POUR

LA &nbsp LIBERTE &nbsp D' EXPRESSION

Free speech offers latitude but not necessarily license

dimanche 22 septembre 2019

Convergence des mécontentements : soirée de tensions sur les Champs-Elysées samedi

Nouveau parti-pris de la presse contre les Gilets Jaunes, alors que trois manifestations se déroulaient à Paris ce samedi   

Les manifestants ne pouvaient être partout à la fois...
 

L’image contient peut-être : texte
L'Acte 45 des Gilets Jaunes s'est déroulé un samedi de toutes les contestations à la politique de Macron, ce 21 septembre : 16.000 personnes ont participé à la marche pour le climat et 6.000 autres ont défilé contre la réforme des retraites. Malveillant, Le Figaro parle pourtant d'un "acte incandescent" et de forces de l'ordre "sur le qui-vive" face aux Gilets Jaunes qui ont évalué leurs participants à 91.430.

A Paris, l'acte 45 des gilets jaunes "anesthésié par la force" : 
la liberté de manifester étouffée. 

Avec
un déploiement dans la capitale de forces de police et de gendarmerie équivalent à celui du 1er Mai dernier, les manifestants se sont vu opposer contrôles et verbalisations à tour de bras dès les premiers rassemblements du matin. Il n'est pas encore 9h15 sur une place de la Madeleine bunkerisée (la plupart des commerces sont fermés et calfeutrés) quand une cinquantaine de motos vrombissantes sont lâchées, surmontées d’une doublette policière sur le pied de guerre. A l’arrière, ces "voltigeurs" modèle 2019, le visage souvent masqué, exhibent leur équipement: matraques, lanceurs de balles de défense, caméras pour ceux chargés de filmer les visages des manifestants…
Manifestation des Gilets Jaunes devant la gare Saint Lazare
à Paris, le 21 septembre




Après un premier passage des motards de Castaner, vient un second pour impressionner la foule, et le ton est donné : celui d’un samedi où  les forces de l’ordre marquent les piétons à la culotte, parisiens ou touristes, d'ici et d'ailleurs, de quoi empêcher les commerçants de commercer. Les "quelques dizaines de manifestants" (selon Libération) – Gilets Jaunes et organisations altermondialistes – voient leurs velléités de "convergence des luttes" contrariées. A peine un attroupement se forme-t-il que les gendarmes mobiles se jettent sur eux pour rappeler l’interdiction préfectorale d’un rassemblement statique, enordonnant à tous de se disperser.







A la différence des touristes, les Franciliens ne sont même plus étonnés. 
"Ce genre de dispositif, on y a été habitués petit à petit depuis les défilés contre la loi travail en 2016, se souvient un vingtenaire. Depuis qu’on est arrivé à la gare Saint-Lazare ce matin, j’ai subi quatre contrôles d’identité, dont un où le policier m’a attrapé le sexe pour s’assurer que je ne dissimulais rien.

Cette fébrilité du pouvoir et le contexte "anxiogène" créé par la presse aux ordres ne dissuade pourtant pas les Français de conviction de continuer à se mobiliser : "Ça fait longtemps qu’on espère que les luttes sociales et celle pour la justice climatique se rejoignent. Il faut un catalyseur." Une jeune femme craint toutefois que la "parade policière", qu’elle ressent comme "terrifiante", ne finisse par dégoûter les participants, une crainte prêtée à des anonymes isolés mais réitérée par les journalistes depuis que le mouvement existe. Arrivés au 45e samedi, ils n'affirment plus en revanche que le mouvement  s'essouffle... "Leur intimidation fonctionne, plein de gens ne sont pas venus à cause de ça", raconte un journaliste inconnu qui a vu la copine de l'homme qui a vu l'ours.

Rue barrée par un cordon de policiers postés devant l’église de la Madeleine avant la manifestation des Gilets Jaunes prévue l'après-midi.
"Dictature en marche !"
Une quinquagénaire irréductible explique que les Gilets Jaunes ont "la rage au ventre": "C’est pas normal d’être empêchés de défendre nos combats pour la justice sociale, le climat, et tout simplement la liberté." La vue des policiers lourdement équipés la fait hésiter à s'avancer vers le cordon policier, de peur d’être "nassée". "Je ne suis pas là pour casser, juste pour défendre un monde meilleur pour mes petites-filles", gronde-t-elle.

Contrecarré dès son coup d’envoi, l’acte 45 des GJ se lance avec peine. 
Plusieurs tentatives de lancement de défilés sont improvisées dans les rues des VIIIe et IXe arrondissements, au cri de ralliement habituel du mouvement, "Ahou, Ahou, Ahou !". Boulevard Haussmann, une petite centaine de personnes tente de s’organiser en cortège, ne bloquant pas plus la circulation que les forces de police. Mais, très mobiles et autonomes - puisqu'elles n'attendent plus les ordres pendant dix minutes et se sont motorisées - , elles parviennent vite à le disperser, utilisant même quelques capsules de gaz lacrymogènes contre des éléments pacifiques. 
Sous les huées de la foule ("Honte à vous !", "Dictature en marche !"), les forces de police bloquent les principaux axes de circulation, empêchant les manifestants de se rassembler, mais aussi les commerçants de faire leurs affaires.

Un groupe de GJ venus du Morbihan pour défendre la "justice fiscale" et le "pouvoir d’achat" - ce que les marcheurs pour le climat font oublier -, arrivés à peine depuis dix minutes aux abords de la gare Saint-Lazare, ont les yeux rougis et humides par les lacrymos. "C’est de pire en pire, on n’a même plus le droit de manifester", soupire une femme. 
D’autres, des Alsaciens, ne décolèrent pas : "La police n’est plus là pour protéger les manifestants, comme le disait Macron, mais pour les empêcher de venir. C’est à cause de ça que les gens deviennent fous, on n’a plus de libertés."

Devant la gare Saint-Lazare, ce samedi 21


A midi, les services de la préfecture de police de Paris se félicitent déjà de 1.249 contrôles préventifs (certains manifestants  en ont subi jusqu’à 4 ou 5), 104 verbalisations et 90 interpellations. Des chiffres qui trahissent les consignes d’étouffement du mouvement social par la force du nombre. 
Quelques minutes plus tard, trois secouristes observent qu'en cette fin de matinée, ils n’ont pas encore eu à déballer leur kit de premiers secours : "Forcément, tout le monde est dispersé en quelques minutes…" Mais, bien qu'en t-shirts blancs reconnaissables et prêts à administrer les premiers soins aux manifestants, comme aux forces de l’ordre blessés, des "street medics", annoncent qu'on est en train de verbaliser deux de leurs collègues. "Pourtant, on n’a rien d’autre que notre matériel habituel, compresses et sérum physiologique", certifient-ils. 

Des heurts ont eu lieu dans la soirée sur les Champs-Elysées.
 
Les forces de l'ordre ont tenté de disperser des manifestants qui s'étaient introduits sur l'avenue, pourtant interdite aux manifestations ce samedi. 

VOIR et ENTENDRE ce qu'annonçait la veille le préfet de police de Paris dans un reportage de BFMTV:


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):