Une paire qui laisse perplexe
Flamby 1er fait du boudin.
Pourquoi?
La chronique de Nicolas Domenach, directeur adjoint de la rédaction de Marianne, sur I-Télé exprime la perplexité des Français, le 19-12-06 déjà.
A quoi jouent Royal et Hollande ? Est-ce un duo ou un duel ? Un couple qui se découple ? Un tandem ? Un ménage qui déménage en tout cas… Avec Royal-Hollande, nous sommes confrontés à une situation qui laisse pantois, perplexe, stupéfait, tant elle est inédite. Un couple, en politique, c'est déjà peu banal. Mais un couple en campagne présidentielle, c'est exceptionnel ! Surtout quand la complicité est faite de concurrence et quand la femme l'emporte sur son compagnon qui l'a sous-estimé, puis aidé. Ce dernier ne désespère toujours pas de s'imposer à sa façon, de prendre sa place, toute sa place et au-delà de premier secrétaire du parti socialiste qui n'a pas trimé 20 ans pour rien. Prenez la séquence de ces derniers jours. Ségolène Royal prononce samedi un grand discours de la méthode en appelant à faire de la politique autrement, en allant à l'écoute des Français, avec des sourires, des nœuds dans les cheveux, des étoiles dans les yeux, des pique-niques, des bals musettes, de feux de camp, des concours de rock et de bonne humeur puisque le bonheur peut et doit être contagieux. Après ce discours de la campagne « youkaïdee, youkaïda », elle participe à une grande émission de télévision, Ripostes, où elle se garde de dire quoique ce soit de précis, où elle évite d'avancer des engagements concrets, afin de ne pas s'exposer trop tôt. Et le lendemain, badaboum, patatras ! Dans le journal Le Monde, François Hollande annonce, comme on part en croisade, le programme fiscal de la candidate, détaille la moindre mesure, comme pour mieux provoquer l'adversaire de cette droite qui, elle, veut toujours baisser les impôts des riches, quand la gauche une fois au pouvoir les augmentera, assure-t-il. Et pas un mot sur la seule proposition concrète que Ségolène Royal avait risquée : le revenu de solidarité active. Tout cela accompagné d'une photo d'un Hollande relooké de frais et de glamour, tel George Clooney dans la pub Nescafé. Comme s'il voulait relancer la primaire dans le couple. En tout cas, il fait sérieux et charmeur, futur ministre pour le moins, pas du tout secondaire ni abattu mais homme marchant vers des responsabilités suprêmes. Lesquelles ? Qui fait quoi dans ce couple ? Assiste-t-on en direct à des scènes de ménage à répétition ? Car c'est tous les jours que se produisent des péripéties de cet acabit où l'un dit noir et l'autre blanc comme sur la BCE, où l'une se fait morale et l'autre se montre cynique, où l'un parle au peuple de gauche qui veut en découdre et l'autre à la France qui voudrait recoudre. Papa pique et maman coud : les enfants électeurs vont-ils s'y retrouver ?
Le premier, le député PS Jean-Christophe Cambadélis, s'en est alarmé en parlant de malaise et en se demandant s'il n'y avait pas de risque de contradiction. Si les socialistes, par exemple, devraient être dans l'écoute ou dans le combat. Et au fond chacun s'interroge pour savoir s'il s'agit d'une querelle d'amoureux et d'intérêt, où chacun se dispute en public mettant en avant sa logique. François Hollande celle du Parti socialiste et de son existence à laquelle il ne veut pas renoncer. Ségolène Royal celle de sa candidature au-delà du parti et de l'influence de son compagnon. Elle est condamnée à lui échapper, comme au PS. Il est obligé de la contrer, de la rattraper dans son intérêt et dans celui du parti.
Mais ceux qui croiraient à des déchirements publics et mortels, du genre de Richard Burton et Liz Taylor, risquent d'en être pour leurs frais. Déjà DSK et Fabius avaient cru à l'éclatement possible de ce couple. Ils pensaient fort probable que les diaboliques s'assassinent mutuellement puisqu'il n'y avait qu'un poste pour deux. Ils se sont trompés lourdement. Même si Hollande a attendu, voire espéré que son tour vienne, s'il n'a pas misé pendant plusieurs mois sur les chances réelles de la mère de ses quatre enfants, à l'arrivée ces deux-là n'en ont pas moins fonctionné en connivence. Et à leur façon, dure parfois, puisque le rapport de force y joue un rôle non négligeable, nous avons une version politique de Bonnie and Clyde qui s'apprêtent à réussir le casse électoral du siècle. Ce n'est qu'après, à l'heure du partage du magot, que les ennuis réels commencent.
Et si Nicolas Domenach élargissait son champ d'investigation... Les diaboliques sont unis par la SCI La Sapinière, mais peut-être sont-ils un couple désuni.
Et si il y avait un deuxième homme, qui ne serait ni Bayrou, ni Le Pen...
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