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jeudi 29 janvier 2009

Les fils et filles de… contre la méritocratie (partie 1)

La discrimination positive va-t-elle arranger ça ?
Partie 1 : en politique
L'ascenseur social aurait jusqu’ici réussi à renouveler les élites françaises


Il est en fait seulement parvenu à apporter un peu de sang frais à chaque génération, et c’est tant mieux. Mais assurer qu’il serait aujourd'hui totalement bloqué est un nouveau canular comme il en sort plusieurs fois l’an, un arbre médiatique qui cache la réalité de la forêt sociale. Il est donc de bon ton d’affirmer qu’il a peu à peu été remplacé par "l'ascenseur familial" ?
Il se trouve justement que le Chef de l’Etat demande un effort de promotion des élites potentielles dont le système empêcherait l’émergence. Parfait. Puisque la crise des classes dirigeantes en France, comme dans l'ensemble des pays développés, trouve son origine dans la crise de l'école, la perte du sens du bien commun et la médiatisation de la société, faisons un voyage aller (et retour !) dans "l'ascenseur familial".

En attendant, fait-il bon être fils ou fille de en politique ?


Jean-Louis Debré
, un ancien juge, devenu président de l'Assemblée Nationale, a attendu l’âge de 42 ans pour se lancer en politique : est-elle tellement gratifiante ? Elle est une passion ou un devoir chez les
Dominati, Dassault, d’Ornano, Missoffe-Panafieu, Giscard d’Estaing, de Gaulle ou Sarkozy.
Parmi les « fils de … », on peut pointer un Julien Kouchner (il n’est pas l’enfant de Christine Ockrent), qui dirige le site Internet des achats publics, un établissement public industriel et commercial (EPIC) et créé par entre autres la Caisse des dépôts. Mais peut-on trouver à redire aux fils ou filles de élus, comme Olivier Marleix ou Noël Barrot, ou alors, par analogie, il faudrait nommer Jean-Christophe Lagarde, député-maire Nouveau Centre, élu de Seine-Saint-Denis, qui a choisi de désigner sa femme comme adjointe, mais, en tant que conseillère régionale, elle est aussi élue d’Ile-de-France, sous son nom de jeune fille, Aude Lavail : l’égalité des sexes ou l’émancipation de la femme oblige.

Peut-on pour autant conclure que la droite, plus que la gauche, a le service de la population chevillé au corps?

Si on veut absolument opposer les uns aux autres, le procès de la filiation est souvent réducteur et les détracteurs ignorent que le fils Pinault a fait HEC, que le fils Michelin a fait Centrale et que Leclerc, le jeune, n’est pas qu’un marchand; Michel-Édouard est aussi docteur en sciences économiques... La filiation n’est donc pas nécessairement antithétique du mérite.

Si Roselyne Bachelot est la fille du résistant et député gaulliste Jean Narquin, Pierre Moscovici, ancien ministre socialiste des Affaires étrangères, est le fils de Serge Moscovici, l'un des fondateurs du mouvement écologiste. Marine Ronzani, la fille aînée de Dominique Voynet, a quant à elle décidé de se présenter aux élections législatives sous la bannière des Verts. Et, à tout juste 21 ans, le jeune Thomas Hollande, fraîchement encarté au PS, fait ses premiers pas en politique en animant la "Ségosphère" sur Internet. Barrack Hussein Obama l’a « recopié »…

Et qui en 1981, à 32 ans, s’est fait élire député dans la foulée de la victoire de son papa, a trouvé une place chaude au Conseil de l'Europe, où il fut membre de l'assemblée parlementaire de 1997 à 2002. Il est maire de Libourne depuis 1989, et également vice-président du Conseil Général de la Gironde depuis 2004. Vous avez deviné. Il s’agit bien de Gilbert Mitterrand
En 1981, à 32 ans, Gilbert Mitterrand est élu député dans la foulée de la victoire de son père. Il poursuit sa carrière au Conseil de l'Europe, où il est membre de l'assemblée parlementaire de 1997 à 2002. Maire de Libourne depuis 1989, le député PS est également, depuis 2004, Vice-président du Conseil général de la Gironde.

D’aucuns se demandent peut-être comment le PS a récupéré une Martine Aubry (1950), du nom de son premier mari, Xavier Aubry, dont elle a divorcé, épouse d’un avocat, Jean-Louis Brochen (1945), un ex-adjoint à la culture à la mairie de Lille auprès de Pierre Mauroy, qui reste tout naturellement l'
avocat ‘régulier’ de sa régulière et de la municipalité. Il est aussi surnommé “l’avocat des islamistes” (lien). A la mort de son père, il reprit son cabinet d’avocat, devint bâtonnier du barreau de Lille, comme papa, et à son tour ; son fils cadet est entré au cabinet familial et devrait logiquement devenir bâtonnier…
L’ancienne ministre de l’Emploi et de la Solidarité (35 heures…) de Jospin est en fait la fille de Jacques Delors, le maire de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) de 1983 à 1984, au temps de la relance par la consommation ( !), Président de la Commission européenne de 1985 à 1995, et ministre de l'Economie et des Finances de 1981 à 1984 ! En socialie, un dignitaire transmet donc jusqu’à la charge ministérielle à son héritier. Si ce n’est pas la monarchie.

La part d’opportunisme médiatique

En réalité, il n’y aurait pas plus d’héritiers aujourd’hui qu’il n’y en avait hier – et les exemples de « familles politiques » telles les Debré, les Poniatowski ou même les De Gaulle tendent à lui donner raison. Seule l’illusion créée par l’effervescence médiatique nous ferait croire le contraire.
En fait, il y en aurait même plutôt moins : « aujourd’hui le nom et la classe sociale d’origine, s’ils demeurent des atouts, ne suffisent pas à réussir. Le risque de descension sociale existe, c'est un péhnomèe nouveau», prévient-il.
Ces « fils et filles de » pourraient en réalité avoir plus de mal à se faire un prénom que leurs aînés, portés par le contexte favorable des trente glorieuses. Contrainte supplémentaire : ils dévalorisent, de par leur filiation, l’idéal de mérite républicain et d’ascenseur social que prétendent défendre leurs parents-candidats. Pris au piège des sirènes médiatiques, il leur faudra batailler sec s’ils espèrent convaincre l’opinion de la légitimité de leurs ambitions.

Et, pour commencer, allons à Marseille où un baron du defferrisme a produit une grande bourgeoise, cadre d’entreprise privée sur le port . Le sénateur PS Antoine Andrieux est le papa de Sylvie qui est entrée en politique à l’âge de 15 ans et s’est présentée aux municipales contre Nora Remadnia-Preziosi (42,21%), une fille des quartiers nord, une ancienne femme de ménage d’origine algérienne, devenue coiffeuse et épouse d’avocat de gauche, mais candidate UMP.

Finissons-en pour aujourd’hui, en beauté, en mentionnant le cas du fils de l’ancien ministre de la Défense de François Mitterrand,
Patrice Hernu (ci-dessus), et comment il atterrit à Clichy. Cet ancien élu PS de Cachan a rejoint la liste UMP de Marie-Claire Restoux pour tenter de faire tomber ce fief socialiste… A ne pas répéter ! Ce proche de Jean-Marie Bockel, le fondateur de la Gauche moderne, a déclaré : « Ce ralliement derrière la bannière et la belle écharpe bleue de Marie-Claire Restoux me paraît aujourd’hui le moyen le plus efficace et le seul susceptible d’apporter à Clichy l’alternance nécessaire pour mettre fin à vingt-cinq ans d’immobilisme ». Administrateur à l’Insee, cet économiste âgé de 59 ans présente un parcours politique peu commun. Il a été premier secrétaire fédéral du Parti socialiste et conseiller général PS dans le Val-de-Marne, membre du comité directeur du PS, corédacteur du programme Changer la Vie, cofondateur de Génération Ecologie auprès de Brice Lalonde et de Jean-Louis Borloo, président fondateur d’Ecologie bleue. Un roman qui devrait retenir l’attention de Libération…

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