Obama, du mythe à la réalité
Certes, il est encore de bon ton de s’enthou-
siasmer pour Barack Obama, le 44e président des Etats Unis qui prête serment mardi. Une fois passé le temps de la campagne présidentielle, celui de la construction du mythe du premier président noir qui n’est en fait qu’un métis visiblement bien clair, et celui de la dithyrambe médiatique qui le présente en nouveau JFK désinvolte, la presse devient tout à coup plus prudente quand viennent les responsabilités. Elle se montre beaucoup plus circonspecte sur sa capacité à satisfaire les énormes espoirs placés en lui dans son pays et ailleurs dans le monde.
Il est vrai qu’il s’est beaucoup exposé aux caméras avec ses filles, comme Sa Cynique Majesté Royal, ou torse nu, comme Villepin, ou en plombier polonais à l’occasion de la journée des résolutions et que logiquement, lorsqu’elle envahit les media outre-atlantique, cette starisation qu’on se plaît à fustiger dans l’hexagone ne peut décemment être louée par les anti-américains primaires.
Les accords des violoneux…
A travers le nuage d’encens, relevons quelques a priori béats. Cette investiture, estime Hervé Cannet de La Nouvelle République du Centre-Ouest, "possède un côté magique, irréel, invraisemblable", car Patrick Fluckiger souligne dans L'Alsace, qu'un "cycle s'achève" et que "Barack Obama peut donner l'impulsion décisive pour en ouvrir un nouveau". Et "De nouveau, Amérique rime avec espoir", ajoute Bruno Dive dans Sud-Ouest.
Ce qui "étonne le plus, Jacques Camus de La République du Centre, c'est qu'il aborde cette épreuve du pouvoir avec un mélange surprenant de calme, de maturité et d'humilité", alors qu'il incarne, selon Françis Lechat (Le Courrier Picard) "pour l'Amérique, comme pour tous les pays du monde, un retour à des valeurs universelles de dialogue et d'humanité".
Des couacs du côté des cuivres……
Il faudra bien à Obama les "deux atouts: un état de grâce unique, et planétaire. Et sa détermination" que Michel Vagner (l'Est Républicain) observe chez le nouveau président. Mais pour le journal communiste (L'Humanité) qui participa à la guerre froide et poursuit la lutte des classes, Patrick Apel-Muller tempère cet enthousiasme par cette interrogation: "Qu'en sera-t-il de l'espérance d'en finir avec la ‘guerre des civilisations’ lancée par George Bush ?"
Plus catégorique encore, Patrick Pépin de Nord Eclair doute que le nouveau Président puisse "dès demain, mettre fin à la guerre qui dure depuis soixante ans au Proche-Orient, à la crise financière mondiale, à l'occupation américaine d'Irak, au scandale de Guantanamo".
Car, "le flamboyant ‘Yes we can’ ... sera durement malmené quand viendra l'heure de la confrontation entre idéalisme et pragmatisme", prévient Daniel Ruiz dans La Montagne.
Dans la même veine, mais avec une indulgence prémonitoire, Yann Marec (Midi Libre) s’angoisse en pensant stupidement qu'Obama "est seul face au chantier du monde. Et ce n'est qu'un homme...". Retour sur terre ?... Mais delà à le voir seul au monde pour faire fasse aux dangers qui planent sur la planète, on est en plein délire. Tout comme Michel Lepinay qui prévoit, dans Paris Normandie qu'il "lui restera, comme les autres, à faire ce qu'il peut". La presse de gauche en a manifestement rabattu. D'autant qu'il "lui faut tenir la barre en pleine tempête", juge Jean Levallois pour La Presse de la Manche. Tous ces réalistes angoissés, qui découvrent la récession et la crise, témoignent-ils de la même lucidité à propos des autres chefs d’état, et du leur en particulier ?
C'est pour cela, que selon Hervé Chabaud (L'Union) "ses cent premiers jours vont être déterminants". Après les promesses, les réalisations, mais les thuriféraires ne sont plus aussi flambants !
Pour des raisons d’ailleurs tout à fait discutables, Jean-Claude Kiefer est plus tranchant encore dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace: "Cette ‘Obamania’ universelle a aussi quelque chose d'agaçant. Elle montre toute la suprématie des Etats-Unis, elle ravale nos dirigeants au rang de simples gouverneurs de provinces ... Non pas tant par volonté hégémonique américaine que par manque de confiance des Européens en quête de modèles".
Enfin, Dominique Quinio de La Croix invite à laisser "vivre le rêve" au moins le temps de cette journée d'investiture, mais n'ignore cependant rien de l'éventualité des lendemains qui déchantent.
Certes, il est encore de bon ton de s’enthou-
siasmer pour Barack Obama, le 44e président des Etats Unis qui prête serment mardi. Une fois passé le temps de la campagne présidentielle, celui de la construction du mythe du premier président noir qui n’est en fait qu’un métis visiblement bien clair, et celui de la dithyrambe médiatique qui le présente en nouveau JFK désinvolte, la presse devient tout à coup plus prudente quand viennent les responsabilités. Elle se montre beaucoup plus circonspecte sur sa capacité à satisfaire les énormes espoirs placés en lui dans son pays et ailleurs dans le monde.
Il est vrai qu’il s’est beaucoup exposé aux caméras avec ses filles, comme Sa Cynique Majesté Royal, ou torse nu, comme Villepin, ou en plombier polonais à l’occasion de la journée des résolutions et que logiquement, lorsqu’elle envahit les media outre-atlantique, cette starisation qu’on se plaît à fustiger dans l’hexagone ne peut décemment être louée par les anti-américains primaires.
Les accords des violoneux…
A travers le nuage d’encens, relevons quelques a priori béats. Cette investiture, estime Hervé Cannet de La Nouvelle République du Centre-Ouest, "possède un côté magique, irréel, invraisemblable", car Patrick Fluckiger souligne dans L'Alsace, qu'un "cycle s'achève" et que "Barack Obama peut donner l'impulsion décisive pour en ouvrir un nouveau". Et "De nouveau, Amérique rime avec espoir", ajoute Bruno Dive dans Sud-Ouest.
Ce qui "étonne le plus, Jacques Camus de La République du Centre, c'est qu'il aborde cette épreuve du pouvoir avec un mélange surprenant de calme, de maturité et d'humilité", alors qu'il incarne, selon Françis Lechat (Le Courrier Picard) "pour l'Amérique, comme pour tous les pays du monde, un retour à des valeurs universelles de dialogue et d'humanité".
Des couacs du côté des cuivres……
Il faudra bien à Obama les "deux atouts: un état de grâce unique, et planétaire. Et sa détermination" que Michel Vagner (l'Est Républicain) observe chez le nouveau président. Mais pour le journal communiste (L'Humanité) qui participa à la guerre froide et poursuit la lutte des classes, Patrick Apel-Muller tempère cet enthousiasme par cette interrogation: "Qu'en sera-t-il de l'espérance d'en finir avec la ‘guerre des civilisations’ lancée par George Bush ?"
Plus catégorique encore, Patrick Pépin de Nord Eclair doute que le nouveau Président puisse "dès demain, mettre fin à la guerre qui dure depuis soixante ans au Proche-Orient, à la crise financière mondiale, à l'occupation américaine d'Irak, au scandale de Guantanamo".
Car, "le flamboyant ‘Yes we can’ ... sera durement malmené quand viendra l'heure de la confrontation entre idéalisme et pragmatisme", prévient Daniel Ruiz dans La Montagne.
Dans la même veine, mais avec une indulgence prémonitoire, Yann Marec (Midi Libre) s’angoisse en pensant stupidement qu'Obama "est seul face au chantier du monde. Et ce n'est qu'un homme...". Retour sur terre ?... Mais delà à le voir seul au monde pour faire fasse aux dangers qui planent sur la planète, on est en plein délire. Tout comme Michel Lepinay qui prévoit, dans Paris Normandie qu'il "lui restera, comme les autres, à faire ce qu'il peut". La presse de gauche en a manifestement rabattu. D'autant qu'il "lui faut tenir la barre en pleine tempête", juge Jean Levallois pour La Presse de la Manche. Tous ces réalistes angoissés, qui découvrent la récession et la crise, témoignent-ils de la même lucidité à propos des autres chefs d’état, et du leur en particulier ?
C'est pour cela, que selon Hervé Chabaud (L'Union) "ses cent premiers jours vont être déterminants". Après les promesses, les réalisations, mais les thuriféraires ne sont plus aussi flambants !
Pour des raisons d’ailleurs tout à fait discutables, Jean-Claude Kiefer est plus tranchant encore dans Les Dernières Nouvelles d'Alsace: "Cette ‘Obamania’ universelle a aussi quelque chose d'agaçant. Elle montre toute la suprématie des Etats-Unis, elle ravale nos dirigeants au rang de simples gouverneurs de provinces ... Non pas tant par volonté hégémonique américaine que par manque de confiance des Européens en quête de modèles".
Enfin, Dominique Quinio de La Croix invite à laisser "vivre le rêve" au moins le temps de cette journée d'investiture, mais n'ignore cependant rien de l'éventualité des lendemains qui déchantent.
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