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lundi 14 mai 2007

La presse, un état dans l'Etat

L'abolition des privilèges a épargné la presse
Nous ne parlons pas ici des privilèges fiscaux dont bénéficient les journalistes, en bonne démocratie!
Quelle mauvaise cause unit donc les organisations suivantes : la Fédération nationale de la presse française (FNPF), l'Association des journalistes de la presse judiciaire (AJPJ) et ... le Syndicat national des journalistes (SNJ)? Ils sont tous d’accord pour condamner solennellement la tentative de perquisition sauvage à l’Elysée…
Non, vous ne vous y êtes effectivement pas trompés :
elles ont en réalité dénoncé vendredi la tentative de perquisition effectuée au "Canard Enchaîné" dans le cadre du volet "violation du secret de l'instruction" de l'affaire Clearstream. Et toutes de rappeler –sans concertation– de quels privilèges démocratiques jouit la presse…
Dans un communiqué, l'AJPJ exprime "sa vive émotion", rappelant que "les journalistes et les entreprises de presse, qui ne sauraient être considérés comme des auxiliaires de police ou de justice, ne sont pas soumis au secret de l'instruction". L'AJPJ "s'étonne qu'une mesure aussi grave qu'une perquisition dans un journal, en contradiction totale avec la jurisprudence européenne sur la liberté de la presse et le droit d'informer, ait pu être décidée par des magistrats français".
Dans un communiqué, la FNPF s'indigne "de la mise en oeuvre de ces procédures et demande au garde des Sceaux d'y mettre fin en lui rappelant ses engagements du 11 janvier 2006, renouvelés le 20 juin dernier, de garantir dans la loi la protection du secret des sources des journalistes". Soulignant que "tout obstacle à l'exercice du métier de journaliste est une restriction de la liberté d'informer", la FNPF appelle à "l'arrêt des perquisitions et au respect de la liberté d'informer", attendant du futur gouvernement qu'il "prenne rapidement toutes dispositions à cet effet".
Se félicitant que les journalistes du "Canard Enchaîné" aient fait obstruction au juge d'instruction, le SNJ note qu'ils ont mis en application la jurisprudence européenne sur la protection des sources des journalistes. A l'inverse, "malgré leurs promesses, les gardes des Sceaux des gouvernements Chirac n'ont pas voulu mettre en concordance la loi française avec les références les plus protectrices en Europe". Dans un communiqué, l’inévitable SNJ dit attendre, "sur ce point, que le prochain gouvernement du président Sarkozy agisse rapidement en ce sens et, en particulier, par rapport à la convention européenne des droits de l'Homme qui proscrit toute perquisition dans une entreprise de presse".

En revanche, pas de secret défense opposable selon les mêmes indignés, s’il s’agit de l’Elysée…Question stupide... Que se passe-t-il si le président est journaliste?
Observation un soupçon moins stupide: ces privilégiés sont tous de gauche !
Quand la Constitution autorise l’Elysée à s’opposer à une perquisition à la fois médiatisée et politique, c’est –dit-on– une entrave au bon fonctionnement de la Justice.
Quand le Canard Enchaîné refuse d’obtempérer aux injonctions de la Justice, c’est un acte légitime de protection de la liberté de la presse !

Les commentateurs sectaires sont conscients de leurs contradictions partisanes, non ?

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