Inqualifiable Anne–Marie Comparini
En règle générale, il est inconvenant de dire ce que tout le monde pense. Un obèse ne souffre que d’une surcharge pondérale que l’ont qualifie généralement de ‘petite’ et l’aveugle est un non- ou mal-voyant, ce qui rend son problème tellement plus supportable. Il est d’ailleurs parfois inutile de souligner ce qui saute aux yeux.
Mais ça ne se voit pas nécessairement, et spécialement en politique. On observe même que ça se voit assez peu, tant une part importante du jeu médiatique consiste à tromper son monde. Prenez Royal, au hasard ! Au début, la presse s’est extasiée : elle ne fait pas ses 53 automnes. Elle arbore un large sourire en permanence, certes figé, mais on peut s’y laisser prendre, un temps : les dents ont d’ailleurs été rectifiées, le nez réduit et l’ovale du menton rendu moins agressif. La psychologie de l’individu s’en trouve-t-elle pour autant améliorée ?
Mais le peuple ne doit pas savoir ce qui se cache sous l’emballage. Il arrive pourtant que certains, qui savent ce que cache le papier cadeau, se lassent de cette tromperie sur la marchandise et révèlent ce qu’il dissimule. Alors, tandis que les couloirs de l’Assemblée Nationale ne retentissent jamais, au grand jamais de noms d’oiseaux, Patrick Devedjian a traité de "s*l*pe" Anne-Marie Comparini, ex-député UDF, (c'est elle à gauche) une des rares centristes à se fourvoyer avec Bayrou et une des nombreuses à prendre une gamelle à la dernière législative. Et les autres de s’indigner car bien que privés, ces propos ont été révélés dans un reportage diffusé mercredi par la chaîne TLM, dans la région lyonnaise où règne Comparini. Il faut dire que ce joli mot de la langue française est inusité sur les chaînes de télévision où les ‘jeunes’ enfants des écoles ne peuvent pas l’entendre dans toutes les langues. Qu’ils sachent qu’ils peuvent découvrir le mot ici ‘flouté’ sur internet mais qu’ils ne doivent pas l’employer en public, pas même en privé, dans leur chambre, nationale ou pas. Protégeons la jeunesse ! Et c’est valable pour les ‘jeunes adolescents’ fraîchement élus députés à 28 ou 29 ans : qu’ils n’imitent pas les vieux !
On y voit Renaud Muselier, député PACA, présenter à Patrick Devedjian, devant le palais Bourbon, Michel Havard (UMP) qui a battu Mme Comparini (MoDem) aux législatives 2007. Après avoir félicité l'élu, P. Devedjian lâche: "Cette s*l*pe!", ce qui est tout à fait naturel entre frères de combat, au lendemain de la bataille. S'il s'agit bien de la dame, le mot ne lui est pas adressé: c'est là toute la nuance, que certains ne veulent surtout pas faire!
Les premières réactions ont fusé tard jeudi. P. Devedjian a publié un communiqué affirmant "regretter profondément son interjection déplacée à l'égard de Mme Comparini". Il a téléphoné à l'élue pour s'excuser.
Excuses qu'il a dû réitérer vendredi : A.-M. Comparini en est gourmande et en a repris. Elle a en fait exigé une contrition publique et que cet homme se flagelle. Il fallait selon elle que nul n’ignore les qualités qui lui sont attribuées. "Je ne suis pas machiste, je suis avec beaucoup de femmes autour de moi", a déclaré P. Devedjian lors d'une conférence de presse, avant de reconnaître que ses propos étaient "une faute".
Et nous y voilà ! Le machisme… L’égalité des sexes ne s’applique pas uniformément. Devedjian se doit de préciser qu’il n’est pas machiste. La ‘femme debout’ ne voulait déjà pas être la candidate des femmes, mais tout de même un peu des femmes battues, et se plaignait qu’on osât lui poser des questions de femmes. En revanche, en privé, entre hommes et parce qu’il est un homme, Devedjian n’aurait pas le droit de dire ce qu’il pourrait dire de B. ou de R. –attention, les oreilles ennemies nous écoutent– ou que Comparini est une blonde, et ce qu’il veut, parce qu’on ne peut dire ce qu’on veut entre soi. Ce mot doux, laconique et populaire, n’était pas directement adressé à la dame, ni fait pour être publié. Or, on aurait pu en effet choisir de préserver la dame, mais on a préféré diffuser le document. Pour la protéger ? A-t-on choisi délibérement de sacrifier Comparini ?
Attention à ce que vous dites à la buvette de l’Assemblée Nationale : les murs ont plus que jamais des oreilles ! Interdit en tout cas de diaboliser ou ridiculiser la gauche ! ‘Ignoble’, c’est charmant et distingué rue de Solférino. De plus, Sarkozy n’est qu’un vil étranger, de droite, il faut dire, et c’est donc tant pis pour lui. La délicatesse de ces propos n’a pas produit tant de volume.
L'insulte a été accueillie avec satisfaction par l’opposition et a provoqué une cascade de réactions chez les vertueux, et les autres, comme il convient dans une société policée – et non point policière car il ne s’agit pas des écoutes policières de la belle époque Mitterrand. A seigneur tout honneur. Nicolas Sarkozy s’est exprimé : "Ce n'est pas une façon de parler aux femmes, ni à qui que ce soit d'autre", a déclaré le président, en toute équité, en marge d'un déplacement sur les terres d'élection (perdue) de la sensible Comparini. Interrogé sur d'éventuelles sanctions, le Président a toutefois souligné que le responsable de son parti "s'est excusé".
"Il n'est pas tolérable qu'on puisse qualifier (ainsi) une femme, politique ou pas", a renchéri la Garde des Sceaux, Rachida Dati. Pour les hommes, ça va, on peut y aller, c’est donc une autre histoire : on peut encore se lâcher dans les vestiaires et les troisièmes mi-temps. Devedjian devait s’y croire : n’est-ce pas la 3° défaite socialiste ? Comme on demandait à La Garde des Sceaux si P. Devedjian pouvait être passible de poursuites, et être soumis au supplice de la roue?, elle a refusé de s'exprimer davantage.
Marielle de Sarnez, qui n'en est pas une, tout en étant bras droit de Bayrou, à défaut d'être le lobe droit de son hémisphère gauche, a saisi l’occasion de sortir de l’oubli et a dénoncé -devant la presse- des "propos très choquants, révélateurs d'un comportement politique, d'un non respect".
Les groupes UDF (?), PC-Verts, PRG, non apparentés ainsi que quatre éluEs UMP du Conseil régional Rhone-Alpes -dont Comparini est encore un peu membre- ont également "condamné avec la plus grande fermeté (des) propos inqualifiables", dans une …motion. FN et UMP, à l'exception des quatre élues, n'ont pas pris part au vote.
Croyez-vous que Sa Cynique Majesté Royal a pu rester au-dessus de la mêlée ? L'ex-candidate socialiste à la présidentielle est bien évidemment sortie de son silence : elle n’a délégué ni à Boutih-le-petit, ni à Montebourde et a téléphoné à Comparini pour l'assurer de son soutien. De source très officieuse, la malheureuse ex-UDFest tellement ébranlée qu’elle aurait pris un congé de maladie, mais rien n’est confirmé…
Sa Cynique Majesté Royal n’avait-elle pas pourtant été quelque peu embarrassée pendant les primaires socialistes par la diffusion de propos –publics, ceux-là, dans une section locale du PS– sur l’augmentation du temps de travail des enseignants, qu’il fallait taire ?
Il reste que ce n’est pas bien de dire du mal des s*l*pes, si ça existe. Mais il s’est excusé, alors l’honneur, les bonnes manières et l’hypocrisie sont saufs. Tout va bien, Comparini n’est donc pas ce que Devedjian a dit.
Mais ça ne se voit pas nécessairement, et spécialement en politique. On observe même que ça se voit assez peu, tant une part importante du jeu médiatique consiste à tromper son monde. Prenez Royal, au hasard ! Au début, la presse s’est extasiée : elle ne fait pas ses 53 automnes. Elle arbore un large sourire en permanence, certes figé, mais on peut s’y laisser prendre, un temps : les dents ont d’ailleurs été rectifiées, le nez réduit et l’ovale du menton rendu moins agressif. La psychologie de l’individu s’en trouve-t-elle pour autant améliorée ?
Mais le peuple ne doit pas savoir ce qui se cache sous l’emballage. Il arrive pourtant que certains, qui savent ce que cache le papier cadeau, se lassent de cette tromperie sur la marchandise et révèlent ce qu’il dissimule. Alors, tandis que les couloirs de l’Assemblée Nationale ne retentissent jamais, au grand jamais de noms d’oiseaux, Patrick Devedjian a traité de "s*l*pe" Anne-Marie Comparini, ex-député UDF, (c'est elle à gauche) une des rares centristes à se fourvoyer avec Bayrou et une des nombreuses à prendre une gamelle à la dernière législative. Et les autres de s’indigner car bien que privés, ces propos ont été révélés dans un reportage diffusé mercredi par la chaîne TLM, dans la région lyonnaise où règne Comparini. Il faut dire que ce joli mot de la langue française est inusité sur les chaînes de télévision où les ‘jeunes’ enfants des écoles ne peuvent pas l’entendre dans toutes les langues. Qu’ils sachent qu’ils peuvent découvrir le mot ici ‘flouté’ sur internet mais qu’ils ne doivent pas l’employer en public, pas même en privé, dans leur chambre, nationale ou pas. Protégeons la jeunesse ! Et c’est valable pour les ‘jeunes adolescents’ fraîchement élus députés à 28 ou 29 ans : qu’ils n’imitent pas les vieux !
On y voit Renaud Muselier, député PACA, présenter à Patrick Devedjian, devant le palais Bourbon, Michel Havard (UMP) qui a battu Mme Comparini (MoDem) aux législatives 2007. Après avoir félicité l'élu, P. Devedjian lâche: "Cette s*l*pe!", ce qui est tout à fait naturel entre frères de combat, au lendemain de la bataille. S'il s'agit bien de la dame, le mot ne lui est pas adressé: c'est là toute la nuance, que certains ne veulent surtout pas faire!
Les premières réactions ont fusé tard jeudi. P. Devedjian a publié un communiqué affirmant "regretter profondément son interjection déplacée à l'égard de Mme Comparini". Il a téléphoné à l'élue pour s'excuser.
Excuses qu'il a dû réitérer vendredi : A.-M. Comparini en est gourmande et en a repris. Elle a en fait exigé une contrition publique et que cet homme se flagelle. Il fallait selon elle que nul n’ignore les qualités qui lui sont attribuées. "Je ne suis pas machiste, je suis avec beaucoup de femmes autour de moi", a déclaré P. Devedjian lors d'une conférence de presse, avant de reconnaître que ses propos étaient "une faute".
Et nous y voilà ! Le machisme… L’égalité des sexes ne s’applique pas uniformément. Devedjian se doit de préciser qu’il n’est pas machiste. La ‘femme debout’ ne voulait déjà pas être la candidate des femmes, mais tout de même un peu des femmes battues, et se plaignait qu’on osât lui poser des questions de femmes. En revanche, en privé, entre hommes et parce qu’il est un homme, Devedjian n’aurait pas le droit de dire ce qu’il pourrait dire de B. ou de R. –attention, les oreilles ennemies nous écoutent– ou que Comparini est une blonde, et ce qu’il veut, parce qu’on ne peut dire ce qu’on veut entre soi. Ce mot doux, laconique et populaire, n’était pas directement adressé à la dame, ni fait pour être publié. Or, on aurait pu en effet choisir de préserver la dame, mais on a préféré diffuser le document. Pour la protéger ? A-t-on choisi délibérement de sacrifier Comparini ?
Attention à ce que vous dites à la buvette de l’Assemblée Nationale : les murs ont plus que jamais des oreilles ! Interdit en tout cas de diaboliser ou ridiculiser la gauche ! ‘Ignoble’, c’est charmant et distingué rue de Solférino. De plus, Sarkozy n’est qu’un vil étranger, de droite, il faut dire, et c’est donc tant pis pour lui. La délicatesse de ces propos n’a pas produit tant de volume.
L'insulte a été accueillie avec satisfaction par l’opposition et a provoqué une cascade de réactions chez les vertueux, et les autres, comme il convient dans une société policée – et non point policière car il ne s’agit pas des écoutes policières de la belle époque Mitterrand. A seigneur tout honneur. Nicolas Sarkozy s’est exprimé : "Ce n'est pas une façon de parler aux femmes, ni à qui que ce soit d'autre", a déclaré le président, en toute équité, en marge d'un déplacement sur les terres d'élection (perdue) de la sensible Comparini. Interrogé sur d'éventuelles sanctions, le Président a toutefois souligné que le responsable de son parti "s'est excusé".
"Il n'est pas tolérable qu'on puisse qualifier (ainsi) une femme, politique ou pas", a renchéri la Garde des Sceaux, Rachida Dati. Pour les hommes, ça va, on peut y aller, c’est donc une autre histoire : on peut encore se lâcher dans les vestiaires et les troisièmes mi-temps. Devedjian devait s’y croire : n’est-ce pas la 3° défaite socialiste ? Comme on demandait à La Garde des Sceaux si P. Devedjian pouvait être passible de poursuites, et être soumis au supplice de la roue?, elle a refusé de s'exprimer davantage.
Marielle de Sarnez, qui n'en est pas une, tout en étant bras droit de Bayrou, à défaut d'être le lobe droit de son hémisphère gauche, a saisi l’occasion de sortir de l’oubli et a dénoncé -devant la presse- des "propos très choquants, révélateurs d'un comportement politique, d'un non respect".
Les groupes UDF (?), PC-Verts, PRG, non apparentés ainsi que quatre éluEs UMP du Conseil régional Rhone-Alpes -dont Comparini est encore un peu membre- ont également "condamné avec la plus grande fermeté (des) propos inqualifiables", dans une …motion. FN et UMP, à l'exception des quatre élues, n'ont pas pris part au vote.
Croyez-vous que Sa Cynique Majesté Royal a pu rester au-dessus de la mêlée ? L'ex-candidate socialiste à la présidentielle est bien évidemment sortie de son silence : elle n’a délégué ni à Boutih-le-petit, ni à Montebourde et a téléphoné à Comparini pour l'assurer de son soutien. De source très officieuse, la malheureuse ex-UDFest tellement ébranlée qu’elle aurait pris un congé de maladie, mais rien n’est confirmé…
Sa Cynique Majesté Royal n’avait-elle pas pourtant été quelque peu embarrassée pendant les primaires socialistes par la diffusion de propos –publics, ceux-là, dans une section locale du PS– sur l’augmentation du temps de travail des enseignants, qu’il fallait taire ?
Il reste que ce n’est pas bien de dire du mal des s*l*pes, si ça existe. Mais il s’est excusé, alors l’honneur, les bonnes manières et l’hypocrisie sont saufs. Tout va bien, Comparini n’est donc pas ce que Devedjian a dit.
Mais est-il permis de le penser ?
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