Ou comment un ministre français parvient à signer dans l'urgence un contrat historique au rabais
Une signature à près de huit milliards théoriques d’euros après neuf années de négociations tendues, de rebondissements et de déconvenues. Les négociateurs indiens ont demandé des modifications du contrat jusqu’à la dernière minute, mais, après 36 heures en Inde, Jean-Yves Le Drian a finalement engagé Dassault à livrer 36 appareils, armement compris, à son homologue indien. Les livraisons doivent débuter début 2019.
Le Rafale de Dassault Aviation est un avion de combat livré depuis mai 2001.
La crise pèse sur les commandes de l'Etat |
Originellement envisagé en partenariat avec l'Allemagne de l'Ouest, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Italie dans les années 70, son développement fut lancé en 1985 pour la Marine nationale et l'Armée de l'air françaises. Il utilise en effet des bombes guidées laser, des missiles de croisière, des missiles antinavires, et en bombardement stratégique, un missile nucléaire.
L'Egypte a fait l'acquisition de 24 aéronefs dès que la situation géopolitique l'a permis mais les quatrième, cinquième et sixième Rafale égyptiens sont réceptionnés par l'Egypte le 28 janvier 2016 après avoir été à nouveau prélevés en sortie de chaîne de Dassault Aviation Mérignac sur le lot destiné à... l'Armée de l'air française.
Hormis les appareils que la France s’est commandés à elle-même, cet accord sera donc la plus grosse exportation du chasseur français.
La gauche antilibérale et pacifiste avait longtemps raillé la lenteur des ventes du Rafale au décollage
Mais vendredi, vendeur d'armes de guerre et de destruction, Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense avait des ailes pour officialiser à New Delhi le contrat de vente à l’Inde. Hormis les appareils que la France s’est commandée à elle-même, cet accord sera en effet la plus grosse exportation du chasseur français: 7,89 milliards d’euros qui pourraient contribuer au financement de la CMU au bénéfice des migrants Maliens ou Syriens...
En 2013, la France avait en revanche perdu 4,5 milliards d’euros en se faisant doubler par le F-35 de l’entreprise américaine Lockheed Martin. Les Pays-Bas avaient préféré acheter 37 chasseurs F-35.
Seulement 6 des 84 Rafale commandés ont déjà été construits par Dassault.
Les six premiers ont été livrés à l’Egypte. Les trois premiers appareils l'ont été en juillet 2015, et les trois derniers ont décollé de la base d’Istres (PS) le 28 janvier dernier. Le contrat signé par Jean-Yves Le Drian le 16 février 2015 au Caire avec le président égyptien, le maréchal Abdel Fatah Al-Sissi prévoyait l’achat de 24 appareils (16 biplaces et 8 monoplaces), pour un montant total d’environ 5 milliards d’euros. L’ensemble de la commande devrait être livré pour fin 2016. A trois mois de l'échéance, la France n’en a donc livré que 6. Or, le maréchal mène un combat difficile contre les Frères musulmans et les alliés de cette organisation panislamiste, la Turquie et le Qatar.
Les exportations ont mis 30 ans pour décoller (1985-2015). A l’origine, le Rafale était promis à un "avenir doré", selon un ouvrage de recherche de Fabrice Dalger. Dès 1986, quelques pays manifestent de l'intérêt pour le nouvel avion de chasse de Dassault. Mais en 2015, aucun Rafale n’était encore vendu à l’export… principalement à cause de son coût élevé et de sa polyvalence, selon Fabrice Dalger. Mais c'est ne pas faire grand cas des sarcasmes de l'opposition intérieure française visant Dassault.
Le montant total des contrats perdus par la France sur l’export de ses Rafale s'élèverait à 15 milliards d’euros. Entre les déconvenues avec la Corée du Sud (3,9 milliards d’euros), Singapour (1 milliard d’euros), le Maroc (2 milliards d’euros), le Brésil (3,6 milliards d’euros), et les Pays-Bas (4,5 milliards d’euros), les appareils français se sont fait devancer à quatre reprises par les constructeurs américains Lockheed Martin (F-16 et F-35) et McDonnell Douglas (F-15 Eagle).
68,2 % des Rafale commandés l'ont été par la France. Sur les 264 Rafale vendus jusqu’à aujourd’hui par Dassault Aviation, 84 l’ont été à l’export (soit 31,8 %), et 180 (soit 68,2 %) ont été vendus à la France (à la quatrième tranche de commandes). Même si les armées françaises ont revu à la baisse leurs projections initiales (l’Etat s'était d’abord engagé à acheter 336 appareils en 1992). Selon le Livre blanc de la Défense 2013, la France a prévu de commander au total 286 appareils à l’avionneur français, qui devrait équiper sa flotte jusqu’en 2040.
Le Rafale aurait eu raison de Kadhafi |
Cinq accidents ou défaillances ont été essuyés par le Rafale. Parmi eux, deux ont été mortels : le 6 décembre 2007 , un Rafale qui a décollé de la base de Saint-Dizier (Haute-Marne) s’est écrasé dans une forêt près de Neuvic (Corrèze), et le pilote n'avait pas pu sauver sa vie. Le 24 septembre 2009, un accrochage en vol entre deux Rafale qui rejoignaient le porte-avions Charles-de-Gaulle au large de Perpignan causait leur naufrage. L'un des pilotes n’avait pas réussi à s’éjecter et s'était tué en entrant en contact avec la mer.
Couleur et camouflage choisit par l’Inde mais conditions de vente camouflées par Hollande
Une très discrète cérémonie de signature de vente des Rafale
La communication autour de cette signature aura été minimale, mais les industriels français concernés, Dassault et ses associés, affichaient leur satisfaction au pied de l’Arc de triomphe indien et le ministre prenait la pause, tandis que la presse raconte que l’achat est salué en Inde par une immense majorité de la population.
Nul doute que le montant de la transaction, de l’ordre de 8 milliards d’euros, et les concessions françaises ne sont pas étrangères à cette discrétion.
Une signature dans la précipitation: vendredi 23 septembre, à quelques minutes de la signature, les employés du ministère indien de la Défense cherchaient encore des rubans aux couleurs de la France et de l’Inde pour relier les documents encore dispersés à parapher. Aucun journaliste indien n’a été convié, hormis quelques cameramen et photographes et le gouvernement indien n’a publié aucun communiqué officiel. La nouvelle a tout juste été signalée par le ministre de la Défense, Manohar Parrikar, sur son compte Twitter, le 23 septembre, à la dernière minute. Une communication tellement minimale que, pour connaître les détails du contrat, il faut décrypter les rares informations qui ont fuité dans la presse indienne ou se tourner vers une délégation française avare de renseignements: avec la vente de Rafale à l’Inde, la France s'envole vers une nouvelle année de records de ventes d’armement... La morale politique de Hollande ne s'encombre pas de détails.
La France socialiste et pacifiste ne veut pas trop ébruiter les conditions de vente. L'Inde coopère d'ailleurs volontiers à la rétention d'informations car l'acquisition des 36 Rafale représente l’équivalent d’un an et demi du budget fédéral indien consacré à la santé. En France, Marisol Touraine assure qu'elle a bouché le trou de la Sécu, ce qui nous en bouche un coin, sans plus de respect de ses propres contributeurs aux dépenses de santé.
Le ministre de la Défense aurait tenu le PDG de Dassault Aviation à l'écart des négociations et l'industriel n'aurait appris la réalisation de l'accord (ses annexes font plus de 10.000 pages) qu'au dernier instant, "juste maintenant", révèle Eric Trappier. Le PDG a pourtant été le principal négociateur depuis qu’en avril 2015, le premier ministre indien, Narendra Modi, en visite à Paris, a annoncé l’acquisition de 36 Rafale, de gouvernement à gouvernement, puisqu'il s'agit d'armement. Jean-Yves Le Drian. Tous deux ont été les artisans des négociations "Du côté indien, les tractations et arbitrage entre différents ministères ont pris du temps", explique-t-on dans l’entourage de Le Drian. A plusieurs reprises, l’Inde a voulu obtenir des concessions sur des points de négociation, bien que les grandes lignes de l’accord intergouvernemental aient été arrêtées en janvier.
L'Inde lorgne depuis 2001 sur l’avion multitâche conçu par Dassault dénigré par la gauche tant qu'elle a été dans l'opposition. Outre que les Indiens souhaitaient bénéficier d’un transfert de technologie et pouvoir les construire eux-mêmes sur leur sol, New Delhi faisait pression pour pouvoir ensuite commercialiser elle-même dans la région ce Rafale qui aurait été "Made in India".
Hollande s'est donc trouvé là à point nommé quand l’Inde commençait à être pressée par le temps. Vendredi matin, The Hindustan Times affirmait ainsi qu’une signature pourrait être imminente en raison de "nécessités opérationnelles", une manière pudique de dire qu’elle en a besoin rapidement. D’autant plus que, rappelons-le, l’armée indienne est en conflit larvé avec le Pakistan et la Chine et ne peut se permettre de ne pas avoir de force aérienne opérationnelle.
Des concessions de Le Drian qui contraignent la France à importer indien
Le gouvernement signe, mais c'est Dassault que la gauche accuse de concessions à l'Inde...
L’accord comprend un volet sur transferts de technologies et contreparties industrielles. En valeur, ces "offsets" représentent 50 % du contrat. Près de 4 milliards de dollars (3,56 milliards d’euros) devront être investis en Inde dans les secteurs de la production industrielle, de la recherche, des services ou encore des biens d’équipement. Le Français Safran étudie comment parvenir à investir dans l’amélioration du moteur Kaveri qui équipe les Tejas de fabrication indienne, un Light Combat Aircraft (LCA).
"Ces offsets sont un atout pour l’avenir, raconte-t-on dans la délégation française. Car ils permettront de nouer des partenariats locaux et développer un 'make in India' ("produire en Inde" !) qui augmenteront nos chances de vendre d’autres Rafale." Dans un entretien accordé à l’agence de presse indienne PTI, E. Trappier évoque la possibilité de construire une chaîne d’assemblage en Inde, [soit une perte d'emplois en France), si l’occasion d’une "commande plus importante" se présente. Un précédent appel d’offres indien de 126 avions de combat, pour lequel Dassault était en négociations exclusives, avait été enterré en 2012.
Après seulement une heure d'entretien avec le premier ministre indien Narendra Modi, Le Drian a salué "une décision historique qui ouvre un nouveau chapitre de nos relations". "Le partenariat entre la France et l’Inde avançait au rythme d’un homme qui marche, il va désormais avancer à la vitesse d’un Rafale", lui a confié M. Modi. Mais les livraisons des Rafale doivent débuter en 2019 et s’étaler sur une trentaine de mois.
Ce "contrat historique" ne va pas sans contreparties.
En échange du Rafale aujourd'hui classé "bijou technologique" par ses anciens détracteurs socialistes, la France a dû concéder quelques secrets de fabrication à l'Inde, procédé de transfert de technologies assez courant lors de la signature de ce type de contrat, banalise-t-on. Les experts promettent néanmoins que ces transferts ne concerneront rien de militaire ni de très sensible. Par ailleurs, New Delhi a obtenu ce qu'on appelle un "offset" : la France s'engage en effet à réinvestir la moitié des recettes de la vente, soit 4 milliards d'euros, en Inde, pour aider à moderniser l'armée indienne. Or, en termes de finance, un "offset" est une compensation, un mode d'extinction de créances qui suppose que deux dettes s'éteignent jusqu'à concurrence de leurs montants respectifs. Un deal de "gagnant-perdant". Dans le cadre des marchés publics de taille importante, l'Etat impose aux fournisseurs des actions de compensation: transferts de technologies, on l'a dit, mais aussi services auprès du tissu local indien et investissements directs.
Bouffée d’air pour les sous-traitants, selon la presse, ou intox politique ?
Avec la vente des 36 Rafale "sur étagère", c'est la garantie de travail dans les usines Dassault et les sous-traitants, "il y aura même des créations d’emploi", s'enthousiasme cette presse, telle francetvinfo.fr, par exemple à l’usine Safran de Fougères en Ille-et-Vilaine, dans en région Bretagne, présidée par... le ministre de la Défense. Mais ce qui engage Safran engage aussi la Snecma qui développe et produit le moteur du Rafale...
Avec le GIE Rafale, ce sont en fait trois équipementiers, qui coopèrent par ailleurs avec 500 entreprises sous-traitantes. Thales estime que les systèmes et équipements qu'il fournit pour le Rafale représentent environ 25% de leur valeur totale du Rafale. Or, Thalès est basé à Brest (PS) ou à Etrelles (Ile-et-Vilaine), près de Rennes, tous deux en ...Bretagne.
La chaîne de sous-traitance va devoir très vite s'organiser.
Elle va surtout devoir étudier comment importer des produits indiens pour faire face aux engagements pris par l'Etat.
De plus, la loi de programmation militaire 2014-2019 et son financement génèrent d'autres inconnues. La LPM prévoyait déjà la production sur cette période de 66 Rafale : 40 pour l'export et 26 pour l'Armée française. L'armée de l'Air est la grande sacrifiée de l'opération.
En 2014, l'Ile-de-France de Jean-Paul Huchon a acheté des trains au Canadien Bombardier: cohérence "historique" ?
Les 42 trains commandés par le président socialiste de Région pour 397 millions d'euros à Bombardier Transport - l'un des plus importants site de construction ferroviaire en Europe- du groupe canadien - rival d'Alstom - seront construits dans l'usine de Crespin, ville industrielle du Nord, au cœur du pôle européen ferroviaire "i-Trans", avec le site de production de la division, qui emploie plus de 2200 personnes, où sont notamment construits les AGC (autorail à grande capacité). Ces Regio 2N (ci-dessus) seront mis en service sur la ligne R du Transilien au départ de la gare de Lyon, à Paris.
Hollande n'a pas les états d'âme du ministre allemand de l’Economie
Les 36 Rafale garantissent du travail dans les usines Dassault et les sous-traitants, il y aura même des créations d’emploi. Ce ne sera pas le cas à Saint-Etienne où le gouvernement socialiste ne relancera pas la manufacture d'armes.
"Le fusil d'assaut retenu est le HK 416 F" allemand, a annoncé la DGA, par communiqué. Déjà fabriqué à 60.000 exemplaires, ce fusil est notamment utilisé par l'armée norvégienne, ainsi que par des forces spéciales et de l'armée de l'air françaises. "Ce fusil, au calibre Otan de 5,56 mm, possède la capacité de tirer les grenades à fusil et peut recevoir un lance-grenades de 40 mm pour augmenter sa puissance de feu", précise la DGA.
Les 36 Rafale garantissent du travail dans les usines Dassault et les sous-traitants, il y aura même des créations d’emploi. Ce ne sera pas le cas à Saint-Etienne où le gouvernement socialiste ne relancera pas la manufacture d'armes.
"C'est une honte que l’Allemagne compte parmi les plus importants exportateurs d’armes du monde", assénait Sigmar Gabriel en janvier dernier. En 2014, la République fédérale figurait en effet à la troisième marche du podium des marchands de canons, derrière les Etats-Unis (31 % du marché mondial) et la Russie (27 %), et juste devant la Chine et la France (environ 5 % chacune), 4e ex-aequo. La position de S. Gabriel est en désaccord profond avec celles de la chancelière Angela Merkel ou du président Joachim Gauck.
Gabriel est membre du Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) et, aussi étrange que cela paraisse, comme Hollande, de l'Internationale socialiste.
Le budget allemand de défense dépasse désormais son équivalent français : 32,4 milliards d’euros en 2014 (contre 31,5 en France), avec moins d’effectifs (171 000 militaires contre 213 000) et 16 % seulement du budget de la Bundeswehr sont consacrés au renouvellement de l’équipement (contre un quart en France).
La livraison aux peshmergas avait aussitôt commencé : plusieurs dizaines de postes de tir de missiles Milan, des mitrailleuses, huit mille fusils d’assaut HK G3 et autant de pistolets, des grenades, gilets pare-balles, camions, etc. Le tout complété par l’envoi discret sur place d’une centaine d’instructeurs de la Bundeswehr. Ce soutien faisait figure de compensation à la non-participation allemande aux frappes aériennes de la coalition contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI) en Irak et en Syrie, entamées en septembre dernier. Il a brisé un tabou en vigueur depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Hollande et Le Drian vont doter l'armée française de fusils d’assaut HK 416 F, fabriqués en... Allemagne
Il devient extrêmement urgent de remplacer ses célèbres Famas, conçus et fabriqués par la Manufacture d’armes de Saint-Etienne, jusqu'en 2001, a confirmé ce vendredi la Direction générale de l’armement (DGA). "Les livraisons sont prévues dès 2017 et s’échelonneront sur une dizaine d’années", précise la DGA qui estime que "ce marché contribue à renforcer les solides liens entre l’Allemagne et la France dans la Défense et dans l’industrie de l’armement en particulier". On peut aussi parler de dépendance...
Il devient extrêmement urgent de remplacer ses célèbres Famas, conçus et fabriqués par la Manufacture d’armes de Saint-Etienne, jusqu'en 2001, a confirmé ce vendredi la Direction générale de l’armement (DGA). "Les livraisons sont prévues dès 2017 et s’échelonneront sur une dizaine d’années", précise la DGA qui estime que "ce marché contribue à renforcer les solides liens entre l’Allemagne et la France dans la Défense et dans l’industrie de l’armement en particulier". On peut aussi parler de dépendance...
Aujourd'hui jugé obsolète, il est pourtant utilisé du désert du Mali aux rues de Paris, où il équipe les militaires de l'opération Sentinelle, le Famas - pour Fusil d'assaut de la Manufacture d'armes de Saint-Etienne - vit ses derniers jours. Dès l'année prochaine, il sera progressivement remplacé par un fusil d'assaut allemand, le HK 416, fabriqué par le groupement Heckler et Koch. Tout un symbole, puisque depuis toujours les soldats français tiraient "français".
Pourquoi aucune entreprise française n'était-elle en lice ?
BFMTV titre sereinement: "aucune entreprise française sur les rangs." La chaîne d'information en continue n'en est pas à son premier aménagement des faits, dans l'intérêt de "gens" qui font confiance à ses journalistes, experts et autres spécialistes de haute volée. La chaîne précise que le fusil allemand était en concurrence avec l'ARX160 de l'italien Beretta et le MCX du germano-suisse Sig Sauer, ainsi qu'avec le VHS2 du croate HS Produkt et le Scar du belge FN Herstal" et affirme qu'"aucune entreprise française n'était sur les rangs", ajoutant ce commentaire "ces derniers mois des tenants du patriotisme économique, Arnaud Montebourg en tête l'ont déploré"...
En vérité, lors de l'appel d’offres européen lancé en 2014, parmi les cinq industriels en compétition, aucun n'était français. La DGA avait en effet éliminé le candidat hexagonal situé depuis son origine à Saint-Étienne, capitale de l'arme française, en lui imposant un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros minimum. Or, Verney-Carron n'affichait que 12 millions d'euros. En avril 2014, l'UMP a pris la ville au PS.
"Le fusil d'assaut retenu est le HK 416 F" allemand, a annoncé la DGA, par communiqué. Déjà fabriqué à 60.000 exemplaires, ce fusil est notamment utilisé par l'armée norvégienne, ainsi que par des forces spéciales et de l'armée de l'air françaises. "Ce fusil, au calibre Otan de 5,56 mm, possède la capacité de tirer les grenades à fusil et peut recevoir un lance-grenades de 40 mm pour augmenter sa puissance de feu", précise la DGA.
En déplacement dans une usine d'armement à Mulhouse, en juin, [Montebourg] l'ancien ministre de l'Économie avait ainsi lancé un "appel" au ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian pour que les "armes utilisées par les armées françaises et nos forces de police, soient fabriquées en France". "Comment se fait-il que le successeur du Famas, dont le nom à lui-même raisonne dans toute l'histoire de la mécanique française" soit "importé de l'étranger ?", s'était ému Arnaud Montebourg.Les députés Philippe Meunier (Les Républicains) et le communiste Jean-Jacques Candelier avaient eux aussi déploré fin 2015 que les critères fixés par l'appel d'offres (un chiffre d'affaires annuel supérieur à 80 millions d'euros depuis plus de trois ans) excluaient "de fait, toute solution nationale".
En revanche, le Famas n'a jamais été officiellement exporté.
Le montant du contrat avec l'Allemagne, en revanche non précisé, serait de quelque 300 à 400 millions d'euros, selon la presse. Il porte sur l'achat de plus de 90.000 à 100.000 armes, selon les sources, avec accessoires et munitions de surcroît, et des livraisons qui s'échelonneront sur une dizaine d'années, à partir de 2017.
Le budget allemand de défense dépasse désormais son équivalent français : 32,4 milliards d’euros en 2014 (contre 31,5 en France), avec moins d’effectifs (171 000 militaires contre 213 000) et 16 % seulement du budget de la Bundeswehr sont consacrés au renouvellement de l’équipement (contre un quart en France).
La livraison aux peshmergas a commencé : plusieurs dizaines de postes de tir de missiles Milan, des mitrailleuses, huit mille fusils d’assaut HK G3 [des quantités proportionnellement supérieures à l'effort français] et autant de pistolets, des grenades, gilets pare-balles, camions, etc. Le tout complété par l’envoi discret sur place d’une centaine d’instructeurs de la Bundeswehr. Ce soutien faisait figure de compensation à la non-participation allemande aux frappes aériennes de la coalition contre l’Organisation de l’Etat islamique (OEI) en Irak et en Syrie, entamées en septembre dernier. Il a brisé un tabou en vigueur depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
Le Drian a assuré la réélection du maire DVG de Fougères en Ille-et-Vilaine, où est située une usine Safran, grand groupe aéronautique, de défense et de sécurité français et international (conception et la production de moteurs d’avions, d’hélicoptères et de fusées) créé en 2005 avec la fusion de Snecma et Sagem.
Le gouvernement indien de Narendra Modi a approuvé mercredi l'achat à la France de 36 avions Rafale du groupe Dassault.
"Bénéficiera-t-il d'une prime à la casse pour l'achat du dernier Rafale?" lisait-on en 2011 |
"Le contrat a été approuvé au cours d'une réunion. Il sera formellement signé par le ministre français de la Défense et son homologue indien, le 23 septembre, à New Delhi", a déclaré un responsable du ministère de la Défense indien.
Cet accord reste toutefois modeste en comparaison de ce qui avait été qualifié, au départ, de "contrat du siècle". L'Inde avait, à l'origine, lancé, en 2007, un appel d'offres pour 126 avions de combat, pour lesquels elle était entrée en négociations exclusives avec Dassault, en 2012. Mais la commande n'avait jamais vu le jour. New Delhi exigeait, en effet, d'importants transferts de technologies, dans le but de dynamiser son industrie locale, ce qui aurait engendré d'importants surcoûts.
Pour information, le dernier contrat de vente de Rafale à l’export avait été passé avec le Qatar, le 4 mai 2015 : 24 appareils avaient alors été vendus pour 6,3 milliards d’euros, soit 26 millions pièce, contre 22 millions l'unité payés par l'Inde (7,87 milliards d'euros les 36), mais il ne faudrait soupçonner ni braderie des appareils, ni vente à la sauvette dans l'optique d'une déclaration de candidature de Hollande en décembre.
Arrivé au pouvoir, en 2014, le nouveau Premier ministre indien, un nationaliste hindu, avait pris acte de l'échec des tractations et annulé la procédure. a l'occasion d'un déplacement à Paris, en avril 2015, Narendra Modi avait alors annoncé l'intention de son gouvernement d'acheter 36 Rafale prêts à voler, négociés dans le cadre d'un accord d'État à État. Ensuite, les négociations s'étaient éternisées. Le président Hollande s'était rendu à New Delhi en janvier dernier, mais avait échoué à mettre les deux parties d'accord. La France et l'Inde s'étaient alors contentées d'un accord intermédiaire, sans réussir à s'entendre sur les modalités financières.
En avril dernier, le quotidien Le Monde évoquait la signature imminente d’un contrat pour 63 appareils. La presse n'évoque d'ailleurs plus cette révision à la baisse du nombre d'avions de chasse de 63 à 36...
L'achat des avions de chasse Dassault va permettre à l'Inde de moderniser sa flotte aérienne vieillissante, pour beaucoup composée d'appareils russes en fin de vie, et destinés à se montrer à la hauteur des défis géopolitiques de la région. Outre la vieille inimitié avec le voisin pakistanais, depuis l'indépendance, l'Inde est confrontée à la montée en puissance et à l'affirmation de la Chine sur le continent asiatique. Mais cette commande ne palliera pas entièrement les besoins de son armée de l'air. En 2015, elle ne comptait que 35 escadrons de 18 appareils, quand elle estimait en avoir besoin d'au moins 42.
Corentin Brustlein, responsable des études de sécurité à l'Institut français des relations internationales (Ifri) souligne qu' "au-delà de la vente de ces 36 Rafale, il y a la perspective d'un contrat encore plus dimensionnant qui ferait vivre Dassault pendant beaucoup plus d'années". A l'avenir, le PDG de l'avionneur, comme le surnomme la gauche avec mépris, compte donc parvenir à récupérer les concessions accordées par Paris.
Les experts proches du pouvoir français font passer le message que les exportations d'armements français avaient atteint un record de 16,9 milliards d'euros en 2015, soit plus du double de l'année précédente, grâce aux premiers contrats de vente du chasseur Rafale à l'étranger. En 2014, dernière année pour laquelle des statistiques sont disponibles, ceux-ci s'élevaient à 7,9 milliards d'euros. Ce nouveau contrat devrait donner un coup de fouet aux échanges commerciaux entre la France et l'Inde, mais la presse partisane ne précise pas lequel des deux est le véritable gagnant...
Pour les détails on attendra. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'agit d'un nombre bien inférieur aux 126 Rafale évoqués au départ des tractations, mais qui présente un avantage pour l’économie française, nous assure-t-on : ils seront fabriqués en France, et non en Inde, qui réclamait depuis des mois un transfert de technologie, fait-on valoir dans l'entourage du gouvernement. Le premier ministre, qui s'exprimait en hindi, est resté dans le flou, avouant que les termes et conditions du contrat ne sont pas finalisés. "Nos fonctionnaires vont discuter de ces aspects plus en détail et poursuivre les négociations", a-t-il botté en touche. Depuis quand signe-t-on, sans savoir quels sont les termes du contrat ? Depuis 2012...
L’Inde acquiert des Rafale sur fond de tensions fortes avec Islamabad. Or, le Pakistan a les faveurs de la gauche qui rechigne donc à applaudir à ce "contrat historique".
La signature est aussi un motif de satisfaction en termes d’emplois : le Rafale fait actuellement travailler 7.000 personnes dans 500 entreprises françaises. Hollande a la satisfaction de redresser la courbe de l'emploi, au détriment de vies humaines en Orient.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):