La courbe du chômage est repartie en nette hausse en août
François Hollande a fait du redressement de la courbe de l'emploi la condition sine qua non pour se représenter en 2017
Mais à mesure que le chômage augmente (+1,4% en août), ses proches manoeuvrent pour libérer de ses engagements un président en campagne avec les moyens de la République, avant même de s'être déclaré.
Même s'il n'inverse pas la courbe du chômage, François Hollande devrait être candidat.
Après les mauvais chiffres d'août (+1,4%), Jean-Marie Le Guen, proche de François Hollande, envisage une candidature du sortant, même en cas d'impuissance confirmée à l'inversion de la courbe du chômage et en dépit de la promesse à la légère du président inexpérimenté de 2013 qui semble aujourd'hui difficilement tenable. Exit donc sa fameuse promesse sur "l'inversion de la courbe du chômage" qui devait arriver à la fin de l'année 2013, avant d'être repoussée aux calendes grecques. Comme l'exprime très impudiquement, lundi, le secrétaire d'Etat aux relations avec le Parlement, le chef de l'Etat ne croit plus maintenant "qu'on puisse décider d'une candidature à l'élection présidentielle sur ce seul critère". En bref, rien ne doit freiner les ambitions présidentielles de François Hollande. Celui-ci rejoint Jonathan Swift pour qui, comme la croûte de la tarte, les promesses sont faites pour être rompues. "Moi, président" balaie comme fétu de paille son engagement à enrayer le chômage - comme d'effacer la jungle de Calais en la pulvérisant partout en France- toujours non tenu trois ans plus tard et à quatre mois de la fin de 2016, date annoncée de sa décision de candidature...
#BFMStory "Je ne crois pas qu'on puisse décider une candidature sur le seul critère du #chômage" dit @jm_leguen— BFMTV (@BFMTV) 26 septembre 2016
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Hollande ne joue pas franc-jeu
Le chef de l'Etat n'est toujours pas officiellement candidat pour 2017, mais enchaînera les déplacements et les discours toute la semaine, à un rythme effréné qui ne laisse guère de doute sur ses intentions pour l'avenir. Après Calais lundi, sans aller saluer les migrants, il sera mardi au musée du Louvre pour les 350 ans de l'Académie des sciences. Mercredi, il orchestrera la cérémonie de réintégration des mineurs grévistes de 1948, à laquelle participera son ancienne ministre de la Justice, Christiane Taubira. Jeudi, le chef de l'Etat sera à Dammartin-en-Goële pour la réouverture de l'imprimerie où s'étaient enfermés les frères Kouachi, le 9 janvier 2015. L'après-midi, il participera à la rentrée universitaire à Jussieu et, le lendemain, il se rendra au Mondial de l'automobile, avant d'enchaîner avec le congrès de l'Union nationale des Centres communaux d'action sociale à Clermont-Ferrand. Dimanche, François Hollande ne prendra pas de répit et célébrera la réouverture de la maison d'Emile Zola à Médan, dans les Yvelines.
A L'Elysée, le secrétaire général de la Présidence de la République, un élu de nulle part, Jean-Pierre Jouyet, proche de Fillon, fait le boulot pendant que le président en fin d'exercice tente de solder sa marchandise. Hollande devrait donc parler et parler encore, multipliant les prises de parole, malgré l'annonce de la reprise en force du chômage: une dizaine de discours sont prévus au cours de ces sept journées-marathon loin de Paris. "On arrive au terme du quinquennat, il faut remettre l'action du chef de l'État en perspective", avoue au quotidien Le Figaro une source anonyme de l'Elysée. Des propos présidentiels aux antipodes de ceux qu'il tenait au printemps dernier quand, invité de RTL, il avait encore bon espoir d'une baisse du chômage: "Le chômage s'inversera, notre politique portera ses fruits et François Hollande sera notre candidat".
Ministre intermittent de l'Agriculture et Voix de Son Maître, Stéphane Le Foll, porte-parole du gouvernement a tenté d'expliquer lundi soir que la hausse d'août dissimule en fait une baisse. "C'est une surprise qui marque un recul dans la tendance qui avait été celle depuis le début de l'année. On est encore sur une baisse en tendance", raconte-t-il.
50.000 demandeurs d'emploi en plus en août ne suffisent pas à le ramener à la raison et France info lui fait écho [mais aussi Cohen qui le maintient, ci-dessous, face à Juppé] en assurant que la tendance du chômage est bien à la (très légère) baisse sur l'ensemble de l'année 2016. Une baisse fragile, mais qui n'est plus liée à une éventuelle candidature du chef de l'Etat, qu'il devrait officialiser début décembre.
Des organes de presse s'associent à la mauvaise foi du chef de l'Etat
Ainsi LCP, La Chaîne Parlementaire, préfère polémiquer. Candidat à la primaire de la droite, Alain Juppé a qualifié d'"échec désastreux" la hausse du nombre des chômeurs en août, dénonce LCP. "50.000 demandeurs d'emploi supplémentaires, 16.000 radiés des listes pour formation [si Antoine Krempf n'embrouille pas les esprits avec ses comptes à dormir debout sur France Info, chaîne d'Etat], alors qu'on sait très bien que malheureusement ces formations n'aboutissent que très rarement (...)", a déclaré mardi, Alain Juppé sur France Inter.
Tel ou tel candidat a eu l'occasion de souligner les mensonges du pouvoir.
"C'est un échec et je vous rappelle l'engagement de François Hollande: 'si je n'inverse pas la courbe du chômage, je ne serai pas candidat". C'est à lui maintenant de prendre ses responsabilités".
"On a depuis des années (...) tout misé d'abord sur le partage du travail, c'est un échec. Et ensuite sur la multiplication des emplois aidés qui ne sont pas des emplois productifs. Il faut remettre l'entreprise au cœur des politiques économiques, remettre nos entreprises en situation de compétitivité et c'est elles qui créeront des emplois, tout particulièrement les artisans, les commerçants, le TPE, les PME. Ca sera ça ma priorité".
"90% des chômeurs cherchent vraiment de l'emploi, mais il y en a qui trichent - c'est ce qu'on appelle la permittence: on travaille pour avoir ses droits, puis on se met au chômage, puis on revient. Il faut stopper ça parce que c'est en train de miner notre système social et c'est la raison pour laquelle si le marché du travail retrouve des couleurs, il faudra aller vers la dégressivité des indemnités".
"C'est un échec et je vous rappelle l'engagement de François Hollande: 'si je n'inverse pas la courbe du chômage, je ne serai pas candidat". C'est à lui maintenant de prendre ses responsabilités".
Alors que le reste de l'Europe se redresse, la France enregistre sa plus forte progression depuis septembre 2013
Or, cette augmentation concerne toutes les tranches d'âge, selon les chiffres publiés lundi par le ministère du Travail.
Le nombre de demandeurs d'emploi de catégorie A (sans aucune activité) a progressé de 1,4% le mois dernier pour s'établir en août à 3.556.800, soit 50.200 de plus qu'à fin juillet.
Cette hausse, qui intervient après un recul de 0,5% en juillet, ramène le nombre d'inscrits au record enregistré en février, à 3.591.000 et fragilise les espoirs d'une inversion de la courbe du chômage, que François Hollande a posée comme condition de sa candidature à l'élection présidentielle de 2017.
"Ce résultat, nettement moins favorable que ceux des mois précédents, peut s’expliquer, selon le gouvernement, par les difficultés rencontrées dans certains secteurs d’activité particulièrement affectés par les attentats de juillet (tourisme, hôtellerie-restauration, commerce de loisir, notamment)", raconte la ministre du Travail Myriam El Khomri dans un communiqué, comme si le terrorisme expliquait tout, quand on sait que le CICE n'atteint pas sa cible, les PME-PMI.
En ajoutant les catégories B et C (personnes exerçant une activité réduite),
le nombre d'inscrits à Pôle Emploi a augmenté de 1,4%, soit 76.100 personnes supplémentaires en un mois, à 5.518.200 (5.820.400 en incluant les départements d'Outre-mer, également en hausse de 1,4% sur un mois).
Sur un an, le nombre de demandeurs de catégorie A recule de 0,3% tandis que le total des inscrits dans les catégories A, B et C augmente de 1,9%.
Pour la catégorie A, la baisse enregistrée en juillet semble faire figure d'exception, après deux mois de hausse, de 0,3% en mai et de 0,2% en juin. En associant les catégories A, B et C, la progression du nombre d'inscrits au chômage s'était élevée à 0,6% en mai et à 0,1% en juin comme en juillet.
La catégorie D, qui regroupe les demandeurs d'emploi non tenus de rechercher un emploi, en raison par exemple d'une formation ou d'une maladie,
continue de progresser nettement (+5,3% à 325.200 personnes, sous l'effet du plan de 500.000 formations supplémentaires pour les demandeurs d'emploi annoncé par François Hollande mi-janvier.
La hausse du mois d'août a concerné toutes les catégories d'âge mais à davantage pesé sur les moins de 25 ans.
Le nombre d'inscrits à Pôle emploi a augmenté de 2,3% chez les jeunes, la priorité de Hollande,
de 1,3% chez les 25-49 ans
et de 1,2% chez les 50 ans et plus.
En revanche sur un an, le nombre des chômeurs augmente "seulement" chez les seniors (+2,8%), banalise une agence de presse, tandis qu'il diminue de 3,5% chez les jeunes et de 0,8% chez les 25-49 ans, en attendant les quatre mois à venir d'ici la fin de l'année et l'entrée de Hollande en lice.
Le nombre de chômeurs inscrits depuis plus d'un an à Pôle emploi, les chômeurs de longue durée, augmente encore de 0,5% en août, à 2.422.600 et affiche une progression de 0,7% par rapport à août 2015.
Leur proportion dans le nombre total de chômeurs est en baisse de 0,4 point, à 43,9%. Curieusement, les chômeurs de longue durée des "secteurs d’activité particulièrement affectés par les attentats de juillet (tourisme, hôtellerie-restauration, commerce de loisir, notamment)" seraient peu n'impactés...
Sur les trois mois de juin à fin août, les entrées à Pôle Emploi dans les catégories A, B et C ont augmenté de 7,1% en France métropolitaine par rapport aux trois mois précédents, à 570.000 en moyenne.
Dans le même temps, les sorties de Pôle Emploi ont reculé de 0,5%, avec une baisse inhabituellement forte des sorties pour défaut d'actualisation (-12,3% par rapport aux trois mois précédents), à 208.300 en moyenne. C'était le gag précédent des manipulateurs de Bercy.
"Cette augmentation inhabituelle du nombre d’actualisations des demandeurs d’emploi, due notamment à un effet calendaire (nombre de jours ouvrés plus élevé)", a contribué à amplifier la hausse du mois dernier, précise la ministre du Travail, Myriam El Khomri, par communiqué.
VOIR et ENTENDRE la réaction d'Alain Juppé, ce mardi matin, sur France Inter:
Depuis le départ d'Emmanuel Macron de Bercy, fin août, Michel Sapin cumule l'Économie et les Finances, devenant l'unique patron de Bercy et responsable de la croissance génératrice d'emploi.
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