Les tensions continuent en Egypte
Les islamistes mettent Maghreb et Proche-Orient à feu et à sang
"Guerre civile" en Syrie, mais "soulèvement" en Egypte et Lybie...
Tandis que les Fabius et Hollande focalisent sur la "guerre civile" en Syrie et stigmatisent Bachar el-Assad, rempart contre l'islamisme, la Libye est entrée dans la crise politique la plus critique depuis la chute de Khadafi en 2011, ce samedi 27 juillet 2013.
Une série d'assassinats a plongé le pays dans le trouble vendredi, après les meurtres de deux officiers de l'armée et de l'avocat et militant politique Abdelsalam al Mosmary, tué par balles à la sortie d'une mosquée. Cet opposant aux Frères Musulmans dénonçait la prise du pouvoir par les milices armées. Ce crime, dans la ville-berceau du soulèvement qui a renversé Mouammar Kadhafi en 2011, a entraîné de nombreuses manifestations, qui perdurent. 1000 détenus se sont échappés d'une prison à Benghazi, renforçant un sentiment de chaos dans tout le pays. Dans ce pays soumis aux lois coraniques (charia), le Premier ministre a annoncé un remaniement.
En Tunisie, où le "printemps arabe" a vu le jour le 17 décembre 2010, des milliers de Tunisiens ont assisté aux obsèques de Mohamed Brahmi, député de l'opposition assassiné jeudi 25 juillet. Deux ans et demi après la "révolution du jasmin", ces funérailles de Mohamed Brahmi, cinq mois après l'extermination de Chokri Belaïd, avaient lieu au lendemain de violentes manifestations anti-gouvenementales à travers le pays. Opposant nationaliste de gauche, Mohamed Brahmi a été tué jeudi de 14 balles tirées à bout portant devant son domicile, sa famille accusant le parti islamiste au pouvoir Ennahda.
"Ghannouchi, assassin!", scandait la foule, désignant le leader historique du parti islamiste. Hier, le ministère de l’Intérieur a pourtant contre-attaqué, affirmant que l’assassinat de Mohamed Brahmi, ainsi que celui d’un autre opposant politique, Chokri Belaïd, mort le 6 février dernier, seraient le fait d’un commando islamiste radical.
En Egypte, la mort de 72 personnes a relancé les manifestations, partout dans le pays. Ce dimanche 28, les soutiens et opposants à l'ancien président Mohamed Morsi ont continué à s'affronter. Alors que le gouvernement tente de réagir avec fermeté, 15 personnes ont encore été blessées dans des heurts survenus dans la nuit de samedi à dimanche.
Le gouvernement égyptien tente de lutter contre l'escalade des violences depuis la destitution du président Morsi
Vendredi 26 juillet au Caire, la place Tahrir a accueilli une véritable marée humaine |
Suite des violences
Les affrontements de vendredi ont été les plus meurtriers depuis le début des "conflits" provoqués par la destitution du président Morsi, et ont fait jusqu'à présent 300 morts. Samedi soir, les pro-Morsi étaient des milliers réunis pour un sit-in Place Rabaa al Adawiya, depuis la fin du gouvernement Morsi.
Les violences ont repris à Port Saïd, épine dans le pied du pouvoir islamiste au nord-est de l'Egypte, à la suite des obsèques d'un jeune pro-Morsi samedi. Selon des témoins, des coups de feux ont été tirés en direction d'une église copte orthodoxe. Bilan de la nuit: 15 blessés, selon des hôpitaux.
La majorité des islamistes égypiens tués dans la nuit étaient venus à Tunis pour exprimer leur soutien au gouvernement Morsi.
Depuis trois semaines, les pro-Morsi manifestaient dans différents lieux de la ville. Ce samedi, en début d'après midi, le pouvoir annonçait qu'il allait disperser "très prochainement" les partisans.
Certains manifestants, campant autour de la mosquée de Rabaa Al-Adawiya, ont déclaré s'attendre à de nouvelles effusions de sang à cette occasion. Lors d'une conférence de presse, le ministre de l'Intérieur a également affirmé que les forces de l'ordre agiraient "dans le cadre de la loi", tout en veillant à ce qu'il y ait "le moins de pertes possibles".
Réactions de personnalités
Quelques personnalités, dont certaines soutenaient le renversement du gourvenement Morsi, ont condamné la mort des manifestants. Cheikh Ahmed Al-Tayeb, imam d'Al-Azhar, a demandé une "enquête urgente" sur les violences de la nuit de vendredi à samedi.
Pour sa part, l'opposant Mohamed El Baradeï, par ailleurs prix Nobel de la paix, a exprimé son indignation face aux événements de vendredi, déplorant "le recours excessif à la force". En France, on parlerait de "moyens disproportionnés" déployés par Manuel Valls.
Les frères musulmans ont eux condamné un "massacre inhumain" qui ne ferait que "renforcer (leur) détermination à refuser le coup d'Etat et exiger le retour de la légitimité incarnée par le président élu".
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a par ailleurs fait part de son inquiétude face à cette "explosion de violence", tout en rappelant aux autorités égyptiennes leur "obligation morale et légale de respecter le droit de manifester de manière pacifique".
Appel au calme de la France
Réagissant aux morts de la nuit, la France a pour sa part appelé "toutes les parties et notamment l'armée à la plus grande retenue": une exhortation que Manuel Valls qui pourrait s'adresser au premier flic de France, Manuel Valls. Déplorant "le bilan déjà lourd des heurts en Egypte", le porte-parole du quai d'Orsay, Philippe Lalliot, a suggéré "la recherche du compromis pour qu'une solution politique se dégage pacifiquement".
Le diplomate évoquait l'engagement du pouvoir provisoire d'organiser des élections (démocratiques?) "dans les meilleurs délais". Depuis la destitution de Morsi il y a trois semaines, plus de 250 personnes sont mortes des violences en Egypte.
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