Lesdangereux mauvais sentiments de Royal.
Texte de l'entretien publié par RTL
Ségolène Royal répond à Jean-Michel Aphatie le 04/05/2007 à 10h38 sur RTL
Après Nicolas Sarkozy la veille, la candidate socialiste à la Présidentielle était l'invitée de RTL vendredi matin. Elle a mis en garde contre "les risques" que représentent "les violences et les brutalités" que déclencherait l'élection de son rival UMP. Elle ne baisse pas face aux sondages qui lui sont défavorables.
- Jean-Michel Aphatie : Bonjour, Ségolène Royal.
+Ségolène Royal : Bonjour.
- Il y a une alerte rouge sur votre campagne. A 48 heures du second tour de scrutin, tous les sondages donnent Nicolas Sarkozy vainqueur. L'écart se creuse même. Selon la dernière étude TNS-Sofres pour RTL - LCI et le Figaro, 54,5 % d'intentions de vote se portent sur Nicolas Sarkozy et seulement, 45,5 % sur vous. Ségolène Royal, êtes vous inquiète ?
+Ne prenez pas une voix si triste !
- Ah ben, je ne suis pas triste !
+Ecoutez, il y a eu...
- Le moment est solennel tout de même...
+Il n'est pas grave !?Il y a plus de 150 sondages, tous les sondages m'ont donné perdante. Une élection n'est pas faite par les sondages. Donc moi, je me bats jusqu'au bout pour convaincre les Français. Vous savez, ce qu'ont donné les précédents sondages par rapport à la précédente élection présidentielle et même par rapport...
- Ils ne se sont pas trompés au premier tour ?
+Oui, je ne pense pas qu'ils avaient prévu que Lionel Jospin serait éliminé au premier tour de l'élection présidentielle.
- Et je parlais du premier tour de l'élection de 2007...
+Oui. Mais je parlais, moi, de l'élection présidentielle précédente.
- Nous ne parlions pas de la même chose...
+Voilà. Donc, je crois qu'il faut mobiliser jusqu'au bout et faire comprendre aux Français qu'elle est le choix qui est aujourd'hui devant eux. Voilà. Moi je pense que le choix de Nicolas Sarkozy est un choix dangereux et donc, je ne veux pas que la France soit orientée vers un système de brutalités. Lorsqu'un candidat ne peut pas se rendre dans les quartiers populaires, sans être entouré de 300 policiers comme lorsqu'il a essayé de s'y rendre encore récemment, je pense qu'en effet, ce n'est pas la France que nous voulons. Moi je veux que la fracture sociale ne soit pas le destin de la France de demain et je suis convaincue que pendant ces deux derniers jours, les Français vont réfléchir à ce qu'ils veulent pour notre pays.
- François Bayrou indique qu'il ne votera pas pour Nicolas Sarkozy. Mais il refuse de dire explicitement qu'il votera pour vous. Quand on est un responsable politique qui a recueilli 7 millions de voix, au premier tour d'une élection présidentielle, est-ce que ce n'est pas manquer de clarté et de courage de ne pas dire explicitement son choix, Ségolène Royal ?
+ Non, je pense qu'il le fait à la fois subtilement et de façon responsable vis-à-vis de ses électeurs qui ne souhaitent pas de consigne de vote ; et en même temps, il a été suffisamment clairvoyant et suffisamment dur dans son constat et juste dans ce qu'il a exprimé par rapport au système UMP, au système Sarkozy, à ce que cela représenterait comme je le disais à l'instant, comme danger pour la France en terme de concentration des pouvoirs, en terme de brutalités, en terme de mensonges aussi sur des choses qui sont affirmées avec un aplomb invraisemblable et contraire à la vérité. Donc, François Bayrou a eu le courage de dire tout cela ; et je crois qu'aujourd'hui lorsqu'il dit clairement qu'il ne votera pas pour le candidat de la droite dure, il agit selon les convictions et selon l'idée qu'il se fait de l'intérêt du pays.
- Mais il ne dit pas qu'il votera pour vous. Il peut voter blanc.
+Ah mais c'est sa liberté, bien sûr !
- Vous n'êtes pas certaine, Ségolène Royal, qu'il votera pour vous ?
+Mais non. Je ne fais pas d'intrusion dans le secret de l'isoloir.
- Mais alors sur quelle base pouvez-vous dire, puisque vous l'avez dit hier : "Ma décision est prise. Si je suis élue, je travaillerai avec le centre, avec François Bayrou en particulier". S'il ne vote pas pour vous, sur quelle base pouvez-vous travailler avec lui ?
+Mais parce que je rénove la Politique.
- Ah !?
+Bien sûr.
- En travaillant avec des gens qui ne votent pas pour vous ?
+Oui, bien sûr.
- C'est audacieux ?
+C'est très audacieux. Mais je pense que la France aujourd'hui en a besoin. La France a besoin d'être débloquée et contrairement au candidat de la droite dure, je ne suis pas la femme d'un clan, je ne suis liée à aucune puissance financière, à aucun système médiatique qui aujourd'hui fonctionne comme de véritables tracts. Je regardais, hier, les informations sur LCI, une fois de plus... et le résumé qui était fait du débat que nous avions eu ensemble. A croire cette chaîne, c'est moi qui avais tout faux et c'est Nicolas Sarkozy qui avait tout juste. On ne relevait même pas la grave erreur qu'il a commise pour quelqu'un qui est candidat à l'élection présidentielle : de confondre pour l'Iran le nucléaire civil et le nucléaire militaire... On ne rappelait pas que sur l'EPR, il avait fait cette grave faute de confondre la troisième et la quatrième génération de centrale. Donc, je crois qu'il y a là un candidat qui est lié aux puissances médiatiques et financières, comme l'a dit d'ailleurs François Bayrou et de l'autre, une France qui précisément ne veut pas que le Pouvoir continue à être concentré entre les mains d'un même système qui est au Pouvoir depuis cinq années. Et moi, je veux débloquer le système politique. Je crois que lorsqu'il y a un affrontement bloc contre bloc, ce n'est pas la France qui gagne. Au contraire ! Et en effet, ma main tendue vers les centristes, quelque soit le vote intime de François Bayrou, reste là parce que je pense que c'est en élargissant une Majorité que l'on peut faire à nouveau avancer le pays en reprenant un certain nombre d'idées sur l'Etat impartial, sur la question de la lutte contre la dette, sur une vraie réforme de l'Europe qui corresponde à l'aspiration des citoyens.
- Il est assez rare que dans le procès général que les responsables politiques ont fait aux médias durant cette campagne, une chaîne, précisément, soit citée. Vous l'avez fait. Vous l'assumerez comme çà ?
+Oui, bien sûr. De toute façon, tout le monde le sait. Tout le monde le voit. Et je ne vois pas pourquoi j'aurai la langue de bois et je ne dirai pas les choses telles qu'elles sont aujourd'hui.
- Sans doute cette chaîne vous répondra ! "Ma décision est prise, dites-vous, pour le travail avec les centristes". Pensez-vous que les dirigeants socialistes sont d'accord avec votre décision qui est une décision solitaire finalement ?
+Mais vous savez, il faut toujours des éclaireurs pour assurer une mutation de la politique, pour moderniser la politique. Et aujourd'hui, j'ai cette responsabilité là en lien direct avec le pays.J'ai compris que les Français ne voulaient plus qu'il y ait comme ça des alternances brutales et schématisées d'un camp contre un autre. J'ai entendu les valeurs qui sont défendues par les électeurs du centre et par François Bayrou en particulier. Et sur certaines de ces valeurs, je me reconnais, en particulier sur les valeurs liées à l'humanisme, au respect de la personne humaine, au refus du mensonge, au refus de la concentration des pouvoirs, au refus de la défense d'un certain nombre d'intérêts, au refus du creusement des inégalités entre les plus riches et les plus pauvres parce que c'est cela le programme de Nicolas Sarkozy.C'est cela que la France sera demain si Nicolas Sarkozy est élu. Et ma responsabilité, aujourd'hui, c'est à la fois de lancer une alerte par rapport au risque de cette candidature et par rapport aux violences et aux brutalités qui se déclencheront dans le pays. Tout le monde le sait mais personne ne le dit. Y'a une sorte de tabou sur ce qui se passe...
- Il y aura des violences, s'il est élu ?
+Il y a une sorte de tabou, vous le savez, sur ce qui...
- Il y aura des violences si Nicolas Sarkozy est élu ?
+Je le pense. Je le pense. Un candidat qui ne peut pas se rendre dans les quartiers populaires sans susciter des mouvements qui le conduisent et qui le contraignent à être encadré par plusieurs centaines de policiers, je pense, en effet, qu'il a créé dans le pays et en étant uniquement à la tête d'un parti - parce qu'il reste, aujourd'hui, président de l'UMP (ce qui ne s'est jamais vu depuis le début de la Ve république) -, je pense, en effet, qu'il y aura des tensions très fortes dans le pays parce qu'il a multiplié les provocations et les violences verbales, en particulier à l'égard des quartiers populaires.
- Mais si Nicolas Sarkozy est élu......
+Je crois, en effet, que cette candidature est dangereuse ; et c'est pourquoi je demande aux électeurs de bien réfléchir pendant ces deux derniers jours de campagne.
- Si Nicolas Sarkozy est élu, il le sera démocratiquement. Les violences si elles existaient, elles seraient illégitimes ? Nous en sommes d'accord ?
+Mais il faut qu'il se demande pourquoi il en suscite autant. Je crois qu'il en est aussi responsable.
- Il n'y a pas de violences encore aujourd'hui ?
+Non, mais il y a des violences verbales. Il y a une attente très tendue dans un certain nombre de quartiers. On le sait. Il a encore récemment lors de son dernier meeting à Bercy utilisé un certain nombre de propos qui ne sont, je crois, pas dignes d'un candidat à la présidence de la République, en tout cas qui ne sont pas conformes aux valeurs républicaines lorsqu'il parle de liquider "Mai 68", lorsqu'il dit qu'il va re-formater les Français, lorsqu'il fait acclamer le mot de "karcher", je pense qu'il flatte ce qu'il y a de plus sombre dans l'être humain.Et moi, je veux, au contraire, encourager ce qu'il y a de plus clair. Je veux encourager la lumière qu'il y a dans toute personne humaine parce que je crois que la France a besoin de paix civile, de réconciliation, d'être réformée sans brutalités, de vérités de la parole politique et aussi d'ouverture et d'élargissement d'une majorité pour que toutes les bonnes idées et toutes les sensibilités le plus largement possible, soient rassemblées pour réformer la France.
- C'est vous ou le chaos, Ségolène Royal ?
+Ce n'est pas ce que je dis ! Mais il y a quand même quelque chose de vrai dans cette vision des choses. Je crois qu'en effet, Nicolas Sarkozy a accumulé au cours de cette campagne, à la fois les contre-vérités, un certain nombre de mensonges, y compris sur la question de la sécurité puisque depuis qu'il est ministre de l'Intérieur, il y a eu 30% d'augmentation des agressions depuis 2002. Il a menti aussi sur la question des retraites en prétendant que l'équilibre des retraites était assuré, ce qui n'est pas exact. Donc, il a - avec un aplomb - multiplié, y compris des promesses qu'il ne pourra pas tenir. Il a promis à tous les Français la suppression des droits de succession, le bouclier fiscal alors que le pays est gravement endetté. Donc, quand en effet, un candidat a autant d'aplomb pour dire des mensonges, des contre-vérités et qu'en même temps, il ne peut pas se déplacer sur l'ensemble du territoire national, oui je pense que cette candidature est à risques.
- La campagne se termine sur un mode assez dur. Merci Ségolène Royal.
C'est obsessionnel et pathologique.
Est-elle consciente de son état et de SES violences verbales?
Pour le respect des électeurs de Sarkozy, elle repassera! En 2012?
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