Les « Indigènes de la république » comprendront-ils ?
Dans son livre ‘Fier d’être Français’ (Fayard, 2006), Max Gallo (1932), proche de Jean-Pierre Chevènement, député européen socialiste en 1989) écrit de nombreuses pages utiles, à lire et faire lire.
‘Car qui se proclame aujourd’hui de cette « vraie France , la France en réserve, la France profonde » que Fernand Braudel et les soldats vaincus de 1940, marchant en colonnes dépenaillées sur les routes de la captivité, imaginaient derrière eux , gage de continuité, de permanence et d’espérance ?
Elle survivrait.
La France avait perdu une bataille, elle n’avait pas perdu la guerre. Et, quoi qu’il arrivât, la flamme de la Résistance française ne devait pas s’éteindre et ne s’éteindrait pas.
Ainsi parlait de Gaulle, condamné à mort par un tribunal militaire aux ordres de Pétain. Mais celui-ci, qui serrait la main de Hitler à Montoire, invoquait la terre de la patrie « qui ne ment pas », et célébrait sainte Jeanne d’Arc ! Quant aux patriotes, ils ne se nommaient pas seulement Jean Moulin ou Philippe Leclerc de Hautecloque, mais Grzywacz, Boczov, Rayman, Manouchian, Alfonso, Fontanot.
Ceux-là, l’ennemi placardait leurs portraits « noirs de barbe et de nuit hirsutes, menaçants », sur les murs des villes françaises, en grandes affiches rouges qui dénonçaient l’ »armée du crime ».
Ce n’étaient que des « Français de préférence » :
Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
Aujourd’hui un rappeur lance : « Je suis venu niquer la France. »
Un second ajoute qu’il faut « tout niquer », « exterminer les ministres ».
Un autre appelle à "pisser sur de Gaulle et Napoléon ».
Ils sont loin les « Français de préférence » de l’Affiche rouge !
Mais peut-être, comme l’affirment les optimistes, ne s’agit-il là que des défis provocateurs d’une jeunesse qui crie sa haine parce qu’elle veut être entendue, reconnue et qu’on l’a abandonnée, qui est violente et pleine de ressentiment parce qu’on ne lui a rien donné ?
Comme si les Grzywacz, les Boczov, les Rayman, les Manouchian, les Alfonso, les Fontanot et les centaines de milliers d’autres Polacks, Ritals ou Marocains, et tous les autres métèques venus de Russie, du Portugal et d’Espagne, de Bessarabie, d’Arménie ou de Galicie, avaient d’abord reçu autre chose que leur par de misère, de mépris, d’humiliation et parfois de coups de fusil, de coups de crosse ou de bottes pour les faire monter dans les trainsqui les renvoyaient chez eux ! En Pologne, par exemple, quand la crise des années trente s’abat sur le bassin houiller.
C’est là une histoire qui date d’à peine avant-hier. Quand les Ritals vivaient dans des taudis de banlieue, entre eux.
Quand ils quémandaient du travail -à.la journée, payé le soir, et demain on verra !
Quand les ouvriers « gaulois » les chassaient, les battaient, les lynchaient –ainsi dans les salines de Provence : au moins une dizaine de morts en 1893. […]
Dans les écoles primaires où ils s’entassaient à soixante par classe, malheur à celui qui ne s’exprimait pas en français ! Le maître lui faisait entrer la langue nationale à coups de règle sur les doigts ou les cuisses !
C’était au début du XX° siècle, le temps de deux ou trois vies, rien. Et pourtant, c’était une autre France et d’autres citoyens qui se voulaient Français.
Ils n’imaginaient pas que l’histoire de la France eût commencé avec leur arrivée sur son sol.
Ils n’accusaient pas Napoléon de crime de guerre parce qu’il avait dans leur Piémont , en 1796, donné l’ordre à ses soldats de brûler les villages qui résistaient à l’armée –qui n’était pas celle de l’Empire, mais de la République !
Ils savaient qu’être citoyen français supposait qu’on acceptât toute l’histoire de ce pays, et qu’on fût capable –cela se produisit en 1940 ! – de prendre les armes pour le défendre contre les armées du pays d’où l’on venait ! […]
L’instituteur ne donnait pas que des coups de règle !
Il offrait le savoir, la langue française et l’histoire de cette nation à qui voulait s’en emparer, les faire siens en n’oubliant ni ce que ses aïeux avaient vécu, ni le pays de leurs origines, mais en considérant qu’il y avait là une nation dans laquelle on voulait prendre place en respectant ce que l’histoire avait fait d’elle. On y apportait sa part, sa singularité, tout de qui pouvait faire mortier, ciment, tout le talent dont on était capable, pour que cet édifice aux fondations millénaires soit plus beau, plus haut. […]
Il n’y a pas eu un seul fou, un seul ingrat pour mettre le feu, en ce temps-là, à une école, car cette école était pour tous, elle permettait de renaître en effet « Français par choix, par préférence » !'
Rappel : Max Gallo est Rital d’origine.
Max Gallo est fils d'immigrés italiens. Son père, originaire du Piémont avait quitté l'école après son certificat d'études à 11 ans et était de nature autodidacte. Sa mère était originaire de la région de Parme. La famille Gallo habitait à Nice, et Max vit son enfance au travers de la Seconde Guerre mondiale. Son père était alors résistant mais n'avait pas mis son entourage dans la confidence. Max assiste en tant que spectateur à l'occupation et à la libération de Nice et vit avec intensité tous ces événements qui vont marquer son imaginaire et son envie d'être confronté à l'histoire. Cependant son père, d'un tempérament de nature prudente, oriente Max afin qu'il fasse des études techniques et qu'il devienne ensuite fonctionnaire.
Militant et membre du Parti communiste jusqu'en 1956, ses études d'histoires vont le conduire à abandonner cette voie qu'il juge aberrante, tout en restant d'orientation de gauche.
Il adhère au Parti socialiste en 1981 sur demande des socialistes niçois qui cherchaient une personnalité de marque ayant une notoriété suffisante pour s'opposer au maire de l'époque Jacques Médecin. Max Gallo était alors très connu pour avoir publié son roman sur sa ville de Nice, La Baie des Anges, qui fut un succès national et local. Il parvient à se faire élire député des Alpes-Maritimes en 1981 mais est battu lors des élections municipales de Nice en 1983.
Il rencontre pour la première fois François Mitterrand lors de l'émission télévisée, Apostrophes, de Bernard Pivot, en 1976. En 1983, il est nommé secrétaire d'État et porte-parole du gouvernement de Pierre Mauroy. Cette attribution nouvelle le conduit à créer ce petit ministère avec pour directeur de cabinet François Hollande. Il quitte le gouvernement en 1984 afin de consacrer plus de temps à son travail littéraire et exercer son mandat de député européen de 1984 à 1994.
En 1992, il quitte le Parti socialiste avec Jean-Pierre Chevènement, pour fonder le Mouvement des citoyens, dont il devient vice-président. En 1994 il abandonne son engagement politique et se consacre tout entier à l'écriture.Il a toutefois annoncé son soutien à Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2007. Source Wikipedia
Bof... c'est tellement vrai ! Mais gageons que s'il était plus connu, on aurait droit désormais à "nik max gallo" ... c'est triste
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