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samedi 5 mai 2007

Chat politique avec Xavier Bertrand

Il s'agit d'éclairer les indécis.
Proposition du site du magazine Le Point
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La campagne présidentielle avec Xavier Bertrand

04/05/2007 - Modérateur Nidam Abdii, saisi par Françoise Vernat - ©
"En démocratie, il vaut mieux choisir plutôt que voter blanc."
Question de Sophie: Douze ans que la droite est au pouvoir, et Sarkozy a quand même réussi à faire croire qu’il incarnait la rupture…Comment a-t-il fait ?
Xavier Bertrand : Première des choses, douze ans de pouvoir, n’exagérons pas, n’oublions pas les années 1997-2002 pendant lesquelles c’est Jospin qui a exercé le pouvoir. Sans oublier, non plus, la sanction des électeurs qui en 2002 ne l’ont pas porté au second tour. Par ailleurs, N. Sarkozy a clairement montré qu’il incarnait une rupture par rapport aux années passées, sa façon d’agir, sa façon de s’exprimer ont été clairement reçues par les électeurs comme la garantie du changement.
Question de Dominique: Monsieur Sarkozy veut incarner le changement, comment peut-il réellement le faire en ayant à ses côtés des personnalités qui composent déjà pour la plupart le gouvernement actuel ? Où est réellement le changement ?
Xavier Bertrand: Quand on regarde son équipe de campagne, François Fillon est expérimenté mais pas ministre sortant, ses porte-parole ne sont pas non plus ministres sortants, moi j’ai quitté aussi mes fonctions et il y a une génération autour de Sarkozy, Rachida Dati notamment, Valérie Pécresse, Nathalie Koschusko-Morizet, Rama Yade, Laurent Vauquier, Luc Chatel entre autres qui symbolisent cette génération. Mais il est important aussi de pouvoir compter sur l’expérience d’autres : Borloo, Michèle Alliot-Marie, par exemple.
Question de CLARA: Ségolène a montré plus d’autorité lors du débat. La France n’a-t-elle pas besoin de quelqu’un de cette stature, plus que d’un technicien comme le candidat de l’UMP ?Xavier Bertrand: Elle a surtout montré une véritable agressivité, lors de ce débat, Mme Royal, et je pense qu’il a été clairement établi que la sérénité était du côté de Nicolas Sarkozy, maîtrise des dossiers, maîtrise de soi, voilà les qualités qu’on attend d’un président, et c’est Nicolas Sarkozy qui les incarnait.

Question de Moulai: D’après vous, s’il est élu, M. Sarkozy doit-il lancer les réformes les plus difficiles dès cet été (service minimum, régimes spéciaux, etc.) ?
Xavier Bertrand: Un calendrier précis a déjà été proposé car le changement doit se faire sans tarder, dans la clarté. Le service minimum doit devenir réalité avant fin 2007, la réforme des régimes spéciaux devant s’engager en 2008 comme prévu, au titre des rendez-vous de la réforme des retraites. Les autres mesures, comme l’exonération des heures supplémentaires, des intérêts d’emprunt, les peines planchers pour les multirécidivistes intervenant dès l’été 2007, pour ne citer que quelques-unes de ces mesures…
Question de Jean-Pierre: Pouvez-vous donner des précisions sur l’accueil des enfants "handicapés mentaux"(terme utilisé par Mme Royal) à l’école ? 7000 places auraient été supprimées. Ceci est important car beaucoup d’indécis se posent des questions.
Xavier Bertrand : Ce qu’elle a dit était totalement faux. Le nombre d’enfants scolarisés est passé de 89 000 en 2002 à 160 000 en 2007, chiffres officiels disponibles par exemple sur les sites du ministère, confirmés par les associations. Le nombre de postes de personnes qui s’occupent de ces enfants handicapés en milieu scolaire a augmenté de 80 %. Voilà la réalité, en sachant que la loi de février 2005 a accéléré encore ces efforts. Maintenant, N. Sarkozy veut aller plus loin encore, en mettant en place un droit opposable qui garantira réellement pour chaque enfant handicapé une scolarisation adaptée. J’ai été choqué par le ton de Mme Royal qui a voulu polémiquer sur un sujet qui devrait échapper vraiment à la polémique.
Question de faris Dans chacune de vos interventions, vous dites toujours que la candidate Mme Royal n’a pas de programme ou qu’il est flou. N’est-ce pas insulter les 9 millions d’électeurs qui ont voté pour elle au premier tour ? Pensez-vous que ces électeurs soient des "moutons" qui ne réfléchissent pas et qui votent à l’aveuglette ? Ne faut-il pas un peu d’humilité ?
Xavier Bertrand: Je persiste et signe, à savoir qu’un catalogue de promesses ne fait pas un projet de société. D’ailleurs dans le débat de mercredi, on voit bien que Ségolène Royal, si elle a présenté certaines orientations, n’a pas précisé le mode d’emploi de ces réformes, ce qui est pourtant indispensable pour pouvoir juger de la crédibilité d’un projet. Elle n’a pas non plus apporté de réponses précises aux questions précises sur les 35 heures, le pouvoir d’achat, les retraites, l’adhésion de la Turquie à l’UE. L’immigration, par ailleurs : la campagne que nous avons menée a été une campagne républicaine et donc respectueuse ; ce respect, je le porte à l’ensemble des électeurs.

Question d’Arkadia :Même si l’histoire pour le moment lui donne raison, Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas pris un risque fou en se limitant devant Ségolène Royal, lors du débat du 2 mai ? Le côté impertinent ou incisif, dont il a fait preuve par exemple devant M. Le Pen dans une émission télévisée, fait partie des moments de communication qui lui ont donné sa dimension médiatique actuelle. Etait-ce une stratégie voulue, délibérée, calculée ?
Xavier Bertrand: Ne comparons pas ce qui n’est pas comparable, nous étions mercredi dans un débat pour l’élection présidentielle, il s’agissait de faire valoir les projets de chaque candidat, pas de se livrer à une joute qui n’aurait pas été au niveau du débat… je pense que ce qui intéressait les Français, c’était de voir les différences entre les propositions et les personnalités des candidats…

Question de retry01: Pourriez-vous me dire exactement ce que sera la politique "éducation nationale" de M. Sarkozy ? N’est-ce pas dans ce secteur qu’il faudrait ajouter du personnel, alors que nos enfants sont à plus de vingt-cinq par classe ?
Xavier Bertrand: Ce n’est pas le cas partout, d’ailleurs, dans les collèges qui ont besoin d’aide renforcée, Nicolas Sarkozy voudrait même que les objectifs soient de dix-sept par classe. L’élu local que je suis peut aussi témoigner que la réalité n’est pas toujours de vingt-cinq par classe. Nous savons bien également que l’Éducation nationale ne se résume pas à une question de moyens, mais bien d’orientation et de priorités. Avec la mise en place, notamment, d’un service public de l’orientation qui est une vraie priorité.

Question d’Eric Lurien: Comment Monsieur Sarkozy peut-il prétendre vouloir être transparent à l’égard des Français alors qu’il ne l’est déjà pas à l’heure actuelle concernant les "vrais" chiffres du chômage ou bien encore quand il manipule les chiffres concernant les voitures incendiées dans la nuit du 31 décembre dernier ?
Xavier Bertrand: Il est quand même surprenant que quand les chiffres du chômage sont régulièrement à la baisse, on se pose la question de la fiabilité de ces chiffres, alors que quand ils étaient à la hausse, jamais l’opposition ne les avait remis en cause. La question sur la fiabilité du thermomètre me laisse quand même très perplexe. La vérité est que chacun s’accorde à reconnaître la tendance nette et constante sur les chiffres du chômage qui diminuent ; c’est une excellente chose, avec le taux le plus bas depuis vingt-cinq ans, et nous nous fixons un autre objectif : parvenir au plein-emploi en cinq ans, soit un taux de chômage de 5 % au bout de cinq ans… Concernant les chiffres des délits, là aussi les outils statistiques n’ont jamais changé, quels qu’aient été les gouvernements, ce qui permet de constater que ces crimes et délits avaient augmenté de 17 % de 1997 à 2002 et qu’ils ont baissé depuis 2002 de plus de 9 %.

Question de Mitch: Que pensez-vous de l’attitude de Mme Royal qui en vient presque à menacer les Français de violences et d’émeutes si M. Sarkozy est élu dimanche 6 mai ?
Xavier Bertrand: Cette attitude n’est pas responsable, pas digne, et personne ne peut utiliser l’expression « moi ou le chaos » comme l’a fait Mme Royal ce matin sur RTL… Dans une campagne présidentielle les Français attendent des arguments, pas des slogans.

Question de LALA: Le gouvernement actuel est en place jusqu’à l’arrivée du nouveau président de la République. Si M. Sarkozy est élu, je suppose qu’il choisira un nouveau Premier ministre et donc un nouveau gouvernement. Ou alors, attendra-t-il la fin des législatives pour connaître la majorité qui sera élue à l’Assemblée nationale ?
Xavier Bertrand: La première des choses c’est que l’élection présidentielle n’est pas encore terminée, deuxièmement un gouvernement sera mis en place sitôt le nouveau président installé, et cela avant les législatives…

Question de noemie: Y aura-t-il un rejet définitif des bayrouistes si Sarko est élu, ou négociation pour les législatives ?
Xavier Bertrand: Nicolas Sarkozy a toujours indiqué que la majorité présidentielle qu’il souhaite constituer s’appuierait sur plusieurs pôles, celui de la droite républicaine, celui du centre et même un pôle de gauche avec des personnalités de gauche… à qui il serait demandé de ne rien renier, ni leurs idées, ni leurs amitiés, ni leur fidélité.

Question de droitetoute: Vous aussi, vous ratissez large, de Roger Hanin à Claude Allègre en passant par Besson, Attali et j’en passe… Pour quelqu’un comme moi qui s’apprête à voter blanc, quels sont vos arguments, pour me faire changer d’avis ?
Xavier Bertrand: En démocratie, il vaut mieux choisir plutôt que voter blanc. Qu’avec le socialisme de Mme Royal, qui incarne le conservatisme, car le socialisme français est tout sauf moderne - il n’a rien à voir, ni avec le socialisme allemand, ni avec l’anglais ni avec l’espagnol - il n’y a aucune autre perspective que le retour aux années Jospin, soit dix ans en arrière… Que par ailleurs Nicolas Sarkozy souhaite une France qui réussit, qui va de l’avant et qui donne sa place à chacun… c’est-à-dire un projet de société centré sur la valeur du travail, qui donne toute sa place à l’identité nationale et renforce la cohésion sociale…
Question de francis: Après le débat de mercredi, aucun des deux candidats n’a parlé de la défense nationale, nous sommes tout de même des citoyens français et donnons tous les jours notre savoir-faire et savoir-être dans le monde comme pour notre mère patrie. En effet, quelles sont les nouvelles structures pour les salaires, la vie familiale, les conditions de travail, car si dans notre société tout va mal, l’armée aussi est malade, nous formons un des maillons de la France, mais pas grand monde parle de nous. Quelles seront vos actions à l’UMP pour nous, enfants de France ?
Xavier Bertrand: Le débat de mercredi était prévu pour durer deux heures, il a duré deux heures quarante, mais de nombreux sujets n’ont pu être traités complètement. En revanche Nicolas Sarkozy est intervenu dans la campagne à de nombreuses reprises sur le thème de la défense, en parlant de la place des personnels tout autant que de la question des matériels ; il a effectué des déplacements sur la question de la défense.
Question de sandrine: Les Français semblent voter contre un candidat et non pas pour celui qu’ils veulent voir gouverner. De plus la cohabitation leur a plu dans les années précédentes. Ne craignez-vous pas les élections législatives, dont personne ne paraît s’inquiéter ? Notre futur président doit pouvoir avoir un gouvernement de sa majorité afin de mettre en place ses idées.
Xavier Bertrand: Je crois au contraire que cette fois-ci, les Français veulent émettre un vote positif. C’est-à-dire ne plus voter contre mais pour. Par ailleurs, concernant les législatives, les Français aiment la clarté et la cohérence, et je suis persuadé que le président élu aura une majorité pour gouverner.
Question de roberto: Finalement, n’avez-vous pas l’impression que les Français jouent quand même l’alternance, puisque Chirac n’était pas vraiment à droite ?
Xavier Bertrand: Ils veulent un vrai changement, ils sont très nombreux à exprimer un sentiment d’exaspération, et ils veulent que le changement s’opère très rapidement.
Question de vv: À mon avis, il faut faire plus d’efforts pour expliquer l’essentiel du programme économique. La plupart des Français ne se rendent pas compte du danger de la situation actuelle et du désastre économique inévitable sans mesures urgentes.
Xavier Bertrand : Alors, tout d’abord Nicolas Sarkozy a adopté, durant toute cette campagne, un langage de vérité, il a parlé sans tabou, sans détour ; il a porté les différents débats, expliqué comment il mettrait en ?uvre son programme, il a annoncé des mesures comme le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, de façon à rendre crédible la réduction du poids de la dette.
Question de moulai:D’après vous, la tendance fournie par les derniers sondages peut-elle être contredite dimanche ?
Xavier Bertrand: Je ne me fie pas aux sondages, ils donnent une tendance, ce sont les thermomètres de ce que les Français ont pu penser hier ou avant-hier, mais pas les baromètres de ce qui va se passer précisément dimanche.
Question de philippe: Si Nicolas Sarkozy est élu, va-t-on assister à une régression des droits des homosexuels en France, notamment sur les discriminations et sur l’union des homosexuels ?
Xavier Bertrand: Je ne vois absolument pas ce qui peut permettre de penser cela. Rien dans les actions de Nicolas Sarkozy, rien dans ses propos qui permette d’exprimer de telles affirmations. Bien au contraire, la lutte contre les discriminations reste une priorité pour nous…

A vous de voir...

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