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jeudi 19 avril 2007

Royal : plus populiste, tu meurs !

Elle fait son marché de campagne.

Son propre fils Thomas, élevé par des nounous comme les trois autres, révéla que ce n’est pas sa mère, Sa Cynique Majesté Royal, féministe imbue de sa personne, qui fait les courses de la maison, mais son père. Pourtant la candidate rose est allée faire campagne entre le rayon surgelés et les caisses d'un supermarché parisien. Tout est artificiel et fait pour tromper l’électeur naïf. Et se leurrer elle-même. Elle a tellement besoin de subterfuges pour croire à sa victoire, que son entourage l’a menée avenue d'Italie devant un magasin … Champion ! Elle ne connaît manifestement pas –et ne connaîtra jamais– l’existence même des magasins Ed ou Lidl, jugés ni assez bien, ni assez symboliques par l’entourage de la championne socialiste. Trop de dépaysement pourrait lui faire perdre ses marques.

Quelle aventure ! Dame Royal s’est donc quelques instants mêlée au peuple indigène de France. Quel changement avec Boulogne-Billancourt ! Pourtant, la candidate socialiste se retrouva vite encadrée par une demi-douzaine d'employées et par la chef du village, déléguée syndicale CFDTjustement, mais ça s’est trouvé comme ça–, une meneuse sympathisante qui dirigeait le petit comité d'accueil ad hoc d'une visite tenue secrète (!), nous dit-on, jusqu'au matin de l’excursion en terre de mission. Pour la couleur locale, Reuters met en toute impartialité une touche militante à son compte-rendu : « Toutes portent la veste rouge et blanche de l'enseigne - les couleurs du PS - sur laquelle se détache un slogan digne d'une campagne présidentielle: "Vous rendre chaque jour la vie plus facile". Récupération, comme d’hab ! Mais surtout récupération du slogan d’un grand groupe capitaliste. La cynique susnommée fait son recyclage… Concession au merchandising ? A la globalisation ? En un mot, illustration de la cohérence des propos de Dame Royal.

Guidée par la chef de village syndicaliste, Marie-sEGOlène découvre (c’est Reuters qui le souligne…) les caisses automatiques pour les clients ayant moins de dix articles. La misérabiliste n’a pas osé affirmer que la caisse moins de dix articles est réservée aux salariés pauvres qui n’ont pas les moyens de onze articles. Modérée, elle s’est sincèrement inquiétée d'une société où on "enlève de la présence humaine". Remarque particulièrement appropriée au commerce de grande distribution…

Une dame âgée anonyme et pas militante, qui se trouvait justement là avec son panier rouge en mains et la question appropriée en mémoire, l'arrête près du rayon fruits et légumes (détail important pour l’authenticité) pour lui parler des prix qui ont augmenté "à des proportions incalculables" surtout sur les produits "pour les personnes âgées et les enfants". Avenue d’Italie, autant le savoir, les personnes âgées ont droit à leurs produits spécifiques. Comme les chiens, les chats et les diabétiques ou les obèses ? Et pourquoi les enfants plus particulièrement ? La candidate est-elle en campagne contre la cherté des petits pots pour bébés ? A-t-elle jamais changé les couches de son père aimé ? Mais, bon ! Elle ne peut retenir cette remarque jaillie du fond de ses tripes : "Et ce n'est pas pour ça que les salariés sont payés plus cher hein?" Cosette n’a pas oublié ses lectures de Victor Hugo et de Eugène Sue, les compagnons de son enfance douloureuse. Situation fabriquée par ses amis détenteurs d’un BTS de journalisme ? Ou peut-être par son entourage de fins psychologues sociaux dénichés à l’EHESS?

L’amateurisme de la candidate exploratrice de terres inconnues éclate au grand jour. A l'accueil, celle qui a quatre enfants mais ‘découvre’ les supermarchés s'enquiert par automatisme socialiste des suppressions d'emplois engendrées par le passage aux caisses automatiques. "Pas du tout!", lui explique une employée prise au dépoté. "Au contraire, on en a formé d'autres (caissières) et repris d'autres. Il y a eu des évolutions de carrière", assure-t-elle face à une candidate qui fronce le sourcil, sa visite ayant pour but de dénoncer "la logique de régression" de la grande distribution qui mécanise certains postes de travail. Elle est tombée sur une réactionnaire ! La chef de village va payer…

Convoqué sur place, le directeur des ressources humaines de l'enseigne, Marc Veyron, tente d'ouvrir un débat participatif avec Royal. "C'est un beau magasin mais il y a beaucoup à faire sur l'emploi. Je viens surtout voir les caissières", assène bille en tête la délicieuse candidate du PS, qui retrouve la mémoire et s’associe le PRG et le MRC pour faire nombre et se donner de l’importance !

Deuxième tentative polie du DRH suspect quelques minutes plus tard. "On n'a pas pu échanger", se plaint le responsable du grand capital. "Un autre jour", répond, hautaine et cassante, Sa Souriante Majesté Royal en tournant les talons. Ce « un autre jour » est-il lourd de menace ?

Un peu plus loin, Barbara Brasset, une caissière depuis 1999 et souffrant d'une maladie professionnelle - une tendinite au poignet gauche- depuis 2001 s'est mise en pause pour dialoguer avec la candidate.

Mais préalablement à son face-à-face, le seul de toute la campagne présidentielle, le dialogue avec les travailleuses, si opprimées soient-elles, ne devant pourtant pas prendre le pas sur le travail des photographes, Sa Démagogue Majesté Royal range gracieusement, sous l'oeil des photographes, les courses d'une dame déboussolée par la foule des journalistes. Dans un sac transparent, elle empile tranquillement fraises garriguette (de Pologne) et baguette tradition. Et pas de Chabichou ? Cette vieille dame est une réfractaire et une ingrate. En attendant, la presse dévote donnera à croire à ses lectrices, ménagères de plus de cinquante ans, que la candidate serait donc des leurs et ne rechignerait pas à faire les courses, si ce n’était une tâche trop dévalorisante pour une personnalité de cette envergure.

Entre les packs d'eau (de source de Ségo-écolo), de lessive (Royal, qui lave plus rose que blanc) et de lait en poudre (aux yeux), Barbara soulève tous les jours "une grosse charge". Les clients font cependant leur part en les soulevant jusqu’au tapis roulant qui les achemine... Pour sept heures de travail par jour du lundi au samedi "avec le vendredi de repos", elle gagne "980 euros net". "Le Smic pile poil", souligne à contrecœur la candidate au langage naturellement jeune et branché du VII° arrondissement de Paris. Croit-elle aussi que ça fait ‘populaire’ ? Quant à elle, Barbara, elle gagnerait mieux en termes de salaire –et de qualité de vie ?–- en travaillant le dimanche. Tel est le nouveau débat auquel la socialiste se refuse de participer… Elle a oublié ses fiches ?

S’adressant à la Royal promotrice blanche de ‘la république du respect’, une indigène de la tribu Champion se livre : "C'est un métier que j'adore mais ce qui nous incommode le plus, c'est l'incivilité des clients" qui demandent toujours plus de sourire mais passent à la caisse sans interrompre leur conversation téléphonique. "Pour certains, on est des machines". Reuters ne nous communique pas les solutions de l’exploratrice socialiste en république indigène. Il faut bouger la bouche à sa place. La solution ? Le changement , le vrai… C’est-à-dire un peu de prévention et beaucoup de démagogie dans l’Education Nationale où, depuis la ligne de touche, le prof est devenu un observateur FSU des IUFM: « l’enfant est au centre du projet » !… L’enseignant n’enseigne plus, il éduque : l’arbitre de touche est devenu éducateur à la place des parents. Où est le vrai changement ? Aucun.

Dans les bureaux du magasin, face à six employés, la candidate de gauche rappelle pourquoi elle a fait l’expédition de l’avenue d’Italie et résume les enjeux de l’ élection présidentielle de dimanche en faisant l’amalgame des pratiques des supermarchés, des stations-services ou des gares. La Poste est omise ? Face à une "société de sécurité", qui supprime des emplois de service (la caissière lui a pourtant déclaré le contraire –voir plus haut !) pour mettre plus de vigiles (en a-t-elle rencontrés à Champion ?), elle veut incarner une société où la "présence humaine" sera renforcée : elle est venue, en passant, elle a fait acte de présence, mais point de dialogue, ni donc de présence HUMAINE. "C'est un vrai choix de société qui est là". Elle aurait pu aussi bien envoyer une cassette vidéo. Incarnation désincarnée : c’est nouveau ; il fallait le faire, Royal l’a fait.

Car elle s’est à nouveau montrée à son pool de presse et a fait pour cette cliente anonyme ce qu’elle n’a jamais fait pour ses enfants : elle a rangé des commissions dans un cabas ! Mais elle n’a pas échangé à mesure des rencontres. Elle a parfois commenté à certains arrêts, mais sans engager aucune conversation. La technique du débat participatif est ‘valable’ ici comme ailleurs, en toutes circonstances : on écoute les interventions successives et on dit ensuite ce qu’on a à dire, en rapport ou non ! Mais pas de dialogue, jamais de contradiction : elle déteste la contradiction; elle casse les contradicteurs. Alors, elle avait toute prête une synthèse de tout ce qu’elle voulait dire de toute façon dans cette situation préparée. Elle délivre donc le message pour lequel elle a été briefée…

C’est écouter sans entendre, pour imposer ensuite

1 commentaire:

  1. Votre conclusion résume parfaitement la méthode Royal et le gros mensonge de la démocratie participative "royaliste"...
    La démocratie participative de Ségo est un leurre à gogo. Elle écoute, peut-être, mais n'entend surement pas.
    Julien

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