Le patron du MoDem fait passer son courrier par le JDD
PaSiDupes a déjà eu à rendre compte des soupçons qui pèsent sur la sincérité de l'appartenance de Bayrou à l'opposition: lien PaSiDupes
PaSiDupes a déjà eu à rendre compte des soupçons qui pèsent sur la sincérité de l'appartenance de Bayrou à l'opposition: lien PaSiDupes
Or, le voilà maintenant qui s'échine à démontrer que tout rapprochement avec la majorité est pur fantasme de la majorité. Il faudrait certes être particulièrement miséricordieux pour accorder encore quelque crédit qui soit aux propos de Bayrou, quels qu'ils soient.
Il faut en outre que le budget du MoDem soit vraiment gravement déficitaire pour que son patron sollicite le JDD pour adresser une longue lettre à qui veut encore le lire, et même l'entendre en vrai ou le voir en peinture. Mais les adhérents sont-ils encore si nombreux que le MoDem n'ait les moyens de faire face aux frais d'affranchissement ?...
Exclusif du JDD (4 juin 2010)
« Gêné ou excédé par les rumeurs de son rapprochement avec le chef de l’Etat, le patron du Modem a écrit hier une mise au point à l’intention de ses militants, que le JDD s’est procurée.
"Chers amis,
Depuis quelques jours, on entend un certain nombre de commentaires sûrement très bien intentionnés prétendant que nous préparerions un "changement de ligne", un infléchissement de notre action en direction de l’actuelle majorité, en forme de "retour". Cela mérite une mise au point claire et nette pour éviter rumeurs et intoxications.
Nicolas Sarkozy m’a invité à le rencontrer en privé au mois d’avril. Lorsque le Président de la République m’invite, hier François Mitterrand ou Jacques Chirac, aujourd’hui Nicolas Sarkozy, je considère comme normal d’accepter cette rencontre. Je fais de même lorsqu’il s’agit du premier ministre ou des leaders de l’opposition de gauche. La situation de notre pays est suffisamment grave pour que les responsables conscients des difficultés (ils ne sont pas si nombreux) acceptent d’échanger leurs points de vue, y compris de manière informelle et en toute liberté.
Cela s’impose d’autant plus dans les jours de crise que nous traversons. Devant ces difficultés, que j’avais prédites depuis longtemps, personne ne peut affirmer qu’il a la solution. Tout le monde cherche, tout le monde sait (ou devrait savoir) que nous allons vers des temps difficiles, et dans les temps difficiles il n’est pas inutile de réfléchir ensemble. Nous sommes en désaccord, parfois violents, c’est normal, c’est la démocratie, mais nous ne sommes pas en guerre civile. C’est le point de vue que j’ai toujours défendu et que je défends d’autant plus aujourd’hui.
Parler entre responsables, sans concessions et sans compromissions, pour moi, pour nous, c’est le b-a ba d’une démocratie de citoyens adultes. Je vous le dis clairement, je continuerai de le proposer, et de le mettre en pratique. À ce titre, je revendique avec fierté que nous ayons ces derniers mois tendu la main à une partie de la gauche, social-démocrate, en espérant qu’elle oserait un jour affirmer son identité. Pour l’instant, cela n’a pas été le cas, mais nous avons eu raison de tendre la main et nous devons continuer à le faire!
Il n’y a pas de démocratie sans confrontation des idées et sans dialogue. Et la crise fait du dialogue une obligation. Cette rencontre avec le président de la république a eu lieu au moment où trois dossiers étaient ouverts par le gouvernement: la burqa, les retraites, et les collectivités territoriales.
Sur la burqa, sujet épineux, mis en scène d’abord (ne soyons pas dupes) pour des raisons électorales, mais qui trouble beaucoup de Français, particulièrement de femmes, j’ai indiqué que le texte du gouvernement qui dit seulement qu’en France "nul ne doit dissimuler son visage dans l’espace public" me paraissait raisonnable. Si ce texte ne change pas, je le voterai: c’est aussi le sentiment de notre ami Abdoulatifou Aly, député de Mayotte, seul député musulman de notre Assemblée nationale. Nous sommes ainsi fidèles à notre ligne de conduite: quand une décision nous paraît acceptable, nous votons oui ; si elle ne l’est pas, nous votons non.
Sur les retraites, question très lourde (trente milliards d’euros de déficit cette année), j’ai indiqué qu’une réforme était indispensable. Certains disent que la réforme peut être évitée! Pour moi, cette position est irresponsable. Donc, si la réforme proposée est raisonnable, je la soutiendrai. Dans le cas contraire, je ne l’approuverai pas.
Des financements nouveaux doivent être trouvés et mettre à contribution des revenus, notamment du capital, qui jusqu’à maintenant échappaient à la solidarité. Il faut augmenter le nombre d’actifs par rapport au nombre des retraités pour que la charge soit supportable. Cela ne pourra se faire que par une politique qui permette de créer davantage d’emplois en France, par une reconquête de productions nouvelles ou de productions que nous avons laissé s’en aller. Personne n’en parle et c’est pourtant là la clé, la seule clé, du problème des retraites, comme c’est la seule clé du pouvoir d’achat, ou de l’intégration par exemple. Il demeure qu’il faudra travailler plus longtemps! C’est le courage de le dire.
Comment y parvenir? Faut-il faire glisser l’âge légal, progressivement, au-delà de 60 ans? Pour moi, comme pour Dominique Strauss-Kahn, cet âge n’est pas tabou. À condition que soit traitée la question de la pénibilité de certains métiers, ce qui pour l’instant n’est pas fait.
Faut-il augmenter le nombre d’années de cotisations? Cette solution qui a la faveur du PS et de certains syndicats n’est pas interdite non plus. Mais cela signifie que pour tous ceux qui ont fait ou feront des études, la retraite serait reportée bien au-delà de 65 ans. Les deux solutions ont leurs inconvénients : peut-être faut-il combiner les deux? Nous en débattrons d’ici au 26 juin, date à laquelle le Conseil national arrêtera nos propositions. En attendant le débat dans nos rangs est ouvert à partir d’une note d’orientation que vous avez reçue il y a quelques semaines.
En tout cas, je suis décidé à défendre le seuil (aujourd’hui fixé à 65 ans) où on peut faire valoir ses droits à la retraite sans décote même si l’on n’a pas le nombre de trimestres exigé. Ce "filet de sécurité" est très important, par exemple pour les femmes qui ont repris le travail après avoir élevé des enfants, ou pour ceux qui ont connu la "galère" du chômage, ou pour ceux qui ont travaillé à l’étranger, par exemple.
Il faudra enfin penser la vraie réforme, je devrais dire la vraie refondation des retraites, celle qui assurera l’équilibre sur le long terme et permettra à chacun d’adapter librement sa retraite aux conditions particulières de chaque vie professionnelle ou familiale. Pour nous, nous plaidons depuis dix ans pour un système de retraite à points, ou de comptes personnels, où chacun sait, à tout moment, où il en est. C’est le seul moyen, sur le long terme, d’assurer l’avenir de la retraite par répartition. J’ai été heureux de noter sur ce sujet des prises de position nouvelles, par exemple les déclarations de la CFDT. J’ai demandé au gouvernement de faire de cette réflexion sur une réforme à long terme, par exemple à l’horizon 2020 ou 2025, un chapitre important de sa proposition.
En tout cas, il n’existe pour moi aucune possibilité responsable et juste de ne pas faire de réforme. Il suffit, dans les rues de nos villes ou villages, de compter les retraités, de plus en plus nombreux, et les actifs, de plus en plus rares, pour voir que nous allons dans le mur. Et aller dans le mur, cela signifie, comme en Grèce, en Espagne ou au Portugal baisser brutalement les retraites de 10 % ou de 15 %. Cela, je ne l’accepte pas et je ne serai pas complice d’une telle lâcheté.
Enfin sur les collectivités locales, j’ai combattu à la tribune de l’Assemblée nationale, et je continuerai à combattre le projet du gouvernement de faire élire les futurs conseillers territoriaux à l’actuel scrutin cantonal, ce qui serait la consécration du bipartisme, un recul de l’idée régionale, une renoncement insupportable à la parité et au pluralisme. Selon moi une telle loi serait inconstitutionnelle et définitivement inopportune.
Savoir approuver quand une décision va dans le bon sens, combattre les décisions injustes, cela a toujours été notre ligne de conduite. J’en suis fier et je le revendique. Cela signifie-t-il une quelconque connivence avec le pouvoir actuel? Je vois bien la manœuvre qui tente de le faire croire. Mais ceux qui conduisent cette intoxication se mettent le doigt dans l’oeil et il convient, charitablement, de les détromper…
J’ai, depuis le premier jour, mis en garde contre les risques que faisaient courir la politique de Nicolas Sarkozy. Cela n’a rien à voir avec une mésentente personnelle. Je ne dis pas qu’il n’a aucune qualité, d’énergie par exemple. Je ne lui fais pas porter des responsabilités qui ne sont pas les siennes : je sais bien qu’il n’est pas directement responsable de la crise, même si cette crise est celle du capitalisme qu’il défendait.
Mais mon jugement n’a pas changé: les orientations de Nicolas Sarkozy ont porté atteinte à des principes pour nous essentiels. La justice fiscale a été niée par le "bouclier fiscal". Les déficits ont explosé, et pas seulement à cause de la relance. L’éducation est maltraitée, sans vision, et dans une approche uniquement comptable. L’indépendance des médias est mise à mal par la nomination directe des responsables de l’audiovisuel public. Le mélange des affaires privées et des affaires publiques a été une réalité de tous les jours. La séparation des pouvoirs est malmenée. Le président porte atteinte à la fonction qu’il exerce en se présentant constamment comme chef de parti.
Tout cela, je l’ai dit, directement, à Nicolas Sarkozy chaque fois que je l’ai rencontré. Et pour que nul n’ignore quel est mon jugement sur ces graves erreurs, j’ai écrit un livre Abus de pouvoir qui n’était ni un pamphlet, ni un mouvement d’humeur, mais un diagnostic et une défense des principes démocratiques et du modèle républicain français.
Nous avons combattu sans relâche ces choix qui ont aggravé la situation de notre pays ou l’ont empêché d’avancer. Ce combat, pour moi, n’a pas cessé et ne cessera pas. J’observe d’ailleurs que ce diagnostic, que nous avons formulé depuis trois années, et souvent seuls, est aujourd’hui largement partagé.
Tout cela peut-il être corrigé? Si c’était le cas, tant mieux. Mais cela me paraît, à tout le moins, résolument improbable. Restent les débats sur le "centre", auquel désormais on semble trouver tant de charmes et de vertus.
Pour moi, les choses sont limpides: un centre indépendant est vital pour la démocratie française. Ce courant politique est un des piliers de la vie publique. Il est le garant du pluralisme nécessaire puisqu’il empêche le simplisme de la bipolarisation droite/gauche. Il conjugue la démocratie avec la République. Il refuse que la guerre des deux camps soit le seul horizon de notre vie publique. Il se bat contre le monopole du pouvoir attribué à qui que ce soit. Il veut à la fois la justice sociale et une économie inventive et créative, c’est-à-dire libre. Il considère que l’éducation est la pierre de fondation de tout progrès humain. Il défend notre patrimoine naturel comme un bien commun et prend au plein sens du terme l’association des deux mots "développement" "durable". Il pose comme principe que l’économie financière ne doit pas gouverner le monde et doit être régulée. Et il sait qu’un tel projet de société ne se défend pas si l’Europe n’est pas forte, unie et libre. Ce projet politique est en confrontation, et souvent en opposition avec les idéologies portées aujourd’hui par l’UMP et par le PS. Il ne peut donc accepter de se laisser satelliser par aucun des deux partis actuellement dominants.
Il peut chercher et trouver des compromis, mais il refuse les compromissions. Il est ouvert, mais il est intègre. Et il ne doit accepter aucune concession, ni sur l’ouverture, ni sur l’intégrité. C’est pourquoi l’article premier de tout acte d’existence du centre, c’est l’indépendance. Je ne ferai sur ce point central aucune concession à qui que ce soit.
La faiblesse actuelle de ce courant politique vient de sa division et, pour certains, de sa soumission. Division et soumission, ce sont les deux causes de sa faiblesse électorale actuelle. Je ne ménagerai pas mes forces pour qu’il se rassemble, et pour qu’il se redresse.
En tout cas, sa mission est de préparer et d’offrir une alternative réaliste, crédible à la politique qui a été suivie depuis trois ans. C’est parce que je crois à la force et à l’avenir de cette famille politique que j’ai été, je suis, et je serai intransigeant sur le respect de ses principes. Cela demande courage et caractère? Tant mieux ! C’est ainsi que se forgent et s’éprouvent les vraies aventures humaines.
Je vous prie de croire à mon amitié."
Sans connivence de PaSiDupes avec le Gascon.
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