu’elles se soient peu consacrées à la réflexion citoyenne. Sur le pavé des grandes villes ?
L’élection ne traduit pas une révolution conservatisme mais la rupture avec le chiraquisme ( valeurs, mérite, travail, autorité) ;
le programme de Sarkozy est un mélange de protectionnisme et de libéralisme. Ce n’est pas la victoire de la droite mais la victoire d’une redéfinition de la droite ; la gauche doit se redéfinir aussi
Olivier Duhamel observe qu’on ose désormais se revendiquer de droite ; et Sarkozy s’est employé à rendre sa fierté à la droite en même temps qu’à la France. La droite était jusqu’alors la non-gauche, définie par rapport à la gauche. Cette fois, la droite est conquérante.
Pierre Rosanvallon rectifie : Ce n’est pas la droite éternelle ! Ce n’est plus une droite négative et anti-communiste; elle est devenue la droite du changement post-communiste.
Adler évoque l’Algérie Française sans établir de parallèle et il souligne que Sarkozy n’a pas de cadavre dans le placard, à la différence de la gauche
O. Duhamel : c’est tout sauf une droite réactionnaire
; une droite nouvelle de réforme est apparue. Victoire d’une droite qui s’assume
Victoire d’un homme ou d’un camp ?
O. Duhamel : on a affaire à un animal politique de grande envergure à la volonté farouche et avec un talent à l’exécution
Pour minimiser l’ampleur de la nouveauté, rappel de 1974 avec Giscard d’Estaing qui a relancé le centre-droit
Adler note la capacité de Sarkozy à se projeter. Il croit en outre au politique. Il n’appartient pas à l’aristocratie politique : rappel de son origine hongroise et qu’il fut victime de la xénophobie : il représente bien les classes moyennes exclues
Rôle de Guaino
P. Rosenvallon : Sarkosy et Royal ont renouvelé les discours dans un effort de recomposition. Sarkozy a associé des éléments contradictoires et a ainsi séduit des populations différentes, gagnant avec une certaine somme d’ambigüité : gouverner permettra de réduire celle-ci.
Risque de déficit budgétaire dans l’effort de réalisation : baisse du chiffre du chômage et risque de stigmatisation des pauvres qui seront reconnus coupables et non comme les victimes qui subissent un système.
Ph. Adler pointe l’empiètement de Sarkozy sur les terres du FN et la polygamie qui n’est pas un problème majeur (sauf pour les femmes et les enfants !)
P.R. : la droite se recompose par absorption du FN . (Insinue-t-il que l’UMP se ‘frontise’ ?)
Alain-Gérard Slama juge avec des critères actuels la mise sur la place publique de la vie personnelle de Sarkozy (à la différence de De Gaulle : autres temps, autres mœurs !)
Discours moralisateur avec rhétorique nouvelle
Retour du Gaullisme ? Plutôt que le retour du religieux, inversement proportionnel au dépeuplement des églises ; plus de parti clérical ; le catholicisme est moins en cause que le retour à une politique émotionnelle du fait d’un déficit de rationalité ;la référence à une histoire est émotionnelle
Mobilisation de la peur des deux côtés ? Identification à un candidat et rejet d’un autre, ce dernier phénomène serait structurant
Alain-Gérard Slama souligne que les critères étaient objectifs mais sont devenus subjectifs.
A Bercy, Sarkozy traita Mai 58 en termes de liquidation à la façon de G. Orwell et souhaita la fin de la pensée unique (Rosanvallon stigmatise cette vision et en donne une analyse réductrice comme étant pour la droite simplement la pensée de l’autre!…)
Moment de différence à Bercy mais d’unanimité et concorde dans les autres discours de Sarkozy.
Prise en compte des classes moyennes : la référence à l’identité nationale propose une reconnaissance concrète et pratique qui satisfait les classes moyennes
3° tour social ? demande en termes d’emploi et d’éducation

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