De Bayrou, il dit : "C'est le clapotis de la décadence"
Emmanuel Macron n'a pas ménagé François Bayrou après ses attaques
Répondant à la tentative d'OPA d'Emmanuel Macron sur son électorat, François Bayrou, président du MoDem, avait riposté
François Bayrou n'avait pas mâché ses mots en traitant Emmanuel Macron de "bulle de savon", "hologramme" aux mains des "puissances de l'argent", d'homme sans "densité"...
Emmanuel Macron a découvert ses propos virulents, mais n'a pas répondu par l'invective. Pour lui, la colère de Bayrou est "normale". "C'est le clapotis de la décadence. Ils se tiennent les uns les autres, car, au fond, leur intérêt est le même : perpétuer un système qui ne fonctionne plus, quoi qu'il advienne de la France."
Les deux hommes se positionnent sur le même créneau
Bayrou professe depuis des années le rapprochement des hommes animés par une volonté de réformes structurelles et d'équilibre des comptes. Macron, qui se dit "de gauche", mais renie le socialisme qui l'a fait ce qu'il est en politique, affirme être prêt à travailler avec la "droite progressiste" et n'a cessé, d'abord à l'Élysée, puis à Bercy, de pousser à des réformes profondes un François Hollande hésitant qui l'a empêché de réaliser ses projets, notamment sur les retraites, et de rétablir les comptes publics, les socialistes lui reprochant une vision trop financiariste des problèmes.
Entre Bayrou et Macron, 28 années d'écart
Des générations différentes, mais des différences surmontables.
Bayrou souhaite la proportionnelle pour que les partis de sensibilité différente s'accordent sur un programme de gouvernement. Macron se dit quant à lui favorable à une "dose de proportionnelle" dans le scrutin majoritaire, en sorte que le Parlement soit plus représentatif des minorités. L'un comme l'autre cherche ainsi à exister, au risque d'interminables recherches de majorité gouvernementale, comme en Belgique, et d'un retour au chaos de la IVe République.
Le vrai problème, c'est précisément qu'ils pensent souvent la même chose et qu'ils se disputent le même électorat. Leur concurrence est en outre rendue plus difficile à vivre du fait de leur différence d'âge: Macron qui n'a que 38 ans pousse Bayrou, 66 ans, vers la sortie...
L'homme de trois présidentielles toise la jeunesse
"Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique, a-t-il déclaré. On a déjà essayé plusieurs fois… On a déjà essayé en 2007 avec Nicolas Sarkozy, et ça n'a pas très bien marché. On a essayé en 2012 avec Dominique Strauss-Kahn. Et ce sont les mêmes forces qui veulent réussir avec Macron ce qu'elles ont raté avec Strauss-Kahn."
L'homme de trois présidentielles toise la jeunesse
"Il y a là une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois par plusieurs grands intérêts financiers et autres, qui ne se contentent pas d'avoir le pouvoir économique, mais qui veulent avoir le pouvoir politique, a-t-il déclaré. On a déjà essayé plusieurs fois… On a déjà essayé en 2007 avec Nicolas Sarkozy, et ça n'a pas très bien marché. On a essayé en 2012 avec Dominique Strauss-Kahn. Et ce sont les mêmes forces qui veulent réussir avec Macron ce qu'elles ont raté avec Strauss-Kahn."
Séduit par Macron, Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, qui fut le porte-parole de Bayrou en 2007, glisse un coin entre les deux hommes: " Bayrou devrait comprendre qu'après trois tentatives infructueuses à la présidentielle, il est peut-être temps de tirer des conclusions... Pourquoi craindre le dialogue avec Macron quand on l'a professé aussi longtemps ?"
Macron réplique dans le courtois, mais cinglant
Plutôt que d'ignorer les critiques lancées contre lui par François Bayrou, Emmanuel Macron a décidé de répondre. Ce jeudi 8 septembre, l'ancien ministre de l'Économie s'est offert le président du MoDem : "Il est dommage que des personnes pour qui j'ai de l'estime se prêtent à cela…" Courtois ou pas très viril ?
Pour Emmanuel Macron, le chef du Modem "considère qu'il est propriétaire d'une part de marché au centre". Et l'ancien patron de Bercy, qui ne se reconnaît pas socialiste et se présente à la tête d'un mouvement qu'il situe à la fois de droite et de gauche, ne saurait accepter cette OPA centriste du cinquième homme de 2012.
Alors l'ancien ministre de l'Économie prône "la réconciliation", "l'unité nationale positive venant des Français" contre "celle des appareils politiques enfermés dans un face-à-face avec le FN", ajoute-t-il. C'est la deuxième salve. François Bayrou est prévenu : la sixième place se rapproche dangereusement dans le rétro.
L'ex-ministre de l'Économie entend "unifier le camp des progressistes contre les conservateurs".
Le Bayrou-bashing prend de l'ampleur
Sarkozy attire une partie du centre
Le maire de Pau est également marginalisé par l'un des leaders du Nouveau Centre (l'une des composantes de l'UDI). Le député Maurice Leroy justifie son ralliement à Nicolas Sarkozy, en soulignant que, depuis le retrait de Jean-Louis Borloo, le centre n'a pas de candidat crédible pour la primaire.
L'ex-ministre de la Ville du gouvernement François Fillon ne ne ménage pas non plus Bayrou. En préambule au meeting de Sarkozy à Vendôme (Loir-et-Cher), il enfonça le clou : "Le centrisme, ce n'est pas l'égocentrisme." "Comme l'analyse si justement mon ami Jean-Louis Bourlanges, 'François n'a plus les moyens de ses ambitions, car il a détruit son parti en 2007 et son image en 2012' ", lâcha-t-il, rappelant opportunément l'appel de Bayrou au vote en faveur de... François Hollande.
Dans ce discours, Maurice Leroy fait valoir que Nicolas Sarkozy est respectueux de la sensibilité centriste et dénonce l'entreprise ancienne d'Alain Juppé de créer l'UMP comme une OPA sur le centre. "Ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui ne voulait voir qu'une seule tête ! Ce n'est pas Nicolas Sarkozy qui a voulu imposer l'uniformité et caporaliser la droite et le centre !" scanda-t-il pour mieux dénoncer l'alliance, à ses yeux incongrue, de Juppé et Bayrou.
Lancé dans sa campagne, Sarkozy ne néglige pas la "séduction du centre"
Il a entrepris de rassembler la famille de la droite et du centre, le "vrai centre", "pas celui qui godille entre la gauche et la droite. Pas celui, comme monsieur Bayrou, qui a choisi François Hollande."
Le temps a passé, mais les critiques du président du MoDem à l'adresse de la droite ont laissé des traces et ses attaques récentes contre François Hollande - à la lecture des sondages - n'ont rien effacé.
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