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mardi 29 avril 2008

Programmes du primaire : les instits préfèrent l’accessoire à l’essentiel

Adieu la réflexion-parlotte-intox ; bonjour les apprentissages fondamentaux
Il est fou, Darcos !
Le ministre de l'Education Nationale centre sur la maîtrise de la langue française, les nouveaux programmes de l'école primaire pour la rentrée 2008
, qu’il a présentés ce mardi 29 avril. Le gouvernement avait annoncé fin 2007 la volonté de diminuer de moitié en cinq ans le nombre d'élèves en échec scolaire lourd à l'entrée au collège, une opération urgente de sauvetage. Après plusieurs semaines de débats et de consultation des enseignants, Xavier Darcos a tenu compte de la plupart des critiques émises envers sa réforme. La version, largement amendée, des nouveaux programmes est de nature à faire baisser la tension chez les professeurs des écoles, parmi lesquels la protestation n'a cessé de monter depuis la publication du projet, le 20 février.
Bien que les commissions nationales doivent encore mettre la dernière main à ce projet, sans tarder, les syndicats d'instituteurs ont été déjà lancé un mot d'ordre de grève, pour la journée d'action du 15 mai, à laquelle ont également appelé les fédérations de l'éducation. La pétition "Copie à revoir", lancée par dix-neuf organisations (syndicats et mouvements pédagogiques) contre le projet de nouveaux programmes, a recueilli 31 000 signatures. C’est une forme de dialogue à laquelle la gauche est attachée…
Les nouveaux textes ne remettent pas en question les principes annoncés par le ministre dès le début : des programmes "lisibles par tous", plus courts, resserrés sur les "fondamentaux", donnant la priorité à la maîtrise de la langue maternelle et insistant sur la notion d'entraînement systématique. Xavier Darcos, ancien inspecteur général, écarte toute idée de recul et parle d'"enrichissement" du projet, qu'il attribue principalement à la prise en compte de la consultation des enseignants, organisée en mars dans les écoles. Les 1 100 synthèses issues de ces consultations doivent être accessibles sur le site Internet du ministère à partir du 29 avril. "Nous avons été très attentifs à ce qui nous a été dit. Tous les enseignants des écoles en France ont été consultés, déclare au Monde le ministre de l'éducation. Contrairement au procès d'intention qui nous a été fait, tout n'était pas joué d'avance." ( lien )

Parmi les "points positifs", le ministère classe la lisibilité des programmes et la précision des contenus et des objectifs d'enseignement, déclinés en progressions annuelles détaillées. Dans les points "à améliorer", il cite le manque de visibilité du "socle commun des connaissances" ainsi que des "progressions jugées trop rapides ou trop ambitieuses sur certains points". Le ministère dit avoir tenu compte des "recommandations" émises par l'Académie des sciences, qui avait insisté sur la place de "l'expérimentation". La nouvelle version écarte toute confusion entre la fin de la maternelle et le début du CP, particulièrement en ce qui concerne l'apprentissage de la lecture, et tend à éliminer les autres points de discorde. Rappelons pourtant que les baby-boomers actuels savaient lire à la fin de la …maternelle, mais ce que les instits ont réussi avec eux, ils n’en veulent pas pour leurs (petits-) enfants…
Les documents portant sur les "progressions" annuelles des élèves étaient jugés trop contraignants. Ils doivent désormais "fournir des repères" aux enseignants pour organiser le travail, et non pour définir des normes d'évaluation des élèves à la fin de chaque année. Par ailleurs, les programmes et progressions "respectent l'organisation de la scolarité en trois cycles" : maternelle, grande section, CP, CE1, CE2, CM1, CM2. Dès ce midi, Moindrot (SNUipp-FSU) se plaignait déjà d’être livré à lui-même : les enseignants ne maîtrisent donc pas pour eux-mêmes l’autonomie à laquelle ils ont prétendu pendant toutes ces années former leurs élèves ?...

La référence au "socle commun des connaissances", issu de la loi d'orientation d'avril 2005, est désormais explicite : que de rigidité, donc ! Toutes les connaissances et compétences énumérées dans les programmes sont déclinées dans le cadre des sept grands domaines du socle commun. En français, les progressions du cycle3 (CE2, CM1, CM2), jugées trop lourdes par beaucoup d'enseignants peu habitués à l’exigence, ont été remaniées : la maîtrise de la voix active et passive, la conjugaison au passé antérieur ou au subjonctif présent, sont reportées au collège. Mais le plus-que-parfait, le futur antérieur et le conditionnel présent sont maintenus au CM2. Gageons que les pédagogues ne vont pas passer l’année sur ces temps controversés… Si les enfants ne les maîtrisaient pas en effet en fin de cycle, ils auraient la faculté d’y revenir au collège, si après les séances récréatives, il leur reste du temps…
D'autres apprentissages sont déplacés d'une classe à l'autre : la distinction entre phrase simple et complexe passe du CM1 au CM2 et l'approche de la coordination débute au CE2 plutôt qu'au CE1. En mathématiques, la "résolution de problèmes", que beaucoup pensaient reléguée au second plan, voit son rôle réaffirmé à tous les niveaux. Le SNU-ipp devrait s’en féliciter, mais il n’est pas garanti qu’il communique sa joie…
Au CP, seule la table de multiplication par 2 est demandée. Les tables par 3, 4 et 5 sont reportées au CE2. Concernant la division, autre sujet de polémique, son "sens" reste l'objet d'une "approche" au cycle 2 (grande section, CP, CE1) mais l'apprentissage de la technique opératoire est reporté au cycle 3.
En sciences, "l'intérêt de l'approche expérimentale" est souligné, de même que la nécessité d'une "approche sensible de la nature". Les enfants pourront encore aller passer quelques après-midi à la ‘ferme pédagogique’ du coin.
En histoire, réclamée à cor et à cris depuis des années, la chronologie est "systématiquement abordée à partir du cycle 3", et la Déclaration des droits de l'Homme, oubliée dans la précédente version du programme, est rétablie. La droite fait ce que la gauche n’a pas su faire… Et puisqu’on fait toujours un peu de tout à l’école élémentaire, dans le domaine de l'histoire des arts, auquel a été intégré le cinéma, là où il y avait déjà l’image, il est désormais fait référence à des "types d'œuvres" plutôt qu'à des exemples précis.

Xavier Darcos souligne qu'il n'a pas dévié de ses objectifs. "L'essentiel de ce que nous voulions se trouve toujours dans ces textes", précise-t-il, en citant la "précision des contenus", associée à la "liberté pédagogique" laissant aux enseignants le choix des méthodes. Moindrot n’a pas relevé cette liberté laissée aux enseignants, que l’on observe que rarement dans les autres professions, ‘matériel’ humain oblige… Rappelant sa volonté de "retrouver le consensus liant l'école et les familles", le ministre Darcos annonce qu'un livret intitulé "Mon enfant à l'école", comprenant les programmes, les dispositifs d'accompagnement éducatif et les droits des parents, sera tiré à 4 millions d'exemplaires et distribué à toutes les familles.
Dans un texte de "présentation" des programmes, le ministère dissipe certains reproches de fond. Ainsi, il souligne que le découpage en disciplines "ne constitue pas un obstacle à l'organisation d'activités interdisciplinaires ou transversales", même s'il "n'en est pas moins nécessaire de réserver un horaire spécifique à l'apprentissage structuré et explicite du vocabulaire de la grammaire et de l'orthographe". Si les parents y voient plus clair et peuvent mieux suivre le travail de leurs enfants, le syndicat totalitaire n’y verra tout de même pas d’inconvénient, n’est-ce pas ?...
Xavier Darcos souligne que "le professeur des écoles ne saurait être un simple exécutant : à partir des objectifs nationaux, il doit inventer et mettre en œuvre les situations pédagogiques qui permettront à ses élèves de réussir (…)". Débridés, les créatifs de l’E.N. vont pouvoir innover et s’éclater : pourvu que nos gosses soient épargnés et n’entrent pas dans les statistiques à la ligne des dommages collatéraux.
Enfin, il affirme que "l'accès au sens et l'acquisition des automatismes ne sont pas antinomiques : c'est aux enseignants de varier les approches et les méthodes pour lier ces deux composantes de tout apprentissage".
Si les maîtres acceptaient de transmettre le savoir, plutôt que de s’extasier devant les délires des enfants livrés à eux-mêmes et pour cela valorisés, nos petits pourraient enfin constituer des bases à leur réflexion et trouver leur équilibre.

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