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mardi 1 juin 2010

Bayrou est-il sur la route de Canossa ?

Méconnaissable, le fils prodigue frappe à la porte de la majorité

"Le Retour du Fils prodigue",
de Bartolomé Esteban Murillo (1618-1682)

François Bayrou est réapparu spectaculairement dépité dimanche soir au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro). Douché par les régionales (lien PaSiDupes: le MoDem se vide) et rasé de près par les dettes, il s’est exprimé sur le ton accablé de celui qui relève d'une longue maladie (lien PaSiDupes: le MoDem n'est pas mort, il parle encore): un état aussi surprenant qu'intrigant.

Que faut-il comprendre ?

1. Les gens sérieux et responsables, au rang desquels Bayrou entend figurer, ne peuvent plus se permettre de continuer les petits jeux classiques de la politique. Il se fonde sur le déficit français qui, la crise aidant, a augmenté de 400 %, de 2007 à 2010, passant de 38 milliards d’euros à 152 milliards d’euros. La situation étant grave, il ne pourrait garder plus longtemps la posture qui était la sienne. Il admet aujourd'hui avec force que « pendant longtemps, on a été un peu légers. Je suis moi-même gascon. On ne peut plus aujourd’hui se payer ce luxe-là. » Et à l’adresse de Nicolas Sarkozy : « Il est des moments où il faut rassembler un peuple pour qu’il s’en tire. »

2. Bayrou se garde de verser dans le catastrophisme, mais il estime que le pire n’est pas complètement exclu.
Le pire ?
Le pénitent noir estime que la France, parce qu’elle n’aurait pas pris à temps les mesures ad hoc, pourrait se retrouver demain, toutes proportions gardées (?), dans une situation proche de la Grèce et de l’Espagne : « dégradées » par la communauté financière, donc mal notées. L’ex-candidat centriste a pris bonne note de ce que le nouveau ministre du Budget, François Baroin, venait, en termes diplomatiques, d’admettre : la situation est « tendue ».
« Le pire est l'ami de l'excès »
C'est le corrélat que Pierre Dac apporte au dicton selon lequel « le mieux est l'ennemi du bien »
Du coup, Bayrou approuve Nicolas Sarkozy de vouloir faire inscrire dans la Constitution que les déficits de fonctionnement – gommés aujourd’hui artificiellement par des emprunts « immoraux, honteux » – soient demain structurellement interdits. Et il révèle, au passage, que la France a transmis une « note » à Bruxelles annonçant deux points d’augmentation des prélèvements obligatoires.

3. Bayrou fait don de sa personne à l'économie
Il fait une offre de services. Parce qu'il refuse catégoriquement l’idée d’une « récession », il se dit prêtà participer, à sa place, à toute opération de nature à éviter ce drame : « Je n’accepte pas qu’on plonge le pays dans la récession. » Que la crise se le tienne pour dit: elle trouvera Bayrou sur son chemin !
Mais qu'a-t-il à opposer à ce « on » voilé ? « Personne, admet-il, n’a de solution ». Quand 'on n'a pas de solution' (affirmation qui n'est pas de nature à le rapprocher du PS), comment peut-on refuser jusqu'à l'idée même de « récession » ?... Et il insiste dans le registre dérisoire en soulignant que nul ne sait quelle sera la donne « dans deux ans ».

Bayrou, indésirable

Le Gascon a fait le tour de ses ambitions
Il a échoué dans sa lutte contre le bipartisme et l'affrontement aura lieu sans lui, en 2012. Bayrou n'a rien à espérer d’une gauche qui a tenté de l'instrumentaliser: Wendolène a bien tenté de suborner Wallace, ci-contre, en lui proposant d'être son Premier ministre: cf. PaSiDupes, mais le PS ne veut plus de lui aujourd'hui: Hamon domine la faisant fonction de la Rue de Solférino et Bayrou, surnuméraire de la gauche, n'a jamais eu sa place dans la pléthore de courants socialistes et d'ambitions personnelles.

Le pénitent ira-t-il rencontrer Nicolas Sarkozy à Canossa ?

Le pontifiant Bayrou n'est pas Grégoire VII ni Sarkozy Henri IV d'Allemagne
Le pape avait certes excommunié l'empereur, mais Sarkozy n'a pas prononcé la déchéance de l'ex-UDF Bayrou, ce ministre de l'Education qui colle des gifles aux petits enfants: cf. PaSiDupes.
L'hypothèse d'une catharsis et d'une réconciliation est à court terme peu envisageable: Bayrou n'a pas engagé de purgation et le temps de l'ouverture est passé. Sarkozy serait-il miséricordieux ?

L'épine est plutôt dans le pied d'Hervé Morin qui, avant toute chose, devra se débarrasser de Bayrou-le-coucou. Qui d'ailleurs, pour le prix d'un, voudrait en prime recueillir la vieille reinette de Sarnez ?

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